DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 318

14 mar 1872 Paris CLERGE_ET_FIDELES

La mauvaise réputation des méridionaux – Nécessité de l’unité pour l’action – Numa et la gauche – Le tohu-bohu de l’Assemblée – Brochures à répandre – L’énergie nécessaire – Pétitions pour le dimanche – Le Congrès catholique.

Informations générales
  • DR09_318
  • 4563
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 318
  • Orig.ms. ACR, AI 214; D'A., T.D.31, n.214, pp.191-193.
Informations détaillées
  • 1 ACTES PONTIFICAUX
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 CALOMNIE
    1 CHATIMENT
    1 COMMANDEMENTS DE L'EGLISE
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 CRITIQUES
    1 DONS EN ARGENT
    1 ENERGIE
    1 ENSEIGNEMENT
    1 GOUVERNEMENT
    1 LACHETE
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LOI DIVINE
    1 MALADES
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 OPINION PUBLIQUE
    1 PARLEMENT
    1 POLITIQUE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRESSE
    1 PUBLICATIONS
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    1 REVOLUTION
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 UNION DES COEURS
    1 VERITE
    1 VERTU DE FORCE
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 BARAGNON, NUMA
    2 CHARETTE, ATHANASE DE
    3 CASTELFIDARDO
    3 FRANCE
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 ROME, PORTE SAINT-JEAN DU LATRAN
  • AUX JEUNES GENS DU CERCLE DE NIMES
  • CLERGE_ET_FIDELES
  • Paris, le 14 mars 1872.
  • 14 mar 1872
  • Paris
La lettre

Messieurs,

Quoique les journaux vous disent beaucoup de choses, il en est qu’ils ne peuvent pas vous indiquer d’une manière aussi positive qu’il est loisible de le faire par une correspondance intime. Par exemple, la persuasion profonde où tous les gens que je rencontre sont que nous touchons à une crise très prochaine. Sous ce rapport, je ne saurais vous dire combien notre réunion me paraît importante et combien tout ce qui se respire ici en fait comprendre la nécessité.

Il est très vrai de dire qu’à Paris les gens du Midi ne jouissent pas d’une grande réputation de sérieux. Ils ne répondent pas aux gens qui leur écrivent, ils commencent et ne poursuivent pas, etc, etc. Voilà ce que j’entends dire de bien des côtés et quelquefois je baisse la tête, forcé que je suis de convenir que si ces reproches sont aux trois quarts calomnieux, ils ont bien une faible partie de vérité. Enfin, cela dit pour mémoire, je vous conjure de ne pas vous [laisser] décourager par certaines désertions, car d’ici à peu il vous sera très nécessaire d’exercer une action d’autant plus forte qu’elle sera plus une. Quand donc me demanderez vous? Ah! voilà la difficulté. Numa Baragnon m’énumérait l’autre jour trois circonstances prochaines, où le gouvernement pouvait sombrer. Or, depuis, il en a surgi d’autres. M. de Charette(1) me disait encore, hier matin, que tout se préparait pour la grande marmelade. Et pourtant on sera surpris. Voyez les dernières fureurs de la Gauche, et, à ce sujet, notre pauvre Numa se prépare un bien mauvais parti, si la rouge a vingt-quatre heures de triomphe et de pouvoir. On ne dira plus qu’il ne fait pas preuve de courage. Lui-même sous très peu de jours, compte être à Nîmes, où probablement il vous expliquera sa conduite. Je lui en laisse le soin. Peut-être, il est vrai, ses projets seront-ils déroutés par le tohu-bohu de l’Assemblée, lequel tohu-bohu ne semble pas prêt à finir. Mais assez là-dessus.

Je vous ai fait adresser pour 150 francs de livres, dont Saint-François de Sales vous fait cadeau. C’est bien le moins que vous favorisiez cette oeuvre et que vous la propagiez, puisque vous voyez qu’elle est assez généreuse envers vous. Il me semble bien nécessaire d’avoir des hommes un peu énergiques en face de l’énergie révolutionnaire, mais c’est cette énergie qu’a tuée, chez les catholiques, le libéralisme condamné par le Syllabus. Enfin, vous répandrez les brochures qu’on vous offre.

Vous recevrez sous peu, si vous ne les avez reçues, des pétitions pour l’observation du dimanche(2). Il est merveilleux de voir quel succès elles ont à Paris. Je ne saurais trop vous recommander d’en parler. Il est pourtant très important que nous fassions cet acte chrétien. Et je ne doute pas qu’il n’y ait de très grandes récompenses, attachées à la réparation d’une violation aussi grave de la loi de Dieu.

Enfin, je vous parlerai du Congrès catholique qui se tiendra le 4 avril à Paris. Qu’il serait à désirer que quelques Nîmois vinssent y assister! Et que de questions à traiter! La propagande et la presse, l’observation du dimanche, les oeuvres ouvrières, les ressources matérielles à créer, l’instruction à tous les degrés, etc.; voilà une belle occasion de se mêler au mouvement catholique. Si quelqu’un d’entre vous devait venir, qu’il se fasse désigner comme délégué de votre réunion, car l’on désire précisément établir des liens avec les départements.

Je vous avais promis une longue lettre(3). A mon grand regret, je ne tiens point ma parole, parce que je suis souffrant et je prêche deux fois par jour(4). J’ai ajourné toutes mes autres corvées pendantes et je vous prie de voir surtout, dans ces quelques pages, mon très vif désir de vous prouver tout le prix que j’attache à vos réunions. Si vendredi prochain, Numa Baragnon n’est pas au milieu de vous, je vous promets d’exiger de lui une longue épître.

Mille et mille fois vôtre, Messieurs, avec mon plus paternel attachement.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Athanase de Charette de la Contrie (1832-1911), capitaine des volontaires franco-belges à Castelfidardo, lieutenant-colonel des zouaves en 1866, défendit la porte de Saint-Jean de Latran le 20 septembre 1870. Pendant la guerre franco-allemande il se mit au service de la France, prit part à plusieurs opérations, fut blessé deux fois et devint général de brigade au début de 1871. Elu à l'Assemblée nationale sans avoir posé sa candidature, il démissionna dès le 10 février pour se consacrer à la défense de la religion et de la monarchie.
2. Voir *Lettre* 4542.
3. La lettre n'a en effet que 6 pages au lieu des 15 à 20 promises (*Lettre* 4562).
4. Nous sommes certains que le P. d'Alzon prêcha deux retraites d'une semaine à la rue François Ier pendant le carême de 1872 et qu'à chaque fois il prêcha deux fois par jour. Cela était prévu (*Lettre* 4557) et il en fut bien ainsi (*Lettres* 4565, 4567, 4569, 4573...). Il semble bien que pour la première retraite (du 10 au 17 mars) l'auditoire du P. d'Alzon fut composé de femmes mais la deuxième retraite (du lundi 25 mars au Samedi saint 30 au matin) s'adressa certainement à des hommes (v. *Lettre* 4570).