DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 114

13 jul 1871 Le Vigan CHABERT Louise

La pensée de la mort – Commencez votre retraite à Nîmes – Levons les yeux au ciel – Précipitez-vous dans l’amour de N.-S.

Informations générales
  • DR09_114
  • 4343
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 114
  • Cop.ms. de la destinataire ACR, AM 330; D'A., T.D.38, n.27, pp.41-42.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANGES
    1 CONTRARIETES
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 IMPRESSION
    1 JOIE
    1 MALADIES
    1 MORT
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PURIFICATION
    1 RENONCEMENT
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SAINTETE
    1 SERMONS
    1 SOLITUDE
    1 TRISTESSE
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    3 NIMES
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Le Vigan, 13 juillet 1871.
  • 13 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère enfant,

Ne nous attristons pas trop des contretemps qui nous surviennent. Il est très vrai que l’état si grave de X est bien fait pour vous arrêter. Mais n’est-ce pas pour vous un sermon ou une méditation d’un prix incomparable? Voir la mort si près de soi, quand on est couvert de noir, fait réfléchir plus que toutes les paroles de la terre. Je vous engage donc à commencer votre retraite à Nîmes vous la finirez où Dieu le permettra. J’avais une très grande joie à vous voir un peu à l’aise. Peut-être vaut-il mieux que nous nous exercions à ne pas tant nous appuyer, comme il m’est si bon de le faire avec vous. L’essentiel est que nous levions les yeux au ciel et que nous conjurions Notre-Seigneur de nous apprendre à vivre très purement de sa vie. Qui sait si la vue de ces séparations forcées ne vous poussera pas à des retranchements volontaires encore plus grands? Une vierge chrétienne, qui veut devenir victime par sa perfection de l’amour, peut tant donner à son divin époux!

Ce qui doit rester de tout ceci c’est que la sainteté de votre vie m’apparaît toujours plus nécessaire. C’est quelque chose d’intime, de profond entre Dieu et vous. Il me semble que vous devez vous précipiter dans l’amour de Notre-Seigneur, comme dans un abîme sans fond. Vous descendez, vous descendez et vous descendez encore. Où êtes-vous? Peut-être ne le sentez-vous pas. Vous sentez ou vous croyez seulement que d’instants en instants vous vous enfoncez dans un plus immense amour. Si cette disposition est la vôtre, je comprends que vous avez besoin d’une très grande solitude. Quand le moment sera venu, vous la trouverez à Rochebelle, n’en doutez pas. Si M. vient à mourir, vous partirez dès que vous le jugerez convenable. Il y a des choses de délicatesse, dont vous seule êtes juge. Mais il me semble que chez vous, sans grande difficulté, vous pouvez entrer aussi dans un monde tout nouveau. Ah! si vous devez être un séraphin, comme les flammes doivent consumer toutes vos imperfections, quand vous voyez le peu de temps que Dieu vous laisse pour être une sainte selon son coeur.

Adieu, ma fille. Ecrivez-moi vos impressions, tant que Dieu voudra que je vous reste. Je veux me dévouer à votre âme avec une tendresse de père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum