DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 163

15 aug 1871 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Comment je voudrais prendre les choses dans mon amitié pour vous – Fatigue – A lundi matin – Orages : cela me disloque les jointures.

Informations générales
  • DR09_163
  • 4391
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 163
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 419; D'A., T.D.30, n.366, p.189.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONTRARIETES
    1 CONVERSATIONS
    1 DEPASSEMENT DE SOI
    1 FATIGUE
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 IMPRESSION
    1 INTEMPERIES
    1 REPAS
    1 REPOS
    1 SUSCEPTIBILITE
    2 MONTAIGNE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 ESPEROU, L'
    3 NIMES
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 15 Août [18]71.
  • 15 aug 1871
  • Le Vigan
La lettre

Ma bien chère Enfant,

Je voudrais bien que vous et moi, quand nous causons ou que nous nous écrivons, nous puissions faire assez abstraction l’un de l’autre pour ne voir que ce que nous disons en dehors de l’effet que vos paroles peuvent produire sur moi ou de celui que mes paroles peuvent produire sur vous. Par ce moyen nous pourrions aborder une foule de sujets sans craindre de nous faire de la peine, et le résultat serait que nous irions au fond de tout, parce que toute parole moins aimable serait une preuve d’affection. Voilà comment je voudrais prendre les choses dans mon amitié pour vous. C’est quelque chose de si fort que rien ne peut en sortir qui vous blesse, comme de votre part rien ne peut me froisser, parce que c’est vous et que c’est moi, comme disait Montaigne. Ainsi arrivés à ce point, aucun sujet, quel que fut notre désaccord sur le sujet lui-même, n’aurait le pouvoir d’atténuer cette profondeur d’affection que j’ai pour vous. Le reste perdant alors de son importance. Me suis-je fait comprendre? Si je suis intelligible vous devez être contente de moi.

Cela dit, j’ajoute que moi aussi je suis fatigué. Hier la Société musicale est venue me souhaiter la fête; j’ai dû garder le lit aujourd’hui, je me suis levé une heure après la communauté et j’ai dû rester près de trois heures sur mon lit après dîner. Je vous arriverai lundi matin mais n’en parlez pas trop. Le P. Hippolyte repart cette nuit pour l’Espérou. Je veux le voir à son retour, et je ne veux pas être samedi à Nîmes, afin de fuir un peu les confessions. Avez-vous eu un orage la nuit dernière? Je pensais qu’il modifierait le temps, mais nous en aurons un second. Cela me disloque les jointures.

Adieu. Malgré la peine que je puis vous faire, je sais bien à qui mon coeur est le plus attaché.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum