DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 68

25 may 1871 Lavagnac PICARD François aa

Convertir Belleville et Montmartre – Réfléchissez à ce que nous pourrions faire.

Informations générales
  • DR09_068
  • 4296
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 68
  • Orig.ms. ACR, AE 371; D'A., T.D.25, n.371, p.317.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 EVANGELISATION DES PAUVRES
    1 GUERRE CIVILE
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 IMMEUBLES
    1 JEUNES RELIGIEUX
    1 MAUX PRESENTS
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 ORPHELINATS
    1 OUVRIER
    1 PRISONNIER
    1 REPOS
    1 SALUT DES AMES
    1 SUFFISANCE
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DARBOY, GEORGES
    2 FRANCOIS, CHARLES
    2 HALLUIN, HENRI
    2 LHERISSON, CLAUDE
    2 MARTIN, VITAL
    3 ARCUEIL
    3 ARRAS
    3 BABEL
    3 Belleville, PARIS, BELLEVILLE
    3 MONTMAU
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, LE LOUVRE
    3 PARIS, MINISTERE DE LA GUERRE
    3 PARIS, MONTMARTRE
    3 PARIS, PALAIS DES TUILERIES
    3 PARIS, PALAIS ROYAL
    3 PARIS, PRISON LA GRANDE ROQUETTE
    3 PARIS, RUE ROYALE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Lavagnac, 25 mai 1871.
  • 25 may 1871
  • Lavagnac
La lettre

Mon cher ami,

Je voudrais bien vous écrire longuement, et ma main aujourd’hui semble s’y refuser. Pourtant, les affreuses choses qui viennent de se passer doivent nous donner à réfléchir. Savez-vous ce qui me préoccupe? C’est la conversion de Belleville et Montmartre. Si les archevêques de Paris s’en étaient occupés, nous n’en serions pas où nous en sommes. Le P. Halluin ne verrait-il pas la possibilité de faire quelque chose en ce sens? Avec les relations qu’il a avec plusieurs ouvriers dans Paris, ne pourrait-on pas opposer association à association et faire une vaste Internationale catholique? Le P. Halluin entrerait-il dans cette idée? Ou ne veut-il s’occuper que de son orphelinat? Examinez attentivement. Hier encore, ici, le Frère Charles me disait qu’il préférait s’occuper des pauvres que des riches.

Voyez un peu. Des gens comme le Frère Claude, fils d’un ouvrier de Nîmes, devraient s’intéresser au peuple, si une sotte vanité ne l’étouffait pas. J’en dirais de même du Frère Vital. De plus, j’estime que les orphelinats peu nombreux et à la campagne doivent faire un très grand bien. Ici par exemple, où les bras manquent, on pourrait faire des prodiges à mon avis.

Je vous supplie: 1° de sonder le P. Halluin; 2° les jeunes religieux; le P. Halluin, pour son savoir s’il pourrait nous donner des idées pour la conversion du peuple; les jeunes religieux pour les sonder sur leurs aptitudes. Enfin, examinez autour de vous avec le P. Vincent de Paul et M. Bernard Bailly, il me paraît que vous pourriez faire des merveilles(1). Profitez de votre séjour à Arras pour y penser. Un peu de repos vous est nécessaire; prenez-le, si vous croyez le rendre fécond par des réflexions que le repos seul inspire. Si l’on a brûlé tant d’édifices, aura-t-on épargné les prisonniers(2)? J »en doute, et alors que de places vides à remplir, et aussi quel nouveau système à inaugurer!

Adieu, et mille fois vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La conversion du peuple tient vraiment à coeur au P. d'Alzon qui est pressé de passer à l'action en exploitant tout ce qui lui paraît être un atout pour une telle entreprise : l'origine populaire de certains religieux, l'expérience acquise par le P. Halluin au milieu de ses orphelins, l'intérêt familial des Bailly pour les pauvres. - En ce qui regarde les possibilités de la maison d'Arras pour une telle action, le P. Picard se montrera assez sceptique. Dans l'état actuel des choses, dit-il au P. d'Alzon, "vous ne pouvez guère espérer puiser dans cette oeuvre les hommes formés pour exercer de l'influence sur les classes ouvrières".
2. "Paris est en feu, les Tuileries, le Louvre, le Palais Royal, la rue Royale, le ministère de la guerre, etc... sont consumés. Babel périt. On parle ce matin du massacre des prisons, l'archevêque et tous les prêtres auraient été tués cette nuit" (Picard au P. d'Alzon, 25 mai). A Mgr Darboy et aux victimes de la veille, il faut ajouter les Dominicains d'Arcueil et les membres du personnel du collège passés par les armes en cette journée du 25 mai. Le lendemain ce sera le tour des 50 otages de la Grande-Roquette.