DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 45

7 may 1871 Lavagnac PICARD François aa

Rudes névralgies – Votre poste à Paris – Les élections des Conseils municipaux – Les principes – L’affaire de Montpellier.

Informations générales
  • DR09_045
  • 4273
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 45
  • Orig.ms. ACR, AE 370; D'A., T.D.25, n.370, pp.315-316.
Informations détaillées
  • 1 CHAIRE
    1 DECRETS
    1 DISTRACTION
    1 EDUCATION
    1 EGLISE
    1 ELECTION
    1 EPREUVES
    1 FATIGUE
    1 FIDELES
    1 FONCTIONNAIRES
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 LANGUE
    1 LATIN LITURGIQUE
    1 MALADIES
    1 PASSIONS
    1 PLANTES
    1 POLITIQUE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PRISONNIER
    1 RECONNAISSANCE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SALUT DES AMES
    1 SOUFFRANCE
    1 VERITE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 COMBAL, PAUL-MATTHIEU
    2 DARBOY, GEORGES
    2 DARBOY, JUSTINE
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SOULAS, ANDRE
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 FRANCE
    3 MONTPELLIER
    3 MONTPELLIER, DIOCESE
    3 MONTPELLIER, EGLISE SAINT-CHARLES
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, CONCIERGERIE
    3 PARIS, PRISON SAINT-LAZARE
    3 ROME
    3 VERSAILLES
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Lavagnac, le 7 mai 1871.
  • 7 may 1871
  • Lavagnac
  • *Le Révérend Père François.*
La lettre

Mon bien cher ami,

Je viens de passer un mois avec d’assez rudes névralgies; ce qui m’a empêché de vous écrire, comme je l’aurais voulu. On m’a même envoyé ici, parce que Combal prétend que je dois vivre de la vie végétative. Ce qui est sûr, c’est que je suis assez fatigué. Mais vous, mon cher ami, qui êtes exposé à toutes les épreuves possibles, que vous devez souffrir! Nous prions bien pour vous, et cependant je ne puis m’empêcher de me réjouir de ce que vous et le P. Vincent de Paul avez pu rester à un poste douloureux, mais qui avait bien ses consolations. Vous savez que les élections des Conseils municipaux sont en général détestables(1). C’est, je le crois, une habileté de Thiers, qui veut faire sentir à la France qu’il est son maître, et à la majorité de Versailles qu’elle n’a qu’à se bien tenir, si elle ne veut pas être jetée par les fenêtres. Au milieu de tout cela, je n’aperçois que des passions; le terrain des principes est de plus en plus abandonné. Il nous faut une génération renouvelée, et pour cela il nous faut une éducation transformée.

Mais comme je veux vous distraire un peu, voici ce qui s’est passé. Le Pape a ôté par un décret la juridiction de l’église Saint-Charles et des missionnaires de M. Soulas à l’évêque de Montpellier et l’a accordée à l’évêque de Nîmes,avec faculté de me subdéléguer. De façon que, mardi dernier(2) j’allai trouver l’évêque de Montpellier pour lui remettre le décret. Il fut très bien. Le surlendemain(3), je lus ce décret en chaire à Saint-Charles, en français et en latin, et j’installai les missionnaires immédiatement. Je crois que pour l’Eglise de France cet acte est le plus considérable qui se soit accompli depuis cinquante ans. Le soir, arrivait de Rome un Bref aux membres du cercle catholique dirigé par les missionnaires, pour charger le président de remercier les fidèles du diocèse de Montpellier de leurs très nombreuses adresses. Et de l’évêque? Pas un mot.

Les détails que vous me donnez sur Paris sont des plus intéressants. Je vous félicite du service rendu à Virginie(4). Il faut continuer, puisque Dieu vous protège. Quant à moi, je suis persuadé que si nous sommes fidèles à la volonté de Dieu, nous obtiendrons la grâce d’exercer la plus heureuse action pour le salut des âmes. J’ai la conviction que, plus que personne, nous sommes dans le vrai; c’est énorme, si ce n’est pas tout. Ma névralgie me reprend. Je vous laisse.

Adieu. Mille tendresses au P. V[incent] de P[aul].

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Elles ont eu lieu le 30 avril.
2. C'est-à-dire le 2 mai.
3. Le 4 mai.
4. Par l'intermédiaire d'une de ses pénitentes, le P. Picard avait pu obtenir l'élargissement de la soeur de l'archevêque de Paris (Virginie, on s'en souvient, est le surnom de l'archevêque). Mlle Darboy fut libérée le 28 avril alors qu'elle venait d'être transférée à Saint-Lazare après trois semaines passées à la Conciergerie (lettre de Picard du 28 avril).