DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 212

17 nov 1871 Le Vigan CHABERT Louise

Humble, pauvre, obéissante, comme Notre-Seigneur et Marie à Bethléem.

Informations générales
  • DR09_212
  • 4446
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 212
  • Orig.ms. ACR, AM 334; D'A., T.D.38, n.31, pp.46-47.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 CONTRARIETES
    1 DEFAUTS
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ENFANCE SPIRITUELLE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FRANCHISE
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INCARNATION MYSTIQUE
    1 MALADIES
    1 NOEL
    1 OUBLI DE SOI
    1 SAINTE VIERGE
    1 SAINTETE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    2 MICHEL, MARIE-ROSE
    3 BETHLEEM
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Le Vigan, 17 nov[embre 18]71.
  • 17 nov 1871
  • Le Vigan
  • *Mademoiselle*
    *Louise Chabert*
    *16, Chemin d'Avignon*
    *Nîmes.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je vous ai écrit hier soir; ce matin, votre lettre m’est enfin arrivée et je viens encore vous écrire. Je voudrais bien qu’après avoir offert tout votre être à Notre-Seigneur, le 21 nov[embre], vous vous missiez depuis ce jour jusqu’à Noël, c'[est]-à-d[ire] pendant un grand mois, à vous préparer à mettre au monde Notre-Seigneur, comme la Sainte-Vierge à Bethléem. Qu’est-ce que j’entends par là? La résolution de ne plus rien faire que n’eussent fait la Sainte Vierge ou Notre-Seigneur pendant toute leur vie obscure, cachée; 1° dans l’humilité; 2° dans la pauvreté; 3° dans l’obéissance.

Comprenez-vous bien cela: humble, pauvre, obéissante comme Notre-Seigneur et la Sainte Vierge, à Bethléem? Et comment si l’on avait une once de coeur, on jetterait tout par la fenêtre pour entrer dans cette bienheureuse humilité, pauvreté et obéissance! Et comment on s’y jetterait soi-même, afin d’être bien débarrassé de soi! Si réellement vous voulez être une sainte, nous allons voir comment vous vous mettrez à l’oeuvre. Le premier moyen à employer est d’accepter rondement une foule de petits ennuis qui se présentent et même d’aller au devant. Une personne qui cherche les ennuis, comme une autre cherche le plaisir, finit par ne plus rien trouver de désagréable. Le second, c’est d’avoir le courage de s’ouvrir entièrement sur une foule de petits riens, défauts chiffonants et par cela même humiliants. Mais, me direz-vous: « Mon Père, quel temps je vais vous faire perdre! » -Et si je trouve que je ne le perds pas! Enfin, c’est là certainement une question à examiner que le degré de détails, où vous devez entrer. Mais je trouve que vous pourriez y entrer un peu plus, si vous le vouliez bien. Tenez-vous en présence de Dieu le plus humblement possible, et tâchez de bien dire à Notre-Seigneur que vous ne tenez qu’à lui, le conjurant de vous faire sentir sa tendresse et son amour.

Je voudrais, pour le jour de Noël, une toute nouvelle naissance et un ordre de vertus si intimes, par vos relations avec votre divin époux que, comme lui, vous pussiez devenir un tout petit enfant, dans une dépendance bien absolue, bien filiale et bien joyeuse. Puis, je reviens toujours à mes moutons, soyez une vraie fille d’oraison. Que l’on sente toujours en vous le plus grand esprit de prière.

Quand Marie(1) sera de retour, vous lui direz que j’attends avec empressement de ses nouvelles. Je ne vous en donne pas de Rochebelle. J’ai des maux de dents; je suis enrhumé et je reste dans mon coin.

Adieu, ma fille. Bien tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Marie Michel.