DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 543

30 dec 1870 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Voeux – L’affaire du Bourget – Nous reprenons le dessus – Braillards, criards, fuyards du Midi – Bretons et Alsaciens – Une France catholique se refait – Wurtembourgeois et Prussiens – Prions beaucoup.

Informations générales
  • DR08_543
  • 4226
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 543
  • Orig.ms. ACR, AG 281; D'A., T.D.27, n.276, pp.229-230.
Informations détaillées
  • 1 ADVERSAIRES
    1 ANTIPATHIES
    1 APOSTOLAT
    1 ARMEE
    1 CATHOLIQUE
    1 CHATIMENT
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 FILS DE L'EGLISE
    1 GUERRE
    1 INTEMPERIES
    1 MENSONGE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PRESSE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 SAINTS
    1 SUBSIDES
    1 SUFFISANCE
    1 TIEDEUR
    1 VACANCES
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CHANZY, ALFRED
    2 DEMIANS, PAULE
    2 FERRET, JULES
    2 GUILLAUME I, EMPEREUR
    2 KETTELER, WILHELM-EMMANUEL VON
    2 MERIGNARGUES, AMEDEE DE
    2 PERIER-MUZET, JEAN-PAUL
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 ALLEMAGNE
    3 ALSACE
    3 BEAUGENCY
    3 BOURGET, LE
    3 BRETAGNE
    3 FRANCE
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 LYON
    3 MIDI
    3 MONGRE, COLLEGE
    3 NIMES
    3 PRUSSE
    3 SAINT-DIZIER
    3 WURTEMBERG
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 30 décembre [18]70.
  • 30 dec 1870
  • Nîmes
La lettre

Eh bien, cher ami, voilà l’an 1870 qui touche à sa fin. Que Dieu fasse de vous deux de très grands saints, pendant l’année qui suivra! Vous présenterez, si vous le jugez à propos, mes voeux à Mgr de Ketteler. Vous avez désiré une lettre de Bernard. En voici une du 20. Je vous adresse l’original, après l’avoir fait copier pour le P. Emmanuel. J’en joins une du 12, arrivée après -les ballons sont capricieux.

J’ai reçu ce matin des lettres du P. Picard et du Fr. Jules, tous deux furieux de ce qu’on n’agit pas. [Le] P. Picard est d’une imprudence consommée. A l’affaire du Bourget, il est allé au milieu des balles causer avec les soldats, couchés dans les fossés pour se cacher(1). Nous avons eu ici, cette nuit, 13 degrés. En ce moment, 2 heures après-midi, il dégèle assez ferme, mais le soleil disparu il regèlera.

Si vous voulez avoir l’impression générale, c’est que nous commençons à reprendre le dessus. Notre artillerie devient meilleure que celle de l’ennemi, telle est l’opinion universelle(2). Le Midi pourtant a peu de quoi se vanter. Nous avons des braillards, des criards et des fuyards; mais la Bretagne est admirable, l’Alsace envoie des hommes se former à Lyon. N’est-ce pas merveilleux? 3.000 Alsaciens occupent le collège de Mongré. On prétend que les victoires que s’attribue Guillaume sont des mensonges ou des demi-vérités. Chanzy, dans une protestation à son adversaire, lui dit carrément: « Vous savez bien que je vous ai battu »(3). Malheureusement les mobiles ne sont pas tous très solides.

Enfin, ma très profonde conviction est que, sous la couche révolutionnaire, une France catholique se refait. Nous y contribuerons autant qu’il dépendra de nous. Vous y contribuez, vous, par vos confessions. Nous aurons, certes, beaucoup à faire, mais je crois que Dieu ne nous laissera d’adversaires, fils de la révolution, que ce qu’il faudra pour exciter le zèle des fils de l’Eglise. L’antipathie entre les nations alliées(4) s’accentue de jour en jour. Le maire de Saint-Dizier, de passage à Nîmes, me disait qu’il avait vu 20 à 25 officiers wurtembergeois, arrivés de l’avant-veille, forcer des officiers prussiens, arrivés le matin, à quitter la salle à manger et aller dîner à la cuisine. Ce fait n’a pas été cité par les journaux, mais on en cite d’autres du même genre. Aussi je crois qu’il faut beaucoup prier. Peu à peu Dieu nous donnera ce qu’il nous réserve pour notre mission de propagateurs de la vérité.

Les enfants vont me souhaiter la bonne année; je la leur souhaiterai aussi et les enverrai sans trop de peine passer quelques jours chez eux. Adieu, cher ami. Prions, prions beaucoup. Notre-Seigneur, je vous assure, est plein de miséricorde, même dans ses plus sévères châtiments. Avez-vous reçu 2.250 francs? Que Dieu nous permette de nous revoir avant la fin de l’année prochaine!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Amédée de Mérignargues(5) allait bien.1. Nous n'avons pas retrouvé la source de cette information.
2. C'est en tout cas celle de Jules Ferret (lettres du 24 et du 26 décembre).
3. A Beaugency (7-10 décembre).
4. Qui constitueront bientôt l'empire d'Allemagne.
5. Ancien élève du collège de Nîmes (1851-1861). Le P. J.-P. Périer-Muzet a découvert en 1993 aux Archives du Gard, dans le fond "De la Tour-de Larcy", le discours prononcé par le P. d'Alzon, le 23 avril 1873, au mariage d'Amédée de Mérignargues et de Paule Démians. Ce discours est le seul du genre qui nous reste du P. d'Alzon.