DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 231

23 nov 1871 Le Vigan BAILLY_EMMANUEL aa

Les réunions du vendredi soir – Le moment de se réveiller et d’agir – Les républicains obligés au voeu de pauvreté ? – La société a besoin d’hommes d’ordre – Que nos jeunes gens fréquentent les cercles et s’y posent sur le terrain catholique.

Informations générales
  • DR09_231
  • 4466
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 231
  • Orig.ms. ACR, AI 199; D'A., T.D.31, n.199, pp.182-183.
Informations détaillées
  • 1 ACTION POLITIQUE
    1 ACTION SOCIALE
    1 ANCIENS ELEVES
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 ELECTION
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 MAUX PRESENTS
    1 PAPE
    1 POLITIQUE
    1 REPUBLICAINS ADVERSAIRES
    1 REUNIONS POPULAIRES
    1 VOEU DE PAUVRETE
    2 LAGET, JACQUES-LOUIS
    2 PIE IX
    2 PIEYRE, ADOLPHE
    2 TARTERON DE
    3 FRANCE
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Le Vigan, 23 nov[embre 18]71.
  • 23 nov 1871
  • Le Vigan
La lettre

Mon cher ami,

Je voulais vous écrire pour vous prier de me rappeler au souvenir de ceux de ces Messieurs qui se réunissent le vendredi soir. J’en ai été empêché par une visite de deux heures de M. de Tarteron. Il venait pour organiser une réunion pour après-demain, dimanche, et, en effet, je crois que le moment est venu de profiter des heures pénibles et humiliantes que nous traversons pour se réveiller et agir. Sous ce rapport, je suis ravi que la réunion que nous avons provoquée forme un comité d’action. Le combat est rude à soutenir, les passions se déchaînent, mais les passions déchaînées font peur à une foule d’honnêtes gens, qui les avaient voulues peut-être pour eux, qui n’en veulent plus quand ils voient les ravages qu’elles feraient, si elles triomphaient au sens des gens vraiment logiques.

Le président du Comité électoral qui ne veut plus de Laget, parce qu’il possède(1), me semble très logique, lui. Voyez-vous ce pauvre Laget obligé de faire voeu de pauvreté pour rester républicain et conserver sa popularité? « Prends le capuchon, misérable, ou je ne crois plus à ton républicanisme ». Arrivé à cette effroyable conséquence, on est logique, mais contre la société. Et les gens qui, pour être populaires, ont emboîté ce pas voient enfin l’abîme où on les précipite de force, s’ils ne s’y précipitent pas eux-mêmes, et ils n’ont plus, pour se sauver, que de revenir avec les hommes d’ordre. Je suis convaincu que si la France n’est pas condamnée à périr, elle reviendra par l’épouvante que causeront à certains hommes les conclusions rigoureuses des principes posés par eux.

Conjurez nos jeunes gens d’aller dans les cercles, de s’y poser sur le terrain catholique. Je voudrais que l’on préparât des pétitions pour la loi d’enseignement, qu’il faudrait refaire. Il faudrait encore en préparer pour le Pape. Parlez-en et voyez s’il est préférable de s’en occuper tout de suite ou de renvoyer à un peu plus tard.

Adieu et tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Au cours d'une réunion électorale républicaine avant l'élection complémentaire du 26 novembre, un citoyen s'était écrié à l'intention de Laget, riche propriétaire, que "ceux qui possèdent n'étaient et ne pouvaient être républicains" (PIEYRE, *Histoire de la ville de Nîmes*, t.3, p.127).