DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 95

20 jun 1871 Nîmes BRICHET CSSp

L’archevêque de Lyon et l’affaire de Montpellier – La procession de Montpellier – L’évêque aurait demandé Paris.

Informations générales
  • DR09_095
  • 4326
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 95
  • Orig.ms. ACR, AN 178; D'A., T.D.39, n.3, pp.105-106.
Informations détaillées
  • 1 ARCHEVEQUE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 COLERE
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 DECRETS
    1 GALLICANISME
    1 NOBLESSE
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 PROCESSION LITURGIQUE
    2 GINOULHIAC, JACQUES-MARIE-ACHILLE
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 SIMON, JULES
    3 FRANCE
    3 MONTPELLIER
    3 PARIS
  • AU PERE BRICHET
  • BRICHET CSSp
  • Nîmes, le 20 juin 1871.
  • 20 jun 1871
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Bien cher Père,

Puisque vous avez la bonté de me faire donner un renseignement, permettez-moi de vous donner, avec prière de vous en servir en remettant ma lettre à qui de droit, les explications suivantes:

1° Que l’archevêque de Lyon(1) était à Montpellier dans sa famille, au moment où j’exécutai le décret de la Sacrée Congrégation. C’est si incontestable que je demandai son adresse, ayant eu un moment la pensée d’aller le voir.

2° Il est non moins incontestable qu’en apprenant le contenu du décret, il s’écria: « C’est bien fort, mais l’évêque n’a que ce qu’il mérite ». Le mot m’a été répété par plusieurs personnes, à qui il l’aurait dit.

3° Deux ou trois jours plus tard, il revint sur ce qu’il avait dit et fit observer que cela portait bien atteinte à certains privilèges de l’Eglise de France. Je ne cite qu’en gros, mais ce qui me prouve la vérité du regret manifesté, c’est que plusieurs personnes qui me le répétaient étaient peinées qu’il eût paru changer d’avis; elles eussent préféré qu’il fût resté sous sa première impression.

Qu’il soit allé voir l’évêque de Montpellier, je ne puis l’affirmer; mais qu’il y ait eu chez quelques-uns une certaine agitation contre le décret, que l’on a appelé un abus de pouvoir, ceci est très certain encore. Aujourd’hui, tout le peuple est enchanté. Dans les classes supérieures peut-être quelques personnes sont pour l’évêque, quoique mercredi dernier il se soit coulé aux yeux de ses partisans. Il ordonne une procession générale de pénitence, il convoque toutes les autorités, et, au moment de la rentrée, il dispense ces mêmes autorités et la masse d’hommes qui le suivaient d’entrer dans l’église; il s’en retourne à l’évêché, chargeant un de ses grands vicaires de donner la bénédiction. J’étais à Montpellier et j’ai été témoin de l’irritation universelle. Pour couronner, Jules Simon fait des gorges chaudes d’une lettre qu’il a reçue du même prélat pour demander, comme le plus digne, l’archevêché de Paris.

Mille fois votre, cher Père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mgr Ginoulhiac était originaire de Montpellier.