DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 202

12 nov 1871 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La rédaction des conférences – La vocation avec le seul saint Thomas – Les supérieures – Nice : que faire ? – Perspectives d’expropriation et de vente – Vocations – Inondation – Le vin.

Informations générales
  • DR09_202
  • 4435
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 202
  • Orig.ms. ACR, AD 1601; D'A., T.D.24, n.1108, pp.151-153.
Informations détaillées
  • 1 AUMONIER
    1 BAVARDAGES
    1 CAREME
    1 COURS PUBLICS
    1 CREANCES A PAYER
    1 EXPROPRIATIONS
    1 INTEMPERIES
    1 MALADES
    1 NOVICIAT
    1 PENSIONNATS
    1 PREDICATION
    1 RESIDENCES
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SUPERIEURE
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VENDANGE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VETURE RELIGIEUSE
    1 VIN
    1 VOCATION
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BLANC, JOSEPH-MARIE
    2 CIRASSE, HILAIRE
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 DOUMET, MARIE-CATHERINE
    2 HORE, MARIE DE L'INCARNATION
    2 MATHIEU, NORBERT
    2 MICHEL, FILS
    2 MICHEL, MARIE-ROSE
    2 NERMEL, EUGENE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 ORENGO, GIUSEPPE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 AUTEUIL
    3 CHOISY-LE-ROI
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 MONTMAU
    3 NICE
    3 NIMES, EGLISE SAINT-FRANCOIS DE SALES
    3 PARIS
    3 SAVOIE
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 12 nov[embre 18]71.
  • 12 nov 1871
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Je commence par rendre justice au secrétaire de mes conférences. A proprement parler, ce n’est que la première qui est mal rédigée; les suivantes, au contraire, le sont de mieux en mieux. Ici, je suis à peu près le même plan, quoique je l’aie modifié(1). Hier, par exemple, j’ai donné une conférence sur la vocation uniquement avec saint Thomas, qui stupéfierait bien des Jésuites et bien des Sulpiciens, mais je ne faisais que lire saint Thomas.

Je suis très aisé de voir que vous avez pu faire quelque chose pour les supérieures(2). Si vous venez à bout d’imprimer l’unité d’action, vous aurez fait un prodige, dont je crois certaines têtes absolument incapables. La Mère Thérèse-Emmanuel m’écrit de Nice pour m’y proposer un établissement. Si je ne suis pas mort, je ne serais pas éloigné d’aller y passer deux mois l’hiver prochain; à la suite de quoi on verra ce qu’il y aurait à faire.

Je vous prie d’examiner ces trois ou quatre questions:

1° Vaut-il mieux commencer un établissement près de vous comme vos aumôniers, en ce cas quel aide nous donneriez-vous?

2° Vaut-il mieux commencer par une retraite prêchée de façon à attirer les étrangers? Dans ce cas nous pourrions créer nous-mêmes nos ressources.

3° Vaut-il mieux tenter un pensionnat d’enfants jeunes, dont les parents malades seraient embarrassés? Ce pensionnat ou externat fournirait quelques ressources et ne durerait que du 15 oct[obre] au 15 mai: sept mois tout au plus. Le choix de la position dépendrait du but principal qu’on se serait proposé.

4° Enfin vaudrait-il mieux aller tout bonnement dans une petite maison, et de là examiner ce qu’il y aurait à faire?

Je ne pense pas que ma voix comporte aujourd’hui de très grands auditoires, mais je parle sans la moindre fatigue devant 500 à 600 personnes. Je viens d’en faire l’expérience à Nîmes, à Saint-François de Sales. Si donc on pouvait me trouver à Nice un vaisseau de cette grandeur, situé entre la gare et votre couvent, peut-être pourrait-on, M. Orengo(3) aidant, attirer du monde et créer d’utiles relations. Ne pourriez-vous combiner vos projets, d’ici à un an, pour aller à Nice passer quelque temps de l’hiver? Pensez-vous y laisser longtemps le noviciat? Supposé que Mère Thérèse-Emmanuel s’en allât, Soeur Marie de l’Incarnation aurait-elle assez de suite et de savoir-faire pour continuer en notre faveur ce que celle-ci aurait commencé?

Evidemment je ne puis songer à Nice que parce que vous êtes allées vous y établir; mais vous y étant, il me paraît toujours très convenable et même utile que nous y ayons une maison, je pense aller à Paris vers le carême; nous pourrions recauser de cette affaire, mais veuillez y réfléchir.

Le Domaine promet de m’exproprier(4) avant la fin de l’année courante. Je cherche à vendre Montmau. Dieu le veuille afin que je puisse, en vous remboursant, aider à votre pain quotidien, Amélie doit être à Nice. Je me figure qu’elle sera une excellente maîtresse, mais que le coeur ne l’étouffera pas. Le frère de Marie Michel s’est marié hier. Je crois Marie pressée de vous arriver. Avec moins d’instruction, je lui crois et plus de coeur et surtout plus d’esprit pratique, pour se bien retourner, que n’en aura jamais Amélie.

Adieu, ma chère fille. Priez toujours pour que nous ayons beaucoup de vocations, comme les quatre jeunes hommes à qui hier nous avons donné l’habit: l’abbé Desaire, l’abbé Blanc et deux jeunes hommes(5). Celui que le P. Vincent de Paul nous a envoyé de Choisy-le-Roy ne paie pas de mine, mais sera un précieux sujet pour les oeuvres. On m’en annonce encore quelques-unes de Savoie, des prêtres. Le P. Hippolyte montre ici une maîtrise, qui évidemment produira un jour des vocations. Mais je bavarde comme une pie, et pourtant les inondations ont ravagé les prairies du Vigan, et j’ai vendu le vin de Montmau 3 fr.10 l’hectolitre. La vendange n’est pas même payée. A la garde de Dieu! C’est imbuvable et nous n’aurons peut-être pas le vin quotidien.

Adieu encore une fois, et bénissons Dieu de ne pas nous donner le sou. Mille fois vôtre, ma chère fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 4422 n.
2. Profitant de la présence à Auteuil de la plupart des Mères, la supérieure générale venait d'organiser une session sur les devoirs et les rapports des supérieures particulières (lettre du 10 novembre au P. d'Alzon).
3. Vicaire général et supérieur ecclésiastique des R.A. de Nice.
4. Les T.D. ont lu *expatrier*.
5. Pierre-Auguste Cirasse et Emile Mathieu, devenus les Frères Hilaire et Norbert. Tous deux sont du Gard.