DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 122

16 jul 1871 Le Vigan ALLEMAND Louis

Pour la *Revue* – Un congrès : le pour et le contre – Stratégie.

Informations générales
  • DR09_122
  • 4350
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 122
  • Orig.ms. ACR, AP 178; D'A., T.D.40, n.2, pp.388-389.
Informations détaillées
  • 1 AUMONIER
    1 DISCOURS DE DISTRIBUTION DES PRIX
    1 ECONOMIES
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 FAMILLE
    1 FOI
    1 INTEMPERIES
    1 LEGISLATION
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MALADIES
    1 POLEMIQUE
    1 PRESSE
    1 SOCIETE
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BONALD, VICTOR-M.-ETIENNE DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
  • A MONSIEUR LOUIS ALLEMAND
  • ALLEMAND Louis
  • Le Vigan, 16 juillet [18]71.
  • 16 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Cher et illustre Allemand,

Je vous donne raison sur toutes vos corrections, sauf que comme vous avez mis sur les enveloppes des timbres de 0 fr.10, au lieu de 0 fr.20, je suis obligé de faire des économies et je garde l’épreuve, où je ne demande qu’une suppression, les chaires de pestilence. Quant à l’aumônier, abeat quo libuerit(1).

Je ferai ce que vous voudrez pour le Congrès, à condition que je n’y irai pas. Sérieusement le travail qu’il me ferait faire me causerait une maladie. Je suis plus souffrant que cela ne semble. Mais ce que l’on peut faire peut-être serait une lettre publique à M. Victor de Bonald, avec qui je suis très bien et qui a proposé la Commission de 30 membres pour préparer le projet de loi. Dans cette lettre je dirai à peu près ceci. Il faut aujourd’hui des hommes. L’Université les décompose. Une foi religieuse peut seule les faire. Il faut la famille; l’Université la démolit. Il faut la société; l’Université la dissout. Tout cela avec quelques raisons que je crois neuves(2).

Le plan d’attaque se dessinerait. On irait lentement, le mouvement s’accentuerait. Pour moi, le Congrès serait excellent, en dehors de ce qui m’est personnel, si nous étions mûrs. Nous ne sommes pas mûrs. Ma lettre à M. Victor de Bonald serait reproduite par bien des journaux, le mouvement s’accentuerait, on ferait des pétitions, la lutte s’en[ga]gerait. Vous dirai-je que rien de plus désirable qu’un Congrès, à condition qu’il ne fasse pas fiasco? Et je redoute le fiasco.

Souvenez-vous qu’on n’agira, à propos de liberté d’enseignement, qu’au moment où nous déclarerons la guerre. Baragnon pourra obtenir un sursis, Je n’en doute pas. Evidemment c’est aux émancipateurs à tirer le premier coup de canon. Autre chose. L’évêque parlera. C’est lui qui peut nous aider. Je le crois parfaitement disposé. Une visite de vous où vous lui porteriez vos doléances contre ma froideur envers le Congrès, où vous le pousseriez à entrer en lice, serait une merveilleuse chose. Je lui ai promis les épreuves de mon discours; il faut les lui porter et les lui remettre; ce sera une entrée en matière. Il y aura à faire imprimer le sien discours, et à disposer les choses de façon à ce qu’il paraisse le 1er août. On l’insérerait en appendice ou au commencement de la livraison avec une note.

His dictis taceo. Les chaleurs que nous avons depuis trois jours me donnent une immense compassion pour les vôtres. Addio, carissimo.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Résumé. Si vous y tenez, je convoquerai le Congrès sans croire pouvoir y assister. De plus je le crois possible et plus opportun plus tard. Toutefois si vous m'envoyez demain cette dépêche: *Convoquez*, je ferai la lettre. Mais je vous parle avec réflexion.1. Ni *les chaires de pestilence*, ni le mot aumônier ne se trouvent dans le discours (publié par la *R.E.C.* en août 1871).
2. Le congrès n'aura pas lieu en 1871, comme l'aurait souhaité Louis Allemand, mais du 1er au 7 septembre 1872 et le P. d'Alzon y sera très actif. Quant à la lettre ouverte au vicomte de Bonald, elle paraîtra dans la *R.E.C.* en janvier 1872.