DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 125

17 jul 1871 Le Vigan TERTIAIRES|GERMER_DURAND_CECILE

Saint Alexis qui planta là sa femme – L’Espérou – Des religieuses échassières – Votre pèlerinage.

Informations générales
  • DR09_125
  • 4352
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 125
  • Orig.ms. ACR, AL 163; D'A., T.D.34, n.129, pp.270-272.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 ANIMAUX
    1 CHATIMENT
    1 ECRITURE SAINTE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 ENFER
    1 INTEMPERIES
    1 LOISIRS
    1 MARIAGE
    1 OBLATES
    1 PELERINAGES
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 REPOS
    1 RESIDENCES
    1 REVOLTE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINTS
    1 TRANSPORTS
    2 ALEXIS, SAINT
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 PIE IX
    3 ESPEROU, L'
    3 FRANCE
    3 ISRAEL
  • AUX DAMES TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION DE NIMES
  • TERTIAIRES|GERMER_DURAND_CECILE
  • Le Vigan, 17 juillet [18]71.
  • 17 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Comment ne pas vous écrire, mes chères filles, une seconde fois, le jour de saint Alexis qui planta là sa femme, aussitôt après l’avoir prise, fait si édifiant que l’Eglise l’a mis pour la peine au rang des saints? Je dois pourtant souhaiter à celles d’entre vous qui comptent, un peu plus tôt un peu plus tard, passer le cou dans la meule matrimoniale (expression Combalotique)(1), de ne pas rencontrer un futur de cette espèce, qui se ferait voir pour disparaître aussitôt après le déjeuner des noces. J’espère que vous croirez à la sincérité de mon souhait.

Laissons saint Alexis qui était bien quelque peu original et parlons de l’Espérou. Hélas! Il n’y a pas possibilité de trouver quelque chose de passable pour les Oblates, il faut donc leur préparer un logement. La difficulté sera pour elles d’aller à l’église malgré la neige, mais j’ai envie de leur faire apprendre à marcher sur des échasses. Que dites-vous de l’idée? Son originalité me plaît. Il y a des oiseaux échassiers; nous aurions des religieuses échassières, forme nouvelle de Congrégation parfaitement adaptée à l’esprit du XIXe siècle plein de gens qui cherchent à se grandir. Donc nous ne pourrons pas installer les Oblates, mais nous pourrons examiner où on les installera.

Je sais où vous trouverez du foin et de la paille pour dormir, et je sais aussi comment m’y prendre pour vous procurer tout ce qui vous sera nécessaire. Mais il vous faudra revenir en voiture. Je le regrette, parce que vous auriez eu par une autre route un joli, je me trompe, un magnifique spectacle à contempler. Quoique je désire vous garder le plus longtemps possible, il est sûr qu’il n’y a plus autant de nécessité à ce que l’on arrive si vite.

Toutefois, si je vous dis ceci pour vous laisser plus libres, il reste toujours que je serai très heureux de vous voir longuement; aussi, réflexion faite, arrivez toujours le 2 août. Mais je vous aurai vues avant la fin de la semaine prochaine pour tout combiner. Quant au but du pélerinage, nous en avons en ce moment d’assez graves et d’assez douloureux pour ne pas insister sur ce chapitre. Vous prierez pour le Pape si horriblement menacé; vous prierez pour l’Eglise, que l’on s’apprête à persécuter plus que jamais; vous prierez pour la France, qui penche de nouveau vers l’abîme révolutionnaire, et si vous ne comprenez pas cet état épouvantable, vous prierez pour obtenir l’intelligence de la révolte des hommes, du triomphe momentané de l’enfer et des vengeances de Dieu contre la race si sotte des honnêtes gens.

Sur ce, je vous dis bonjour et je souhaite que les chaleurs du soleil ne vous aient pas rendues comme les cailles qui tombèrent au désert, toutes rôties, dans les assiettes d’Israël. Au revoir dans dix à douze jours.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Familière à l'abbé Théodore Combalot (1797-1873).