DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 298

6 feb 1872 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Soignez le P. Picard – Pétitions – *La Gazette de Nîmes*

Informations générales
  • DR09_298
  • 4542
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 298
  • Orig.ms. ACR, AG 304; D'A., T.D.27, n.299, p.251.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AUTORITE RELIGIEUSE
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 COMMANDEMENTS DE L'EGLISE
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 EXEMPTION
    1 FATIGUE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MISSION D'AUSTRALIE
    1 POLITIQUE
    1 PUBLICATIONS
    1 SOINS AUX MALADES
    2 ALAUZIER, LOUIS D'
    2 BRUN, HENRI
    2 CHAMBORD, COMTE DE
    2 CRAY, MADAME DE
    2 CRAY, MAURICE DE
    2 HALLUIN, HENRI
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 QUINN, JAMES
    3 ARRAS
    3 BRISBANE
    3 MARYBOROUGH
    3 NEVERS
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, le 6 février [18]72.
  • 6 feb 1872
  • Nîmes
La lettre

Bien cher ami,

Vous êtes sevré dites-vous. Je croyais que le fait remontait a quarante ans. Mais c’est de mes lettres, avez-vous le soin d’ajouter. Ceci me touche, je vous écris.

1° La gorge du P. Picard a donc besoin de soins. De grâce, ne les épargnez pas.

2° Le Vigan (arrondissement) a donné plus de 4.800 signatures à la pétition pour la liberté d’enseignement. Si le Comité(1) nous envoyait au plus tôt des modèles, nous en ferions signer partout.

3° Je vous félicite de ce que vous avez obtenu pour le repos du dimanche. Faites préparer une pétition, elle sera signée en masse(2).

4° Qu’est devenu Mgr Quinn? Je n’en entends plus parler(3).

5° Vous ne sauriez croire la fureur que j’excite dans le camp de la Gazette de Nîmes. Madame de Croy soupire, son Maurice marche un peu plus de travers. Louis d’Alauzier renvoie son abonnement de la Revue. Le rédacteur en chef déclare que je leur escamote le comte de Chambord, qu’il est leur propriété, leur privilège, leur concession personnelle, que nul n’a le droit de mettre la main sur lui qu’eux seuls, enfin mille choses de cette force. Il faut dire qu’après une impertinence grossière, je leur avais renvoyé leur journal, et les curés de Nîmes avaient écrit une lettre collective menaçant de se désabonner. Monseigneur leur a lavé la tête (aux Gazetiers). Ces pauvres gens ne savent plus de quel côté se retourner. C’est le fou sous la douche en arrosoir.

Que vous dire de plus! Que je suis très fatigué, mais que je vous aime très tendrement.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le *Comité catholique* de Paris qui a pris l'initiative de cette pétition.
2. Le *Comité catholique* et l'*Oeuvre du dimanche* préparent une pétition en ce sens (lettre du P. Bailly du 4 février). L'initiative première appartient aux Pères V. de P. Bailly et Halluin qui, au congrès de Nevers, avaient fait décider l'envoi d'une supplique aux évêques en faveur d'une pétition pour l'observation du dimanche (v. *Lettre* 4404, n.2). L'Association de N.-D. de Salut lança également une campagne de pétitions, qui fut réservée aux mères de famille. Sur le formulaire, le texte de la pétition est suivi de 80 cases destinées à recevoir chacune une signature. Le rapport sur l'année 1872-1873, présenté lors de la première Assemblée générale de N.-D.de Salut, rend compte de cette campagne (*Rapports généraux* (1873-1913), pp. 20-23).
3. Mgr Quinn est sans doute déjà en mer. Le P. Brun dira en effet au P. d'Alzon le 9 juillet, qu'il est arrivé à Brisbane le 24 mai, après un voyage de quatre mois. Le 28 juin suivant, à l'issue de la retraite ecclésiastique, le P. Brun pourra enfin aborder avec l'évêque le problème toujours pendant de l'institution canonique. Il écrit : "Dès que j'introduisis la question, Monseigneur me dit vivement : *Le P. d'Alzon parle toujours d'institution canonique, qu'est-ce qu'il veut dire ?* Je répondis que les dix ans après lesquels l'approbation canonique nous avait été promise étant expirés, vous m'aviez écrit de le rappeler à Monseigneur [...]. Monseigneur dit alors que dans notre hémisphère aucune congrégation n'avait l'institution que nous demandions etc. etc., que peut-être nous n'entendions pas le priver du droit de visite etc. etc. Je répondis que [...] les canons sauvegardaient les droits des évêques tout en déterminant les privilèges accordés aux religieux. Monseigneur dit alors que le mieux serait d'en référer à la Propagande [...]. Connaissant Monseigneur comme je le connais, je ne puis croire à la sincérité de sa proposition. [...]" (lettre du 9 juillet 1872).
Le 31 juillet le P. Brun adresse par écrit à l'évêque, au nom du P.d'Alzon, une demande d'institution canonique à Maryborough et sollicite pour la congrégation le droit d'entreprendre une mission parmi les *Blacks*. Le 20 août Quinn le convoque mais au lieu de s'occuper de l'approbation, le voilà qui se met à critiquer la congrégation : "*Vous avez déserté Clichy, place infidèle - Père Laurent fut fait prédicateur par un motif de vanité, pour faire la réputation de la congrégation - L'oeuvre d'Arras n'est pas l'oeuvre de prêtres - Les religieux de Paris, Père Pernet et autres n'ont rien à faire - La congrégation au lieu d'avancer a retrogradé pendant les dix dernières années*. Monseigneur accompagnait de temps en temps ses observations par les mots : *Dieu ne peut pas bénir - Dieu ne bénira pas ces oeuvres*. [...] Après des considérations de tout genre [...] je demandai quelle réponse je devais vous transmettre. La réponse fut que quand on lui demanderait des choses raisonnables, il les accorderait. [...]" (lettre du 2 septembre). Le lendemain, 21 août, le P. Brun protesta par écrit auprès de l'évêque contre ce qu'il avait dit du P. d'Alzon et de ses oeuvres. Il serait, disait-il, heureux de continuer à travailler dans le diocèse de Brisbane, mais dans la mesure même où le P. d'Alzon le jugerait à propos.
Le 29 août, nouvelle entrevue avec l'évêque qui l'a convoqué par le télégraphe, en présence cette fois de ses deux vicaires généraux. "Monseigneur parla en termes flatteurs de quelques-unes de vos qualités. Ce qui ne l'empêcha pas de vous accuser devant ses deux vicaires d'être très inconstant, de convenir d'une chose et puis de proposer tout le contraire. [...] Je répondis à Monseigneur qu'il n'était pas dans ma pensée de croire qu'il eût eu l'intention de chercher à diminuer la confiance que j'ai en vous comme supérieur général, mais que ce qu'il avait dit de vos oeuvres n'était pas de nature à augmenter cette confiance. [...] quand je lui rappelai les expressions dont il s'était servi plusieurs fois : *Dieu ne peut pas bénir - Dieu ne bénira pas ces oeuvres*, la position devenait un peu plus difficile pour lui. Mais Mgr a un moyen de se tirer d'embarras quand il traite avec ses inférieurs, un certain usage de l'autorité. Mgr veut que je fasse une rétractation très explicite de ma lettre du 21 août. C'est ce qu'il m'a dit en présence de ses vicaires et de manière à me faire comprendre qu'il n'y a pas d'autre parti à prendre" (lettre du 2 septembre). Mais, ajoute le P. Brun, cette fois il n'obtiendra rien de moi (contrairement à ce qui était arrivé cinq ans plus tôt : v. *Lettre* 3168, n.2) et il envisage les diverses situations où il pourra se trouver si l'évêque insiste sur cette rétractation.