- DR09_338
- 4583
- DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 338
- Orig.ms. B.N. Manuscrits, Naf 24 634. Fonds Veuillot, t. XVIII, 2ème série. Compléments de lettres; Photoc. ACR, DT 104; Copie de J.P. Périer-Muzet; Brouillon autogr. ACR, AP 147; D'A., T.D.40, n.3, pp.255-256.
- 1 AMOUR DU PAPE
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CRITIQUES
1 ECRITURE SAINTE
1 EPREUVES
1 FILS DE L'EGLISE
1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
1 LIVRES
1 ORGUEIL
1 PAPE
1 PENSEE
1 RESPONSABILITE
1 SAINTS
1 SATAN
1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
1 VERTU D'OBEISSANCE
2 LAMENNAIS, FELICITE DE
2 MABILE, JEAN-PIERRE
2 MICARA, LODOVICO
2 PIE IX
2 VAILHE, SIMEON
3 NIMES
3 PARIS
3 ROME
3 VERSAILLES - A MONSIEUR LOUIS VEUILLOT
- VEUILLOT Louis
- [Paris, le 14 ou le 15 avril 1872](1).
- 14 apr 1872
- Paris
Mon cher ami,
Si la dépêche que vous m’avez communiquée est exacte, évidemment l’Univers est blâmé(2), mais avec quelle bonté! On vous reproche de manquer à la charité, la plus grande de toutes les vertus, ne fallait-il pas vous dire cela, pour faire accepter à d’autres qu’ils ont l’orgueil, le plus grand de tous les vices, le péché de Satan?
Que faire ? Vous soumettre sincèrement, loyalement. Prouvez par votre obéissance que vous êtes les vrais fils de l’Eglise catholique. Gardez-vous de vous déclarer forts de votre conscience, juges et caetera. Nous avons assez critiqué ensemble la protestation(a) des quatorze(3). Vous ne les imiterez pas même de loin.
Si l’évêque de Versailles a eu le droit de censurer leur vote public, Pie IX a bien le droit de juger vos paroles publiques(b); mais direz-vous, ceci n’est point une affaire doctrinale, c’est vrai(c), c’est une affaire du gouvernement de l’Eglise dont le souverain Pontife est chargé.
Souvenez-vous de la terrible responsabilité de cet homme unique ici-bas qui porte sur sa conscience le poids des âmes du monde entier. Vous n’aggraverez point(d) le fardeau de Pie IX. Dans la parabole du prodigue, le fils aîné s’indignait qu’on tuât le veau gras pour un malheureux couvert de fautes(e) et de haillons. Que lui dit son père? Omnia mea tua sunt. Comprenez donc que, sous ce blâme si doux, il y a la silencieuse prière d’un père vous conjurant de l’aider par des procédés pleins de mansuétude à raffermir le retour de fils, qui ne l’ont pas toujours consolé(f) et à qui il ne sert point de festin quand il parle de leur orgueil.
Six mois avant que Mr de Lamennais ne publiât les Paroles d’un croyant, le cardinal Micara me disait : « J’attends et j’observe. Rome fait subir à cet homme l’épreuve où l’on connaît les saints; s’il la supporte bien un jour, il sera canonisé. Sinon… » (4)
Je descends de l’autel où j’ai dit la messe pour obtenir qu’un jour on vous canonise.
E. D'ALZON.Variantes :
a. Brouillon : "formule [de] protestation".
b. Après ce mot le brouillon a une phrase supplémentaire : "Votre soumission sera la plus forte preuve de votre foi à vos principes".
c. Le reste de la phrase manque dans le brouillon.
d. Brouillon : "n'aggravez pas".
e. Brouillon : "sottises".
f. Après ce mot, dans le brouillon : "ils le savent bien" mais le reste de la phrase manque.
2. Voir *Lettre* 4582, n.1.
3. Les quatorze députés conservateurs qui avaient protesté contre la lettre de l'évêque de Versailles : voir *Lettre* 4579.
4. Le 5 juillet 1834 - quelques jours après la condamnation des *Paroles d'un croyant* par l'encyclique *Singulari nos* (25 juin) - l'abbé d'Alzon écrivait à Lamennais : "Micara est bien effrayé et bien affligé. Cet homme qui vous aime bien chaudement, tremble que vous ne fassiez un faux pas" (VAILHE, *Lettres*, I, p.601).