DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 123

17 jul 1871 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Votre santé – Coquine et canaille – Les Oblates du Vigan – Soeur Marie de Saint-Jean – Un second Savoyard.

Informations générales
  • DR09_123
  • 4351
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 123
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 418; D'A., T.D.30, n.358, pp.181-182.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CONVERSATIONS
    1 EFFORT
    1 GENEROSITE
    1 GUERISON
    1 HERITAGES
    1 INTEMPERIES
    1 NOTRE-DAME DE LOURDES
    1 OBLATES
    1 PAIX DE L'AME
    1 PENSIONNATS
    1 PENSIONS
    1 PIETE
    1 SAINTETE
    1 SANTE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 BROUSSE, VICTORINE
    2 CAMPREDON, GABRIELLE
    2 CAMPREDON, MATHILDE
    2 COMPAND, ALEXANDRINE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 DURAND, MADELEINE
    2 FAVRE, JOSEPH-BRUNO
    2 GENIES, DELPHINE
    2 MARIA, OBLATE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SAUGRAIN, HYACINTHE
    2 VILLARET, VERONIQUE
    3 ESPEROU, L'
    3 NIMES
    3 NORMANDIE
    3 VIGAN, HOSPICE
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 17 juillet 1871.
  • 17 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Ma bien chère enfant,

C’est déjà beaucoup que sentir l’eau descendre dans l’estomac, mais ce n’est pas tout. Il faut encore sentir la guérison et pour cela la demander très instamment à Notre-Dame de Lourdes. Je vous promets de demander tout ce que je pourrai sous ce rapport; mais votre père qui vous prêche la sainteté n’en est pas précisément très près et j’ai quelquefois envie de sourire, car si vous vous sentez très coquine, moi je me sens furieusement canaille. Mais cela ne doit pas nous décourager; bien [au] contraire. C’est une raison pour redoubler d’efforts. Le bon Dieu se chargera de faire le reste.

Je suis allé dire, ce matin, la messe chez les Oblates. Ce que j’ai prévu est arrivé, on porte envie aux Soeurs de Nîmes qui ont fait leurs voeux et qui n’ont pas plus de temps que Soeur Delphine. Mais je crois que cela peut s’arranger en profitant de l’occasion pour accorder autant aux unes qu’aux autres, en ne faisant pas de cérémonie et en établissant bien que c’est absolument pour la dernière fois. Par ce moyen toute misère disparaîtra. Du reste, ces bonnes filles sont réellement ferventes. Soeur Victorine pleure de joie d’aller à l’Espérou, Soeur Véronique de regret de n’y pas aller; Soeur Alexandrine, convaincue qu’on ne l’a pas ramenée au Vigan par pénitence, est dans la jubilation de son âme; Maria exulte sous son voile blanc; Soeur Gabrielle semble prendre un assez bon caractère, et quant à Soeur Mathilde, excellente fille, pourvu qu’elle se persuade qu’on la croit mystique, elle avance réellement dans la piété.

Soeur Marie de Saint-Jean est dans de merveilleuses dispositions. J’ai eu ce matin avec elle une bonne conversation, la paix se fait dans son âme. Hélas! un peu l’avait troublée, un peu la calme, mais son désir est de rester ici, où, par parenthèse, elle verse très régulièrement ses 100 francs par mois; où elle suit la règle absolue, où elle se porte beaucoup mieux qu’à Nîmes et où elle se prive de tout avec une grande générosité. De tout cela il résulte qu’elle désire rester ici, qu’elle y est bien physiquement, que ses liens avec Nîmes sont rompus et qu’elle est après tout très édifiante avec Soeur Madeleine, ravie d’avoir à la commander.

Le P. Hippolyte, en ce moment en Normandie pour l’héritage de son père, avait cru un moment que vous ne vouliez plus de ses filles. Je lui ai expliqué que nous voulions seulement relever le niveau, et, parmi les Enfants de Marie du pensionnat de l’hospice, il paraît qu’il pourra nous en donner quelques-unes de très bien. Je viens de recevoir un second compatriote du P. Desaire(1); c’est à merveille. Dieu veuille que cela continue! Si nous en avions ainsi deux par mois, ce serait trop beau. Mais nous avons aussi nos misères. Mardi nous gelions ici, aujourd’hui on étouffe.

Adieu, bien chère enfant. Tout ce que vous me dites de bon me va droit au coeur. Bonjour à Titina.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Sans doute Joseph Favre qui sera Fr. Bruno.