DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 390

10 jul 1872 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nous mettrons à profit vos avertissements – Conditions qu’il met à l’achat d’un terrain par les Pères à Paris – Les épreuves qui nous menacent – Le noviciat.

Informations générales
  • DR09_390
  • 4642
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 390
  • Orig.ms. ACR, AD 1615; D'A., T.D.24, n.1127, p.166.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 CHATIMENT
    1 CREANCES A PAYER
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 EPREUVES
    1 FATIGUE
    1 FERMES AGRICOLES
    1 INTEMPERIES
    1 MAUX PRESENTS
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 USINES
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 LYON
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 10 juillet 1872.
  • 10 jul 1872
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Merci de tous les détails que vous me donnez. Je vais en profiter pour nous mettre à l’abri autant que nous le pourrons, mais je ne suis point surpris de tout ce que vous me dites. L’important est que la trombe passe sans emporter trop de monde(1). Quant au terrain, je laisse faire aux conditions suivantes: 1° Que le P. Galabert ne sera pas renvoyé aux calendes grecques pour le remboursement qui lui est dû par le P. Picard; 2° Que je ne donnerai pas un sou, attendu que j’ai d’abord des dettes à payer. Si maintenant les Pères croient pouvoir s’en tirer, je leur laisse entièrement carte blanche(2). Que je désire que toutes les épreuves qui nous menacent et que nous méritons aient un terme! Mais que pouvons-nous avec notre lâcheté pour apaiser la colère de Dieu! Au Vigan où je suis venu me reposer des chaleurs de Nîmes, tout est calme et je suis en train de vendre pour payer mes dettes. Je m’applaudis d’avoir vendu, tout à l’extrémité de ma propriété, une petite ferme où s’élève déjà une immense filature; cela augmente très considérablement la valeur du reste.

J’ai trouvé ici un noviciat bien mieux en train que je ne l’aurais espéré, après ce qu’on m’en avait dit. L’esprit me paraît bon et les jeunes gens ont plus de moyens que d’autres années.

Pardonnez-moi ma brièveté. Je suis ici, parce que je suis épuisé, et il importe que je ne fasse pas grand’chose.

Bien tendrement vôtre.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mère Marie-Eugénie craint "un mouvement rouge". On lui a donné "le conseil très sérieux de mettre en sécurité ce que nous avons de précieux à Lyon, dans les villes du Midi et à Paris". Elle invite donc le P. d'Alzon à voir ce qu'il y aurait à faire pour sauver les personnes et les biens à Nîmes "pour le cas d'avènement d'un pouvoir révolutionnaire". Et la lettre continue, très révélatrice des craintes de la classe aisée de l'époque (lettre du 8 juillet). Comme après juin 1848, c'est après la Commune, la grande peur des bien-pensants.
2. Après avoir fait part de ses craintes au P. d'Alzon, Mère Marie-Eugénie a ajouté : "Grâce à ces circonstances, vos Pères pourraient en ce moment acheter à un bon marché fabuleux un grand terrain près d'eux. Si j'étais à votre place, je ferais cette affaire : la crise passera, le terrain restera."