DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 273

1871 CHAUDORDY_ANGELINA

A propos d’un projet de mariage – Vous ne comptez pas assez avec le dévouement que l’on vous porte.

Informations générales
  • DR09_273
  • 4520
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 273
  • Orig.ms. ACR, AM 57; D'A., T.D.37, n.22, p.32.
Informations détaillées
  • 1 ACTION SOCIALE
    1 CONVERSATIONS
    1 COUVENT
    1 DOT
    1 ENNUI SPIRITUEL
    1 FAMILLE
    1 MARIAGE
    1 PENSIONS
    1 PERFECTION
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SOUFFRANCE
    1 TOMBEAU
    1 TRISTESSE
    1 USINES
    2 CHAUDORDY
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Mercredi [1871](1).
  • 1871
La lettre

Je ne puis vous dissimuler, ma chère enfant, la tristesse profonde que j’ai éprouvée, ce matin, quand vous n’êtes pas venue me parler. Dimanche j’étais allé vous chercher chez vous, vous ne vous y trouviez pas. Je me permis de causer avec Monsieur votre père d’un mariage pour vous. Je le croyais dans de bonnes conditions, car si, au lieu d’une pension, vous eussiez pu disposer de votre dot, vous pouviez pour vous mettre en ménage avoir 12.000 francs de rentes, ce qu’au point de vue matériel me semblait très acceptable. Il s’agissait d’une assez grande usine et de revenus sûrs. Le moral, la famille étaient garantis. Je chercherai encore, mais à votre âge, croyez-moi, consultez, non pas moi qui peut-être par affection voudrais vous pousser à une vie plus parfaite, non pas vers le couvent, mais à une vie d’action pour le bien.

Vous porterez le fond d’ennui qui vous écrase jusqu’au tombeau. Il faut donc ne le compter pour rien dans vos décisions, quelles qu’elles soient. Je souffre de vous voir souffrir et vous aigrir un peu contre toutes choses. Vous avez beau vouloir vous cacher à vous-même certaines douleurs intimes, on sent que vous les avez; mais comme vous ne vous ouvrez pas, on ne devine pas toujours la cause de l’état de votre âme.

Adieu, chère Angélina. Laissez à votre vieux père le droit de vous dire que vous ne comptez peut-être pas assez avec le dévouement que l’on vous porte. C’est pourtant un bien trop précieux pour ne pas chercher à le conserver, quand on peut en disposer.

Bien affectueusement vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les T.D. ont rangé cette lettre dans l'année 1871. Le 14 juillet, le P. d'Alzon a dit à sa correspondante : "si vous vous mariez", et le 25 novembre il a demandé à Mme Germer-Durand : "Mariez-vous Angelina ?"