DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 415

10 aug 1872 Paris ESCURES Comtesse

Je vais mieux – Le mariage de mon neveu – Vous serez parfaite quand vous le voudrez bien – Revenez à votre vieux père – Le temps d’agir est venu – Quatre premières questions.

Informations générales
  • DR09_415
  • 4673
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 415
  • Orig.ms. ACR, AN 108; D'A., T.D.38, n.108, pp.244-245.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 AUSTERITE
    1 CHRETIEN
    1 CRAINTE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 LIVRES
    1 MALADIES
    1 MARIAGE
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PERFECTION
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RECONNAISSANCE
    1 RENONCEMENT
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    3 PARIS
  • A MADAME LA COMTESSE D'ESCURES
  • ESCURES Comtesse
  • Paris, le 10 août 1872.
  • 10 aug 1872
  • Paris
  • *Madame la c[om]tesse d'Escures*
    *au Gué-Robert, par Tigy*
    *Loiret.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je reçois votre lettre, et vous voyez par mon empressement à vous répondre combien je tiens à vous faire tout le bien dont je suis capable. Merci de votre empressement à me demander de mes nouvelles. Je vais mieux, mais j’ai très cruellement souffert des entrailles, de la poitrine et de la tête. Mon neveu s’est marié sans moi. Je lui avais proposé deux autres partis; heureusement, il s’est arrêté au troisième, qui est parfait à mon avis. Que Dieu le bénisse et en fasse un vrai chrétien! Il l’est déjà, et très pratiquant; mais aujourd’hui les hommes ont une mission plus spéciale. Mais laissons cela et parlons de vous.

Laissez-moi tout d’abord vous dire que vous avez bien tort d’être timide avec moi, ensuite que, quand vous le voulez, vous n’êtes pas si timide; vous l’avez bien prouvé. La souffrance a pu vous replier sur vous-même; mais après avoir été bien écrasée, je suis convaincu que vous pouvez vous relever dans la vie chrétienne, j’allais dire parfaite. Eh! mon Dieu, oui, vous serez parfaite quand vous le voudrez bien. Je ne pense pas que cela se puisse faire tout d’un coup, mais enfin cela se fera. Mettez-vous-y tout de suite.

Si j’ai quelque autorité sur vous, vous viendrez me voir à Paris du 1er au 8 septembre: ce sera la dernière semaine que j’y passerai. A partir du 25 août, je serai absent jusqu’à la fin du mois. Je désirerais bien que, puisque vous vous sentez si faible, vous voulussiez bien revenir à votre vieux père et vous appuyer sur lui comme sur votre plus solide soutien. Amélie, souvenez-vous que je vous connais depuis trente ans. De pareilles relations peuvent se suspendre, elles ne se dissolvent pas, et, quand on se rencontre, on se retrouve les mêmes. Je voudrais pouvoir donner un peu d’assurance à votre coeur. Vous êtes faite pour retrouver votre élan, malgré vos indécisions. Peut-être ce sera le jour où vous vous direz avec foi: « Je suis sûre d’avoir un père et un ami »; peut-être aussi craignez-vous cette action, qu’il est pourtant nécessaire d’exercer sur vous. Il y a, au fond, bien des fluctuations, des désirs et des terreurs que je devine. Croyez-moi, le temps de réfléchir est passé: ou renoncez à toute autre chose qu’à une bonne petite vie, ou prenez votre parti, et, par un effort sérieux, devenez ce que vous sentez que Dieu vous demande de devenir enfin. Que faites-vous comme prière? Que faites- vous comme vie sévère? Que faites-vous comme lectures? Que faites-vous comme bonnes oeuvres? Voilà quatre premières questions. Vous pouvez, en répondant, tourner tout autour; vous pouvez aller au fond. Je jugerai à vos réponses de la manière dont ma fille veut que je m’empare d’elle pour la sanctifier.

Bien tendrement vôtre.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum