DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 535

19 dec 1870 Nîmes DEHON P.Léon

Tristes nouvelles de Rome – Le peuple du Midi est bon, la bourgeoisie déplorable – La république est mort-née – L’avenir est au peuple – Reconstituer la société chrétiennement – L’abbé Désaire – La Révolution et la Prusse.

Informations générales
  • DR08_535
  • 4215
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 535
  • Orig.ms. Arch. S.C.J.; Photoc. ACR, EA 438.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 ANIMAUX
    1 ASSOCIATION
    1 BOURGEOISIE ADVERSAIRE
    1 BUT DE LA VIE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 EGLISE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
    1 GUERRE
    1 INDEPENDANCE CATHOLIQUE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 MAUX PRESENTS
    1 PAPE
    1 PEUPLE
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 PRESSE
    1 PRISONNIER
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 REPUBLICAINS ADVERSAIRES
    1 REPUBLIQUE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SOCIETE
    1 UNIVERSITE SAINT AUGUSTIN
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 DUGAS
    2 DUGAS, JOSEPH
    2 ESCHBACH, ALPHONSE
    2 FREYD, MELCHIOR
    2 QUENTIN, ABBE
    3 ALSACE
    3 MIDI
    3 PARIS
    3 PRUSSE
    3 ROME
    3 ROME, SEMINAIRE BELGE
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • A MONSIEUR L'ABBE LEON DEHON
  • DEHON P.Léon
  • Nîmes, le 19 déc[embre] 1870.
  • 19 dec 1870
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Votre lettre, mon bien cher ami, a dû mettre 10 jours pour me parvenir. Datée du 7, elle ne m’est parvenue que le 17, et le 19 au matin je prends la plume pour vous répondre(1). Hier m’arrivaient les plus tristes nouvelles de Rome par l’abbé Quintin(4). Ils ne sont plus que trois élèves au Séminaire français, s’attendant à toutes sortes de catastrophes. La veille du jour où il m’écrivait, le supérieur du séminaire belge avait été jeté sur le pavé d’un coup de pierre, il n’en est pourtant pas mort. L’abbé Quintin prétend que les journaux ne disent pas le quart des abominations que l’on voit. Le P. Freyd et le P. Es[ch]bach sont depuis deux mois en Alsace.

Il est bien douloureux de penser que nous ne pouvons prévoir quand cela finira.

Que vous dire du Midi? Le peuple est bon, la bourgeoisie déplorable. Aussi est-ce sur le peuple que je cherche à m’appuyer, et j’espère en venir à bout.

La république est mort-née par la faute des républicains qui ont fait tout ce qu’ils ont pu pour la tuer. Et malgré cela, quand je vois la vie sérieuse réfugiée chez le peuple, je me dis que c’est au peuple qu’appartient l’avenir. Aussi je m’occupe activement de former une association pour la défense de l’Eglise catholique(2) dont les statuts seront un système d’efforts pour obtenir l’indépendance du Saint-Siège, le droit de l’Eglise de posséder, la liberté d’enseignement, la liberté d’association. Il faut absolument que nous arrivions à un ordre nouveau et que nous reprenions la société par fragments pour la reconstituer chrétiennement et catholiquement dans son ensemble.

L’abbé Desaire vous a écrit il y a une quinzaine de jours, vous devez enfin avoir reçu sa lettre. Vous devez être content de lui. Ses élèves en sont ravis et il me paraît très satisfait de ses élèves. Je crois qu’il pose de bons fondements et qu’il trouve parmi ses auditeurs des auxiliaires futurs de son oeuvre.

Il est tout naturel que vous ne puissiez venir en ce moment, mais souvenez-vous qu’au moment de reprendre les études à Rome, il sera très important d’être prêts pour faire front, ce qui devra être fait.

Adieu, bien cher ami. La Révolution et la Prusse sont deux mules accouplées pour tracer des sillons où l’Eglise jettera ses profondes semences; elles seront fécondes aussi, si les semeurs sont intelligents et prêts pour l’oeuvre de Dieu(3).

……

A l’instant je reçois des lettres de Paris du 16. J’y vois que Paris a encore des provisions pour longtemps et que l’on trouve en général qu’il ne manque qu’un homme.

Exoriens – aliquis.

Adieu pour la seconde fois. Je ne puis vous dire combien je vous suis tendrement attaché en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Depuis le 29 on n'a plus de nouvelles de l'abbé Dugas. Son frère a été fait prisonnier.1. Cette lettre n'est pas conservée.
2. Voir *Lettre* 3867, n.3.
3. Les points qui suivent sont dans le texte.
4. Erreur de lecture (édit. t.VIII, p.536) pour *Quentin* (note ajoutée le 18 juin 1996).