DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 54

15 may 1871 Lavagnac PLANTIER Mgr

L’affaire de Montpellier.

Informations générales
  • DR09_054
  • 4280
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 54
  • Cop. du P. Vailhé ACR, BA 36, d'après une copie du P. Emmanuel Bailly (non retrouvée) faite en 1890 sur l'original, alors aux Archives de l'Evêché de Nîmes.
Informations détaillées
  • 1 AUTORITE PAPALE
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 CONCORDATS
    1 CONFESSEUR
    1 CONSPIRATION
    1 DECRETS
    1 EVEQUE
    1 EXEMPTION
    1 JOIE
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 LATIN LITURGIQUE
    1 PARLEMENT
    1 POLITIQUE
    1 PRISONNIER
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CARAYON-LATOUR, JOSEPH DE
    2 CHAMBORD, COMTE DE
    2 CHOLVY, GERARD
    2 DURAND, PIERRE-CESAR
    2 GINOULHIAC, JACQUES-MARIE-ACHILLE
    2 JOURDE, ANTOINE
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PITRA, JEAN-BAPTISTE
    2 REYNIS, JEAN-MARIE
    2 ROQUEPLANE, JACQUES-HENRI
    2 VAILHE, SIMEON
    3 CARCASSONNE
    3 FRANCE
    3 LYON
    3 MONTPELLIER, EGLISE SAINT-ROCH
    3 NIMES
    3 OLONZAC
    3 ROME
    3 ROME, VATICAN
  • A MONSEIGNEUR PLANTIER, EVEQUE DE NIMES
  • PLANTIER Mgr
  • Lavagnac, le 15 mai 1871.
  • 15 may 1871
  • Lavagnac
La lettre

Monseigneur,

Je vous avais préparé une rédaction latine de ce que j’ai fait comme votre subdélégué, mais j’espère avoir quelqu’un demain pour la copier lisiblement. Permettez-moi d’ajouter quelques détails intimes.

Avant tout laissez-moi vous dire que l’abbé Jourde, arrivé hier de Rome, venu ce matin ici, m’a appris que le Pape avait eu un épanouissement de joie quand il a su que vous acceptiez le titre de visiteur apostolique. C’est lui qui avait exigé que l’on vous consultât avant de vous donner cette mission. Le cardinal Pitra m’a écrit dans un mouvement de bonheur et m’a dit: « Monseigneur de Nîmes doit être fier de s’associer à cet acte de vigueur pontificale. Il a été bien inspiré d’accepter et j’ai bien compté, pour ma part, qu’il n’aurait pas un moment d’hésitation »(1).

A Rome, on voulait interdire M. Reynis, curé de Saint-Roch, pour sa mauvaise foi et menacer l’évêque de Montpellier de censures. On a préféré venir d’abord en aide aux missionnaires, mais on est résolu à agir très vigoureusement. Seulement on veut prendre l’homme dans ses propres filets; on veut le forcer à donner sa démission, mais pas encore(2). L’évêque de Carcassonne a été prévenu qu’il allait recevoir mission d’arranger l’affaire d’Olonzac.

La lettre du cardinal Pitra se termine ainsi: « On attend impatiemment que les évêques commandent des supplications générales et solennelles pour la France, et fassent un énergique appel à l’Assemblée pour le prisonnier du Vatican ».

Mais je reviens aux Soeurs de Bon-Secours. Je crois que la question du confesseur de la colonie est très grave et qu’il ne faut pas se mettre dans un mauvais cas(3). Je connais un prêtre du diocèse de Montpellier qui a quarante-deux ans, si je ne me trompe. L’évêque vient de le décharger de sa cure sur une demande motivée. Ce prêtre est pieux, intelligent; il jouit de 3.000 ou 4.000 livres de rentes. S’il voulait accepter, ce serait la perfection. L’abbé de Cabrières, son ancien camarade à l’Assomption, vous en parlera. Il s’appelle Roqueplane(4). Ce garçon ne s’est jamais démenti un instant.

L’archevêque de Lyon et le fameux abbé Durand avaient applaudi au décret, au premier moment. A présent, j’apprends qu’il se forme une petite conspiration qui voudrait protester au nom des articles organiques. Peut-être la lettre du comte de Chambord détournera- t-elle. Les gens qui agissent au nom de la politique pèseront évidemment les chances que cette pièce si remarquable peut avoir de devenir un programme religieux(5).

Voilà, Monseigneur, ce que je voulais vous dire pour aujourd’hui.

Veuillez agréer, je vous prie, l’hommage de mes plus tendres respects.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Les Soeurs de Bon-Secours ont leur seconde approbation.1. Lettre du 10 mai 1871.
2. Encore deux ans et Rome aura sa victoire. A ce sujet voir Gérard CHOLVY, *art.cité*, dans *Revue d'Histoire ecclésiastique*, 69 (1974), pp. 735-759.
3. Dans sa copie, le P. Vailhé a fait suivre ce mot d'un point d'interrogation.
4. Henri Roqueplane, élève à l'Assomption de 1845 à 1850. Anatole de Cabrières le fut de 1844 à 1849.
5. La lettre du 8 mai du comte de Chambord au comte de Carayon-Latour, député d'extrême droite, se terminait ainsi : "La parole est à la France et l'heure est à Dieu". Le comte de Chambord était profondément religieux, mystique même, très hostile aux catholiques libéraux.