DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 266

28 dec 1871 Nîmes GALABERT Victorin aa

Le supplice de vous déchiffrer – On ne m’a parlé de l’Assomption d’Andrinople qu’avec affection – Ressources et dettes – Mes observations viennent de bien des côtés.

Informations générales
  • DR09_266
  • 4510
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 266
  • Orig.ms. ACR, AJ 240; D'A., T.D.32, n.240, pp.221-222.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ASSOMPTION
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CREANCES A PAYER
    1 CRITIQUES
    1 DONS EN ARGENT
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 HABIT RELIGIEUX
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SOUFFRANCE
    2 BADETTI, MARIE-CHRISTINE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 SARRAN, VALERIE
    3 ANDRINOPLE
    3 FRANCE
    3 PHILIPPOPOLI
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, 28 décembre [18]71.
  • 28 dec 1871
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Pouvez-vous me lire? Cette question m’est inspirée par le fait que je me contente de vous deviner; vous lire entièrement m’est devenu physiquement impossible, et je souffre des yeux un quart d’heure après le déchiffrement de chacune de vos lettres. Souhaitons-nous une écriture passable pour 1872! Vos observations ont du juste; pourtant, elles ont un côté faux. Je crois que devant moi on n’a parlé de l’Assomption d’Andrinople qu’avec la plus vive affection, qui précisément comporte un peu de plaisanterie et pas autre chose. Soeur Valérie, en particulier, a été louée par la supérieure et par moi. Voilà que je prends à mon compte les 2500 francs versés pour Soeur M.-Christine; c’est un petit escompte que je prends sur mon argent, si j’ai de l’argent. Enfin c’est donné, ne vous en tracassez plus. Il est très vrai que l’obligation de ne pas toujours compter sur la maison-mère a de grands avantages; cependant on va vous envoyer pour 350 à 400 francs d’étoffe pour les robes religieuses. J’espère qu’on viendra ainsi à bout de nouer les deux bouts; mais vous ne sauriez croire combien nous avons souffert. Savez-vous que nous devons près de 40.000 francs aux fournisseurs du collège? Vous n’êtes pas les seuls à tirer le diable par la queue. Je vais prêcher des retraites aux mères chrétiennes et je pousserai à l’oeuvre des Ecoles d’Orient, je vous le promets. Veuillez dire toutes mes tendresses à tout le monde et les envoyer à Philippopoli. Croyez, mon cher ami, à mon désir de vous être utile; mais pour l’amour de Dieu, sans exiger que je vous dise sur quoi je fonde mes observations, croyez qu’elles viennent de bien des cotés, et pourtant je ne puis les faire que d’une façon générale, pour ne pas trahir des confidences faites avec la meilleure intention et par des gens qui nous aiment(1). Ici la position semble s’améliorer au point de vue politique et religieux.

Adieu. Je vous embrasse de tout coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon vient encore de recevoir une lettre assez désabusée du P. Galabert (v. *Lettre* 4420 n.). Elle est datée du 7 décembre: "...ce n'est pas en disant que les missionnnaires sont faits pour souffrir, que le P. Galabert est un rapace quand il vient en France, qu'on encourage les gens dévoués à nous venir en aide. Le P. Emmanuel rappelle toujours un bout de bougie que j'ai, il paraît, emporté une fois de ma chambre, mais il ne dit pas qu'il a laissé partir les PP. Athanase et Alexandre avec un médiocre trousseau et qu'il a fallu dépenser des sommes assez rondes dès les premiers mois de leur séjour en mission pour les mettre à l'abri du froid et leur fournir les choses les plus indispensables [...]. Je ne vous cacherai pas, mon Rév. Père, que c'est une des choses les plus pénibles pour moi, de voir le peu d'intérêt que certains de nos Pères portent à la Mission. [...] s'il ne s'agissait que de pourvoir à notre entretien personnel, il y aurait longtemps que je ne vous demanderais rien. Mais si vous nous avez envoyés en mission, c'est pour faire connaître N.S.J.C. et répandre autour de nous la connaissance de sa sainte religion. Et bien je demande des secours pour cela. [...] Aussi je ne vous dissimulerai pas, mon Rév. Père, que je finis cette année-ci sous l'impression d'un grand découragement; je ne me sens plus la force de continuer si cet état précaire subsiste..."
La détresse du P. Galabert ne laisse pas le P. d'Alzon insensible. Mais tout ce qu'il peut faire en ce moment, c'est de lui laisser la dot de Sr Marie-Christine (v. *Lettre* 4371 n). Il souhaiterait pouvoir l'aider davantage mais sa propre situation est tellement précaire qu'il en est incapable.