DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 229

23 nov 1871 Le Vigan PICARD François aa

Le Fr. Charles – Lettre à Victor de Bonald pour la *Revue* – La lettre pour Saint-Francois de Sales – Associations – Conférences au noviciat – La vocation – Les coups de fouet nous réveillent.

Informations générales
  • DR09_229
  • 4464
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 229
  • Orig.ms. ACR, AE 383; D'A., T.D.25, n.383, pp.328-329.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 CHEFS D'ETABLISSEMENT
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 COURS PUBLICS
    1 CRITIQUES
    1 ELECTION
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 FRANCHISE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 PAPE
    1 PARLEMENTAIRE
    1 POLEMIQUE
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REPOS
    1 SALUT DES AMES
    1 VERTUS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BEAUCOURT, GASTON DU FRESNE DE
    2 BELCASTEL, GABRIEL DE
    2 BONALD, VICTOR-M.-ETIENNE DE
    2 CHESNEL, FRANCOIS
    2 DEHON, LEON
    2 DEMISELLE, JEAN-HILAIRE
    2 FRANCOIS, CHARLES
    2 PAGES, LEON
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PIE IX
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SCUPOLI, LAURENT
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 AVEYRON, DEPARTEMENT
    3 BOURGES
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 VERSAILLES
  • AU PERE FRANCOIS PICARD.
  • PICARD François aa
  • Le Vigan, 23 nov[embre 18]71.
  • 23 nov 1871
  • Le Vigan
La lettre

Je vous ai écrit, il y a peu de jours, mon cher ami, mais je reviens à la charge. J’ai à vous parler de plusieurs choses:

1° Du Frère Charles. Il a dû vous écrire. Il ne croit pas avoir à se reprocher une seule lettre inconvenante. Toutefois, je crois bien qu’il n’a pas été sincère. Il vous écrit. Le P. Hippolyte vous enverra un autre spécimen de son écriture, afin que s’il y a quelque chose de faux dans celles qu’on lui reproche, vous puissiez en juger par la comparaison. Je lui [ai] fait passer hier un mauvais moment, en présence du P. Hippolyte.

2° M. Victor de Bonald, député de l’Aveyron, est venu me voir hier. C’est un ami d’enfance. Il m’a demandé ce que pratiquement on pourrait demander pour la loi de la liberté d’enseignement. Il a été convenu que je lui écrirais une lettre, qui sera contenue dans le numéro du 1er janvier de la Revue, où, tout en maintenant le Delenda Carthago, j’indiquerai les points principaux par où il faut commencer l’attaque, en d’autres termes ce qu’il faut d’abord demander à la Chambre. M. de Bonald ira vous voir, désire être mis en rapport avec Léon Pagès. Son nom a une grande valeur. Il est un peu timide, mais franchement dans nos idées, sauf les nuances. Ainsi, il trouve que Belcastel(1) a fait une sottise d’envoyer son adresse au Pape avec 46 signatures. S’il eût fait sa proposition quinze jours plus tôt ou à la rentrée, 100 à 150 députés auraient signé.

Peut-être écrirai-je ma lettre à l’Univers -je parle de celle que je proposais pour Saint-François de Sales-, peut-être la mettrai-je dans notre Revue; et alors, sauf quelques coupures, Saint-François de Sales pourrait-il la reproduire? Le noviciat marche bien. L’Association, qui se réunit chez moi, fait des progrès, va visiter les Cercles populaires. Je n’ai rien reçu de Bourges. J’accepterais très volontiers d’être président du Comité, dont vous me parlez(2). Si cela pouvait se faire pour les vacances de Pâques, peut-être obtiendrait-on la présence d’un certain nombre de chefs d’établissements libres. Les trois branches de l’enseignement sont connexes et même s’enchevêtrent l’une dans l’autre. Je comprends très bien cela.

Vous pouvez faire savoir à M. de Beaucourt que je distribue tous les jours quelques-unes de ses feuilles, mais je ne vois pas trop le résultat, sinon que l’on donne 10 francs. Engagez-le à voir M. le vicomte de Bonald, député, 7, rue de la Bibliothèque, à Versailles; il va s’y rendre dans deux ou trois jours.

Les conférences vont bien, j’en donne deux par jour. Je traiterai de l’esprit de l’Assomption et des vertus; au printemps, des moyens de sanctification et des moyens d’action. Ces deux premières parties me prendront de 45 à 50 conférences. Après quoi, je me reposerai(3).

Tâchez surtout avec le chanoine Demiselle de savoir le vrai motif du retard de M. Dehon(4), que je suis loin de regretter. L’abbé Chesnel m’écrit qu’il ira peut-être à Paris. Tâchez d’être pour lui aussi bon que possible. Faites demander des vocations. Il y a deux vérités oubliées: la première, que la vocation est une des plus belles preuves morales de la vérité religieuse; la seconde, c’est que s’il est beau de pousser les âmes vers le ciel, il est plus beau de les conduire au plus haut dans le ciel, et que si c’est une bonne oeuvre de convertir des pécheurs, c’est une oeuvre plus excellente de rendre saints les convertis.

Je vous laisse sur cette idée et encore sur celle-ci, je commence à espérer. Voici pourquoi: nous recevons des coups de fouet(5), mais ces coups de fouet nous réveillent et en réveillent bien d’autres. Les paresseux honnêtes vont être forcés de travailler, et voyez en effet l’organisation qui se prépare et qui s’étend. Il faut demander à Dieu qu’elle arrive à propos.

Adieu. Mille fois vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Gabriel de Belcastel (1821-1890) fut élu à l'Assemblée nationale le 2 février. Légitimiste intransigeant, il est le seul à avoir refusé de nommer Thiers chef de l'exécutif de la "République". Il est l'auteur d'une traduction du *Combat spirituel* de Scupoli et de divers autres écrits. M. de Belcastel fut un collaborateur dévoué des oeuvres assomptionistes, notamment des pélerinages. A sa mort, le P. Picard lui consacra une notice dans *La Croix* (23 janvier 1990).
2. Il s'agit de la commission de l'enseignement que le Comité catholique de Paris se propose de mettre sur pied en vue du Congrès catholique du printemps suivent.
3. Voir *Lettre* 4422 et n. - Dans ces conférences, écrit le P. Hippolyte, "les religieux trouveront l'esprit, les pensées, les vues du fondateur des Augustins de l'Assomption[...], très belles et très bonnes conférences qui réjouissent le coeur et l'âme" (au P. Pernet, novembre 1871).
4. Voir *Lettre* 4454 n.
5. En cette année électorale, les esprits étaient assez montés à Nîmes et les incidents - sans réelle gravité d'ailleurs - n'avaient pas manqué. Sauf aux élections de février, les conservateurs avaient reçu raclée sur raclée; d'autre part le Conseil général du Gard avait émis un voeu d'amnistie pour les insurgés de la Commune. C'est à tout cela sans doute que le P. d'Alzon pense quand il parle des coups de fouets reçus.