DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 533

5 dec 1870 Nîmes BAILLY_EMMANUEL aa

Votre voeu – Soignez-vous – Le programme d’un journal catholique.

Informations générales
  • DR08_533
  • 4213
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 533
  • Orig.ms. ACR, AI 160; D'A., T.D.31, n.160, pp.159-160.
Informations détaillées
  • 1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 BOURGEOISIE
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 CRAINTE
    1 DEMOCRATIE
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ENERGIE
    1 FRANCHEMENT CATHOLIQUES
    1 NOBLESSE
    1 PARTI
    1 PEUPLE
    1 PREDICATION
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 REPOS
    1 REVOLUTION
    1 SOCIETE
    1 SOINS AUX MALADES
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 COLETTE, AUBAIN
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 MONSCH, CHARLES
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 EUROPE
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Nîmes, le 5 décembre 1870.
  • 5 dec 1870
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Merci de votre bonne lettre. J’en ai lu une partie à la supérieure des Oblates; elle est un peu effrayée(1). Voici ma pensée. Préparez- vous à faire le voeu dont vous parlez pour le 8 déc[embre 18]71. Vous aurez un an pour vous préparer, et elle aussi; alors nous verrons. Ce voeu a de bien grosses épines. Je voudrais que vous pussiez l’étudier dans la Retraite de Bourdaloue, à la considération sur la perfection dans les actions ordinaires de la vie(2). Je vous engage aussi à résister très énergiquement au P. Hippolyte, s’il vous pousse à prêcher. Soignez-vous, chauffez-vous, promenez-vous, donnez de l’élasticité à votre cerveau.

Je voudrais qu’avant de quitter Le Vigan vous fissiez le programme d’un journal catholique, pour paraître le 1er janvier. Il faudrait expliquer: 1° que nous sommes catholiques avant tout; 2° que nous ne sommes pas un parti politique; 3° que nous sommes pourtant un parti politique en ce sens que, comme catholiques, nous voulons notre place au soleil, prêts à tendre la main aux hommes honnêtes de tous les partis, disposés à respecter leurs opinions pourvu qu’ils respectent nos principes. Quant aux formes politiques, nous croyons à d’effrayants bouleversements européens, au triomphe plus ou moins éloigné de la démocratie. Nous voudrions, puisqu’il n’y a plus d’aristocratie, que la bourgeoisie de quelques grands centres nous faisant comprendre ce vers quoi la bourgeoisie il faut surtout s’adresser au peuple (3). On vient de m’interrompre.

Songez à la prédication des idées catholiques à faire pénétrer dans la société. Vous auriez, sans sortir de chez vous, un auditoire qui ne vient pas toujours au sermon, et, peu à peu, avec le style des trois premières pages de votre lettre(4), vous leur feriez avaler bien des choses. Je vous recommande cette idée(5).

Adieu, cher ami. Je prie pour vous du fond du coeur. Recueillez-vous reposez-vous, afin de combattre plus vigoureusement plus tard.

Mille choses à nos Pères viganais.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voici ce que le P. d'Alzon avait lu dans cette lettre du 3 décembre : "J'avais l'intention de vous demander de faire le voeu de perfection; je voulais même vous demander si pour mieux entrer dans vos intentions et avoir encore plus d'unité dans vos oeuvres, selon votre désir, la Mère Emmanuel et moi nous ne ferions pas bien de l'offrir simultanément à Dieu avec cette intention d'obtenir par là les grâces nécessaires pour travailler au bien des âmes, selon vos desseins."
2. Cette considération "Sur la perfection dans nos actions ordinaires" se trouve au premier jour de la retraite de Bourdaloue. Donnons la référence dans une édition assomptioniste ancienne: *La retraite de Boudaloue*, pp. 32-38, Aux bureaux du Pèlerin, 8 rue François Ier, Paris, 1883.
3. La phrase n'a pas de sens, ce qui s'explique par l'interruption signalée immédiatement après (S.Vailhé).
4. Dans les trois premières pages de sa lettre, qui en compte huit, E. Bailly donne des nouvelles du Vigan. Le P. d'Alzon semble en avoir apprécié le style qui est en effet très agréable.
5. Des extraits de notre lettre et de la réponse d'E. Bailly du 28 décembre ont été reproduits par le P. A. COLETTE, *Les origines et les grandes étapes du journal "La Croix"*, pp. 511-513 dans *Pages d'Archives*, 3e série, n° 7 (octobre 1965), pp. 475-570. Dans la réponse du P. Emmanuel nous avons du mal à voir autre chose qu'un exercice de style sur l'utilité d'un journal catholique qui peut faire beaucoup de bien parce qu'il peut atteindre beaucoup de monde. Sur le P. d'Alzon et la presse : Charles MONSCH, *Le P. d'Alzon et les débuts de la Bonne Presse*, pp.281-284, dans *Colloque*, pp. 279-297.