DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 117

14 jul 1871 Le Vigan CHAUDORDY_ANGELINA

A ce tournant de votre vie – La question de votre avenir – Arrivez au plus tôt.

Informations générales
  • DR09_117
  • 4346
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 117
  • Orig.ms. ACR, AM 56; D'A., T.D.37, n.21, pp.30-31.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BUT DE LA VIE
    1 ETERNITE
    1 MALADIES
    1 MARIAGE
    1 OBLATES
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 CHABERT, LOUISE
    2 MICHEL, MARIE-ROSE
    3 NIMES
    3 VIGAN, LE
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHANDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Le Vigan, 14 juillet [18]71.
  • 14 jul 1871
  • Le Vigan
  • *Mademoiselle Angelina Chaudordy*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Vous savez que Louise Chabert devait vous devancer [de] quelques jours ici(1). Une maladie d’un de ses cousins l’arrête avec raison. Savez-vous que je me suis demandé si ce n’était pas une permission de Dieu, pour que vous puissiez venir à sa place quelques jours plus tôt que la petite troupe qui a le projet de se mettre dans une soi-disant retraite au mois d’août? Examinez bien. Peut-être je me trompe, mais au moment si grave de votre âge, où peut-être vous allez embrasser une vie d’occupations extérieures, comme vous y serez forcée si vous vous mariez, ne pensez-vous pas qu’il vous serait bon de rentrer un peu sérieusement en vous-même et de prendre pour votre avenir des provisions de voyage pour la carrière où vous marcherez? Jamais je n’aurai plus de facilité pour vous voir et aborder avec vous toutes les questions de votre avenir.

Je ne vous crois pas faite pour la vie religieuse, mais si sans vous marier vous restez dans le monde, que de questions à examiner pour vous! Vous savez, mon enfant, la très grande affection que je vous porte. Vous ne pouvez trouver étonnant que je désire m’entendre à l’aise avec vous. Jamais le moment n’aura été mieux choisi. Voyez donc si vous ne pourriez pas prendre les devants avec Marie Michel. Je ne sais pourquoi je me figure que vous êtes arrivée à ce point de la vie, où quelque chose se transforme dans l’âme, où le prix du temps se sent mieux, où le poids de l’éternité se fait sentir avec toutes ses conséquences. Si je me trompe, mettez que je n’ai rien dit; mais si vous êtes -ce que je crois- cette fille non pas encore absolument sérieuse, mais qui est persuadée du devoir de le devenir, faites un effort et arrivez au plus tôt.

Voilà, ma fille, ce que je crois vous dire. Il me semble que dans vos conversations vous me parlerez, comme lorsque je vous ai beaucoup parlé moi-même. Je vous écris avec le désir de vous faire tout le bien qui vous est nécessaire et comme à quelqu’un qui a besoin d’une circonstanstance pour donner un essort nouveau à son intelligence et à son coeur, du côté de Dieu.

Mille fois vôtre, ma bien chère enfant.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Pour une retraite au Vigan. En mai-juin 1870, Louise Chabert a fait un essai de vie religieuse chez les Oblates de Nîmes. Elle était Sr Louise et l'on parlait d'elle comme de "la nouvelle Oblate" (*Lettres* 4058, 4092). Sa santé, souvent donnée comme déficiente, l'a obligée à interrompre cet essai.