DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 26

21 mar 1871 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Pouvez-vous me fournir quelques orphelins ? – Le prospectus de la *R.E.C.* est fait – La *Gazette de Nîmes* nous fait des avances – Le rapport du P. Picard – Trouvez des vocations !

Informations générales
  • DR09_026
  • 4254
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 26
  • Orig.ms. ACR, AG 284; D'A., T.D.27, n.279, pp.233-234.
Informations détaillées
  • 1 COMMUNE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CULTURES
    1 DECADENCE
    1 GUERRE CIVILE
    1 MAUX PRESENTS
    1 ORPHELINATS
    1 ORPHELINS
    1 PRESSE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 UNIVERSITES D'ETAT
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAUDRILLART, ALFRED
    2 CLEMENT-THOMAS, JACQUES
    2 HULST, MAURICE D'
    2 LECOMTE, CLAUDE-MARTIN
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 Belleville, PARIS, BELLEVILLE
    3 FRANCE
    3 MONTMAU
    3 NIMES
    3 PARIS
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, le 21 mars 1871.
  • 21 mar 1871
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Cher ami,

Vous êtes enfin à Paris. J’espère que les Bellevillois ne vous auront pas pendu. C’est pourquoi je viens vous faire une proposition. Serait-il possible de se procurer quelques orphelins de la guerre. Il me semble que ce devrait être facile; et dans ce cas, pourriez-[vous] m’en fournir quelques-uns? Il s’agirait de vrais orphelins, de père et de mère. Il me paraît que l’on pourrait en prendre à Montmau; ce serait pour la culture des champs. Il y a assez d’orphelinats dans les villes, je voudrais en transporter à la campagne. C’est peut-être une illusion, mais cette idée me paraît excellente.

Que vous dirai-je de Nîmes! Qu’il est toujours à la même place; que le prospectus de la Revue d’enseignement chrétien est fait(1); que la Gazette de Nîmes nous fait des avances; que les protestants s’arment tant qu’ils peuvent; que peu à peu les gens se convertissent et se pervertissent, de façon que les deux camps se tranchent tous les jours un peu plus.

J’attends le rapport du Père Picard, dites-le lui. J’attends des détails sur l’état de Paris, etc(2). Adieu, et tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Occupez-vous de nous trouver des vocations.1. Dans ce prospectus le P. Alzon déclare la guerre à l'Université rendue reponsable des malheurs de la France. "La tentation devait être grande, note Mgr Baudrillart, de rejeter sur l'éducation universitaire la responsabilité du désarroi moral, et par conséquent pour une part, des malheurs de la France. Les catholiques n'y manquèrent pas; certains dépassèrent la mesure, ce qui n'était pas plus conforme à l'habileté qu'à la justice" (A.BAUDRILLART, *Vie de Mgr d'Hulst*, I, p.295, 2e éd., Paris, 1912).
2. "La situation de Paris est des plus graves, écrira le P. Picard le 26 mars, [...] la Commune sera proclamée ce soir [...] sans l'intervention de Dieu le sang va couler, on dit la liste des proscriptions ouverte, on vient de m'avertir que mon nom figure parmi les quinze premiers [...] Je vais prendre quelques heures pour rédiger le rapport et vous l'envoyer, peut-être sera-t-il mon testament." Le surlendemain, profitant d'une occasion, il expédiera son rapport sur la Ligue, "ce n'est ni un modèle de style, ni un modèle de concision [...]. Je me suis appliqué à être un rapporteur fidèle, sans m'attacher à l'ordre suivi et aux détails de la conversation."
Le P. Bailly était rentré à Paris le 18 mars, le jour-même de l'affaire des canons et de l'assassinat des généraux Lecomte et Clément Thomas. Le P. Picard était arrivé le 22. Le 26, les électeurs parisiens élirent le *Conseil général de la Commune de Paris*. Thiers avait fait abandonner Paris sans combat et les insurgés étaient maîtres de la capitale mais un second siège allait bientôt commencer.