DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 42

4 may 1871 Montpellier PLANTIER Mgr

Sa mission à Montpellier.

Informations générales
  • DR09_042
  • 4270
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 42
  • Cop. du P. Vailhé ACR, BA 31, d'après une copie du P. Emmanuel Bailly (non retrouvée) faite en 1890 sur l'original alors aux Archives de l'Evêché de Nîmes.
Informations détaillées
  • 1 AUMONIER
    1 CHAIRE
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 COMPORTEMENT
    1 CONVERSATIONS
    1 DECRETS
    1 EGLISE
    1 ETOLE
    1 EVECHES
    1 JOIE
    1 MALADIES MENTALES
    1 PAIX DE L'AME
    1 PAPE
    1 PRETRE
    1 RESPECT
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 TRISTESSE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VICAIRE GENERAL
    2 COMBAL, PAUL-MATTHIEU
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 PIERRE, SAINT
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SOULAS, ANDRE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 FRANCE
    3 MARSEILLE
    3 MONTPELLIER
    3 MONTPELLIER, EGLISE SAINT-CHARLES
    3 ROME
  • A MONSEIGNEUR PLANTIER, EVEQUE DE NIMES
  • PLANTIER Mgr
  • [Montpellier, 4 mai 1871].
  • 4 may 1871
  • Montpellier
La lettre

Monseigneur,

Voici le résultat de ma mission; je le crois satisfaisant. Mardi, je me présentai vers une heure chez Mgr de Montpellier. Je trouvai dans le premier salon ses deux grands-vicaires et son secrétaire. Il sortit de son cabinet au bout d’un moment et m’y introduisit; je lui remis le pli dont vous m’aviez chargé. Il me demanda le contenu que je lui dis. Il se plaignit de votre conduite et de celle de Rome, qui ne l’avait pas prévenu. Je répondis très peu, faisant observer que j’étais chargé d’une commission et non d’une controverse. -« Que dois-je faire me demanda-t-il. -Monseigneur, je n’ai pas de conseil à vous soumettre, mais vous pouvez ou faire un acte de soumission, comme l’évêque de Marseille, ou vous abstenir, et alors je publierai moi-même le décret. » -Il ne dit rien là-dessus.- « Seulement, poursuivit-il, il y a une grande injustice. Que vont devenir les trois prêtres placés là? -Monseigneur, c’est bien simple; veuillez me dire le temps que vous voulez que ces Messieurs restent là. Ils y resteront après que j’aurai établi les choses selon le décret. -J’ai besoin d’un mois. -Eh bien, Monseigneur, va pour un mois. (Le soir même, ils étaient changés et n’ont plus donné signe de vie). Monseigneur, ajoutai-je, vous parlez de trois prêtres; le troisième est probablement l’aumônier de la colonie. Le décret ne parle pas de cet établissement; que désirez-vous faire? -Ah! puisque Monseigneur de Nîmes se charge des missionnaires, qu’il prenne les Soeurs, qu’il prenne la colonie; je ne m’y oppose pas, je les lui laisse. -C’est bien, Monseigneur, je transmettrai vos intentions à mon évêque. -Vous comprenez, dit-il en finissant, que je n’ai qu’à me soumettre, mais votre mission est bien pénible.- Oui, Monseigneur, et c’est pour cela que je souhaite ne pas la prolonger ».

Je me levai et pris congé de lui. Ceci dura de 20 à 25 minutes.

Ce matin, service anniversaire de la mort de M. Soulas, je suis monté en chaire avec l’étole violette. J’ai dit que la tristesse et la joie se partageaient mon âme; la tristesse de contrister un évêque, mais que ma mission avait été adoucie par le grand exemple d’obéissance qu’il m’avait donné; la joie, à cause de l’acte de justice accepté par le Souverain Pontife, acte qui pour l’Eglise de France était le plus important depuis cinquante ans, mais que le père commun des fidèles avait tendu la main à une Congrégation menacée, comme Notre-Seigneur à saint Pierre. J’ai fait observer que la publication du décret était indispensable en face d’une nouvelle situation de l’église Saint-Charles, et que j’avais cru plus respectueux de donner lecture d’une traduction du décret que d’en faire une analyse soumise à diverses interprétations.

On a eu la bonté de trouver que mon calme, mon respect pour l’évêque, ma clarté avaient produit un bon effet(1).

On m’a interrompu et je veux que cette lettre parte dans un moment.

Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage de ma respectueuse affection.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
M. Combal m'a assuré que l'*individu* est toqué.1. Lire le récit de cette affaire dans VAILHE, *Vie* II, pp. 487-489.