DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 103

8 jul 1871 L'Espérou TERTIAIRES|GERMER_DURAND_CECILE

Invitation à venir à l’Espérou où les Oblates vont fonder une école – Que cet exemple vous porte à vous sanctifier.

Informations générales
  • DR09_103
  • 4332
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 103
  • Orig.ms. ACR, AL 162; D'A., T.D.34, n.128, pp.268-270.
Informations détaillées
  • 1 ASSISTANCE A LA MESSE
    1 AUSTERITE
    1 BOIS ET FORETS
    1 CHAPELLE
    1 CHARITE APOSTOLIQUE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
    1 FLEURS
    1 HUMILITE
    1 INTEMPERIES
    1 MAITRISE DE SOI
    1 MESSE DE MINUIT
    1 MINISTRES PROTESTANTS
    1 NOTRE-DAME DE L'ESPEROU
    1 OBLATES
    1 OEUVRES MISSIONNAIRES
    1 ORPHELINS
    1 PELERINAGES
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 REPAS
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SAINTE VIERGE
    1 SAINTS
    1 SALUT DES AMES
    1 SERMONS
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 TRANSPORTS
    1 VACHES
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 COUTEAU
    2 DUPONT
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 PAIRE
    2 PIALOT
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 ESPEROU, L'
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
  • AUX DAMES TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION DE NIMES
  • TERTIAIRES|GERMER_DURAND_CECILE
  • De l'Espérou, 8 juillet [18])71, veille de [la] solennité des Prodiges de la Sainte Vierge.
  • 8 jul 1871
  • L'Espérou
La lettre

Emmanuel d’Alzon, serviteur des servantes de Dieu qui se réunissent chez Madame Durand, aux dites pieuses personnes Tertiaires de l’Assomption, Enfants de Marie, etc., Salut en Notre-Dame de l’Espérou.

Voilà quelques heures que je me trouve au milieu des montagnes, et je suis monté sur ces sommets élevés en votre compagnie, par la pensée et par le coeur, bien entendu, mes très chères filles. Je pensais à ce que je devais demander pour toutes en général, et pour chacune en particulier. Je me disais que si les unes étaient plus maîtresses de leur imagination, d’autres moins rêveuses, celles-ci plus énergiques, celles-là plus laborieuses, toutes plus surnaturelles, vous composeriez un véritable nid de saintes, et je me demandais pourquoi vous ne l’étiez pas encore devenues.

Moi-même, très peu surnaturel, je me figurai, dans une bonne voiture, que je vous faisais contempler toutes les beautés de la nature, qui, pour être plus stérile que dans la plaine, n’en a pas moins des horizons ravissants. Et la vue des rochers, des bois, des prairies, des vaches, des cascades me faisait oublier l’affaire de votre sanctification, à laquelle je reviendrai, après vous avoir parlé de la voiture qui m’a porté et de la voiture que je vous souhaite pour venir. Donc j’étais en voiture découverte, et, malgré quelques rayons de soleil, je ne crois pas qu’on puisse savourer le parfum des fleurs, le pittoresque des points de vue, l’immensité des horizons mieux qu’en véhicule découvert, à moins que vous ne préfériez venir à cheval ou à pied, ce qui est bien plus découvert encore.

Si vous venez -ce qui est hors de doute- il vous faut partir à 3 heures du matin, à moins que vous ne préfériez partir le soir et coucher habillées sur du foin, ce qui aurait bien son côté original. En partant à 3 heures, vous arriveriez à 9 et vous auriez la messe. On vous donnerait à déjeuner. Celles qui voudraient prier encore le pourraient. Vous repartiriez à 3 heures et vous seriez, à 7, à Rochebelle. Celles qui voudraient faire la course en partie à pied feraient bien de réserver leurs forces pour le retour, ce serait moins fatigant, et elles pourraient prendre un autre chemin.

Mais vous ne connaissez pas les projets du P. Hippolyte? Il prétend, avant un mois, avoir une école à l’Espérou. Deux Oblates y sont destinées. Ce sera d’autant plus heureux que les protestants y ont un maître d’école, tandis que le curé a la promesse que si les Soeurs viennent on aura des petites huguenotes et même des petits huguenots. Notez que ces filles auront un grand mérite. Cette année, le curé a passé un mois sans dire la messe à cause de la neige et notez que le presbytère est moins loin de l’église que ma chambre ne l’est de la grande chapelle. Le jour de Noël, le curé dut se priver de la troisième messe, à cause du mauvais temps. Les ministres protestants, après avoir montré un grand zèle, ne viennent plus ou presque plus ici. On a déjà converti deux ou trois familles, et d’autres branlent au manche. Une école sera donc fondée à l’Espérou. Mais quand? Ah! quand? Quand le P. Hippolyte aura mille francs. Hier, on lui en a donné 200; aujourd’hui, je suis assuré de 100 autres. Si 1 est le commencement de 1000, que dirons-nous de 300? Comme il paraît que les petites orphelines de la guerre ne se hâtent pas de venir, un excellent moyen d’attirer les demoiselles dedans sera peut-être de leur donner les chemises que je vous ai vu faire. Enfin, c’est une idée.

Maintenant, si vous voulez quelque chose de plus précis sur le jour de la fondation, je vous fixerai le 5 août, fête de Notre-Dame des Neiges. En partant vers le 1er, vous pourriez faire vos préparatifs, et puis arriver ici pour être témoins de l’installation de nos filles missionnaires, car l’Espérou est une véritable mission. Franchement j’admire qu’on puisse y vivre, et pourtant Couteau, Dupont, Pairé, Pialot et bien d’autres y vivent, il faut voir dans quel taudis; mais ce spectacle est salutaire, très salutaire. On y voit comment les gens se contentant de peu, et cependant ayant des âmes comme les nôtres, sont capables d’aller au ciel. En descendant de l’Espérou, vous serez plus en train pour faire une bonne retraite, car il faut la faire non pas excessivement sérieuse, mais pourtant sérieuse assez pour vous convertir, si vous en avez besoin.

Admirez comme j’arrive au bout de mon papier sans vous parler de votre sanctification. Qui sait? Peut-être [le] meilleur sermon sera la vue de ces Oblates, que nous laisserons dans le désert et qui s’y donneront au salut des âmes, loin des douceurs de la vie, consolées par l’unique voisinage de Notre-Seigneur. Que la Sainte Vierge, du haut de l’Espérou, vous donne le zèle, la charité, l’humilité, dont vous pouvez avoir besoin pour vous et les autres. Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum