DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 119

15 jul 1871 Le Vigan GALABERT Victorin aa

La révolution n’est pas finie en France – La dette du P. Picard – Je ne puis rien vous envoyer de mon fonds – Soeur Marie de Saint-Jean.

Informations générales
  • DR09_119
  • 4347
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 119
  • Orig.ms. ACR, AJ 234; D'A., T.D.32, n.234, pp.212-213.
Informations détaillées
  • 1 CAPITAUX EMPRUNTES
    1 CHATIMENT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CREANCES A PAYER
    1 CUISINIER
    1 DEPENSES
    1 INTERETS
    1 MAUX PRESENTS
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 PROVIDENCE
    1 REPOS
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SUPERIEURE
    1 VIN
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BOISSET, ONESIME
    2 CASSOU
    2 COULOMB, LOUISE
    2 JEAN, CUISINIER
    2 LAMPRE, BARTHELEMY
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 SALZE, THERESE
    2 SARRAN, VALERIE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 BULGARIE
    3 FRANCE
    3 NORD
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Le Vigan, 15 juillet [18]71.
  • 15 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Mon bien cher ami,

Je suis au Vigan où je me repose. Tous les détails que vous me donnez me portent à penser que nous finirons tous par aller vous chercher en Bulgarie. Il ne faut pas croire que la révolution soit finie en France, je serais bien plutôt tenté de croire qu’elle commence. A moins d’un coup imprévu et que nous ne méritons certes pas de la Providence, nous allons en voir de cruelles, et je voudrais alors pouvoir vous envoyer beaucoup de monde, car ici les choses iront mal, très mal. Vous voyez que les choses ne m’apparaissent pas en beau, aussi voudrais-je vous envoyer de l’argent. Les 100.000 francs, dont le P. Picard doit les intérêts et le capital depuis si longtemps, vous appartiennent(1). Je sais que le P. Picard dit qu’il ne peut pas. Mais alors avec quoi faire vivre le collège et le noviciat? Je sais que le P. Picard a pris une vingtaine de mille francs pour payer les dettes du P. Hippolyte, mais encore ces 20.000 francs sont couverts par les intérêts; dans tous les cas, s’il vous donnait 80.000 francs bien ronds, je pense que vous en contenteriez. Quoiqu’il en soit, réclamez-les. Le P. Picard vous dira peut-être que je les lui ai abandonnés. Oui, à l’époque où la générosité du fameux Jean(2) semblait quelque chose de sérieux, mais une fois cette vapeur évanouie, les choses ont repris leur état primitif. Paris ne rend rien, ne fournit pas de novices; pourtant, on ne peut pas dire que l’on ne fait rien; au contraire, on fait beaucoup, mais on fait des choses rapportant très peu ou plutôt amenant des dépenses sans rien rapporter. Il me semble impossible de pouvoir envoyer quoi que ce soit de mon fonds. Le vin ne se vend pas, par l’effet de l’encombrement des gares. Dans le Nord le vin se paye 70 francs l’hecto; ici on ne peut en tirer 70 francs le muid(3). Dieu nous châtie et il fait bien, mais en attendant nous tirons le diable par la queue, et vous aussi très probablement.

Je joins ici un mot pour M. Cassou de Philippopoli, je dirai aussi un mot à Soeur Valérie. Comment Soeur Thérèse prend-elle sa position d’inférieure? Au Vigan, les Soeurs sont bonnes, mais peu à peu nous y accumulons les invalides du commencement. A moins que Soeur Marie de Saint-Jean veuille aller en Bulgarie, je ne vois personne qui puisse vous convenir, et encore je ne pense pas qu’elle pût être jamais une supérieure bien ferme pour la règle. Elle cherche à attirer, mais elle ne fait pas marcher; toutefois je suis assez content d’elle en ce moment.

Adieu, cher ami. Mille amitiés au P. Athanase et au P. Barthélemy. Voudriez-vous de Boisset, que vous avez vu à Rome? Le P. Hippolyte prétend qu’il n’a pas de tête. Totus tibi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Le Pape est très dangereusement menacé.1. Voir les *Lettres* 3435 et 3648.
2. Le cuisinier du Vigan, héritier d'un oncle d'Amérique, grâce auquel le P. d'Alzon, dans la première moitié de 1869, crut que la fin de ses ennuis financiers était arrivée (voir *Lettres* 3464 et 3627 et bien d'autres entre deux).
3. La capacité du muid variait entre 270 et 700 litres selon les régions et selon les produits. A Paris un muid de vin équivalait à 274 litres.