DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 116

14 jul 1871 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Anniversaire de la mort de ma soeur aînée – Ce que Dieu permet que vous me soyez – Union de l’amour et de l’humilité – N.-D. de Lourdes et N.-D. de l’Espérou – Les Soeurs du Vigan.

Informations générales
  • DR09_116
  • 4345
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 116
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 418; D'A., T.D.30, n.357, pp.179-180; QUENARD, pp.206-207.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 EGOISME
    1 HUMILITE
    1 INTEMPERIES
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORT
    1 NEUVAINE A LA SAINTE VIERGE
    1 NOTRE-DAME DE L'ESPEROU
    1 NOTRE-DAME DE LOURDES
    1 OBLATES
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE
    1 TOMBEAU
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIERGES CONSACREES
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, HENRI D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 COMPAND, ALEXANDRINE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 DURAND, MADELEINE
    2 DURAND, PHILOMENE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 SABATIER, MARTHE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 THERESE, SAINTE
    2 VILLARET, VERONIQUE
    3 BULGARIE
    3 NIMES
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 14 Juillet [18]71.
  • 14 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Je ne dirai pas la messe pour vous demain, ma bien chère Enfant, je la dirai lundi. Dimanche, il y aura onze ans que j’ai perdu ma soeur aînée. Tout est tombé à côté de moi(1), et, lorsque je m’appuie si fort sur votre affection, je me demande si chez moi ce n’est pas égoïsme. Il faut me prendre comme je suis, et, lorsque je vous fais souffrir, soyez assez bonne pour vous rappeler ce que Dieu permet que vous me soyez. Le souvenir de tous ces tombeaux qui ont enfermé ce que j’ai tant aimé a de la douceur pour moi, car il me semble que Dieu a dû être miséricordieux pour des vies si pures aux yeux des hommes. Sa justice est très grande, mais sa bonté l’est aussi. Je prierai pour tout et je vous demande de prier parce qu’il y a beaucoup de choses que nous devons faire à deux. Lundi je demanderai pour vous cette union de l’amour et de l’humilité qui a fait sainte Thérèse et tant d’autres vierges dont les premières années ont été si douloureuses. Quand je vous engage à demander l’humilité, je ne veux pas vous empêcher de demander l’amour. Il faut tout demander, mais je ne sais pourquoi un amour pour Notre-Seigneur bien ardent et bien humble ensemble me semble si beau que je voudrais en faire votre voile et votre couronne.

Vous ne me parlez pas de votre santé. Je comprends pourtant que si vous faites une neuvaine à Notre-Dame de Lourdes, c’est que Notre-Dame de l’Espérou n’a encore rien obtenu. Cette Notre-Dame-là paraît s’en tenir pour le moment aux grâces spirituelles. Elle avait converti Soeur Marie de Saint-Jean. Quant à moi, j’ai repris ma vie habituelle dès le lendemain, après m’être levé un peu plus tard. Vous devez avoir à Nîmes des chaleurs atroces; ici, à proprement parler, elles n’ont commencé qu’hier.

Je vais écrire en Bulgarie, mais si vous saviez comme je savoure le bonheur d’être enfermé à ne rien faire! J’en suis scandalisé moi-même et je continue. Vous direz à nos filles de Nîmes que leurs Soeurs du Vigan leur envoient mille bonnes choses. Ce sont des filles vertueuses. Soeur Madeleine gouverne bien, Soeur Véronique ne va pas trop mal et Soeur Philomène a étonnamment maigri et pris assez bonne tournure, Soeur Marthe, moins surexitée, devient douce, et Soeur Alexandrine,qui voulait regimber en arrivant a été assez mâtée par le Père Hippolyte pour n’y pas revenir.

Adieu, ma fille, et bien tendrement vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le 16 juillet en 1860, le P. d'Alzon avait perdu sa soeur aînée Augustine et, le 12 octobre, sa mère. Son père, le vicomte d'Alzon, était mort en 1864 et sa soeur Marie, Mme de Puysegur, le 4 avril 1869 à Nîmes.