DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 110

13 jul 1871 Le Vigan BAILLY_VINCENT de Paul aa

Beauvalet – Un congrès des institutions libres – Vous êtes fait pour *organiser*.

Informations générales
  • DR09_110
  • 4340
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 110
  • Orig.ms. ACR, AG 290; D'A., T.D.27, n.285, pp.240-241.
Informations détaillées
  • 1 ANTICLERICALISME
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 CHEMIN DE FER
    1 CLERGE
    1 COLERE
    1 COMMUNARDS
    1 ELECTION
    1 EPISCOPAT
    1 FAMILLE
    1 FATIGUE
    1 HUMILITE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MANDAT A ENCAISSER
    1 MORALITE
    1 PARLEMENTAIRE
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 POLITIQUE
    1 PRISONNIER
    1 REPUBLICAINS ADVERSAIRES
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SUCCESSIONS
    1 VIN
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BAYLE, JOSEPH
    2 BEAUVALET
    2 BREJART
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 HALLUIN, HENRI
    2 PERNY, ABBE
    2 PIERRARD, PIERRE
    2 SAMSON
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SAUGRAIN, HYACINTHE
    2 SIMON, JULES
    2 THIERS, ADOLPHE
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 LONDRES
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE DES DEUX-GARES
    3 ROME
    3 TOURS
    3 VERSAILLES
    3 VIVIERS
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Le Vigan, 13 juillet [18]71.
  • 13 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Cher ami,

Voilà une oeuvre digne de vous. Un nommé Beauvalet, voyageur pour les vins, du pays de Roquemaure, doit avoir été arrêté. Pourriez-vous savoir où il est? Son adresse est: M. Beauvalet chez M. Bréjart, 2, rue des Deux-gares(1). Vous saurez dans quel quartier, ce que j’ignore. Tâchez de bric ou de broc de me savoir: 1° la moralité de l’homme; 2° s’il est arrêté, le motif vrai de son arrestation; 3° s’il est digne que l’on s’intéresse à lui. J’ai de forts soupçons sur son compte et je ne m’y intéresse qu’à cause de sa famille.

Le Père Hippolyte va vous arriver pour les affaires de son père. Pourrait-on faire savoir à M. Samson que les gares du Midi sont fermées, mais qu’on m’a promis de prendre son vin dans quelques jours? Je suis un peu fatigué et bête plus que de coutume. Ce que j’écris presse. A un autre jour une très longue lettre. Totus vobis omnibus

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
A l'instant, je reçois votre lettre du 9. Elle est bien sombre, mais je crois que le salut n'est jamais plus près que quand nous sommes humiliés. Je comprends les fureurs de Jules Simon. Le malheureux m'avait fait offrir de songer à moi pour un évêché; je l'ai envoyé paître. Voilà pourquoi... (2). Quant à Numa, qu'il ait un vilain accent, c'est possible. Je suis ravi d'être son Egérie. Comme il aura un jour une grande valeur, il n'est pas mal qu'il souffre un peu. Cela fait un très grand bien.|On me presse pour solliciter un Congrès des institutions libres. Je vais m'en occuper. Je crois bien que Veuillot fait bien d'attendre un peu pour préparer la campagne sur la liberté d'enseignement. Dès que l'émotion de l'affaire du drapeau sera passée, je crois bien que ce sera le moment. Toutefois ce sera aussi le moment du triomphe Thiers. Est-ce alors qu'il faudra nous offrir en proie à ses dents? Qui est archevêque de Paris(3)? Pourquoi pas l'abbé Bayle? C'était un otage.|Cher ami, je vous conjure de réserver vos forces pour autre chose que des bonnes oeuvres particulières. Vous êtes posé pour pouvoir *organiser*. Pourquoi ne pas demander au P. Halluin de vous désigner dans le peuple des hommes sur qui compter et par eux faire des groupes dans Paris? Peu à peu, vous vous étendriez en sens inverse des internationaux(4).|Voici un mandat du P. Hippolyte qui va vous arriver.|E.D'ALZON.1. Cette rue n'existe pas à Paris, répondra le 6 août le P. Bailly, qui n'avait pu recueillir aucun renseignement sur ce personnage. - Roquemaure : chef-lieu de canton de l'arrondissement de Nîmes.
2. Le résultat des élections du 2 juillet est d'autant plus inquiétant, a écrit le P. Bailly, que 40 000 communeux sont morts ou à Versailles et que beaucoup d'autres n'ont pas osé retirer leur carte d'électeur. C'est donc bien le peuple de Paris qui a choisi ces députés républicains, pour la plupart très anticléricaux. "Nous venons d'avoir la visite de M. Perny, nous avions vu M. Bayle précédemment, ces ex-otages sont désespérés de la société, au moins du peuple de Paris. Ce n'étaient pas des ivrognes, nous assure M. Bayle, qui manifestaient une si étonnante joie de massacrer des prêtres. - Et pour ma part, mon Père, il y a longtemps que je pénètre dans le regard des ouvriers, quand nous passons, une haine profonde. Ils ont manqué leur coup" (lettre du 9 juillet).
Sur la montée de cette "prêtrophobie" populaire et sur ses manifestations pendant la Commune, lire Pierre PIERRARD, *L'Eglise et les ouvriers en France (1840-1940)*, pp. 215-276, Hachette, 1984.
Et voici ce que le P. Bailly écrivait dans la même lettre à propos de la fureur de Jules Simon : "Les républicains du gouvernement actuel [...] avaient besoin, pour conserver un pouvoir qui leur échappe d'élections républicaines, ils sont servi [...]. Aujourd'hui MM. Jules Simon, Thiers et Cie se trouvent d'une part enchaînés par cette parenté nouvelle ou renouvelée, et d'autre part sont très irrités contre le clergé qui a partout combattu ceux qu'ils considéraient comme leurs candidats; ce Jules Simon, comme ces nouveaux députés arrivent furieux et demandent curée."
3. Ce sera l'ancien évêque de Viviers (1842-1857) devenu archevêque de Tours, Mgr Joseph-Hippolyte Guibert O.M.I.(1802-1886). Sa nomination se fera le 15 juillet et sera confirmée par Rome en octobre. Il sera cardinal en décembre 1873.
4. Le 28 septembre 1864, naissance à Londres de l'*Association internationale des travailleurs" et l'année suivante création d'une section française.