DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 427

31 aug 1872 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Bonne besogne à Poitiers – Quelques tiraillements – La prière avant tout.

Informations générales
  • DR09_427
  • 4686
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 427
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 421; D'A., T.D.30, n.403, p.224.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ARMEE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 CONTRARIETES
    1 DISTINCTION
    1 JEUNESSE
    1 OBLATES
    1 POLEMIQUE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SIMPLICITE
    1 THEOLOGIE
    1 VIE DE PRIERE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BAUDON, ADOLPHE
    2 DUGAS, JEANNE DE CHANTAL
    2 LA TOUR DU PIN, RENE DE
    2 LE PREVOST, JEAN-LEON
    2 LEVILLAIN, PHILIPPE
    2 MAIGNEN, CHARLES
    2 MAIGNEN, MAURICE
    2 MUN, ALBERT DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE, LOUIS
    2 SEGUR, GASTON DE
    3 POITIERS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, le 31 août [18]72(1).
  • 31 aug 1872
  • Paris
La lettre

Ma bien chère fille,

J’arrive de Poitiers, d’où je suis parti hier vers 11 heures du soir. J’ai dit ma messe du samedi et vous êtes la première personne à qui j’ai écrit longuement depuis huit jours. Je n’ai donné tout le temps du Congrès que deux signatures sur des registres. Impossible de toucher une plume. Que je voudrais partir samedi prochain d’ici et vous arriver pour la messe de dimanche! A la garde de Dieu.

Nous avons fait de la bonne besogne à Poitiers. L’évêque a parlé deux fois, il a été admirable, prodigieux de simplicité, de noblesse et de science ecclésiastique. Quel homme(2)! Du reste, nous étions 300 inscrits et plus. Il y a eu quelques tiraillements avec des hommes que j’aime beaucoup: M. de Mun et M. de la Tour-du-Pin Chambly(3). Mais en leur qualité de militaires et de jeunes gens, ils ont fait de vraies charges de cavalerie; ils ont été enfoncés. C’est dommage, et pourtant c’est moi qui les ai le plus combattus, mais c’est trop jeune(4). Faites beaucoup prier toutes vos filles pour le Congrès. Hélas! c’est la prière qui après tout nous est la chose la plus nécessaire, puisque par elle-même nous obtenons tout. Vous comprenez que, revenant d’un Congrès, pour en recommencer un autre aussitôt, il faut être bien vôtre pour vous écrire si vite. Hélas! demandez à N.-S. que je ne le sois pas trop.

Soeur Jeanne m’a écrit une bien bonne lettre. Je vous bénis, ma fille, avec le coeur le plus tendre et le plus dévoué.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte par erreur *1871*.
2. "Heureux congressistes qui purent, en quelques jours, entendre une homélie de Mgr Pie, une allocution du R.P. d'Alzon, un discours de M. de Mun, et les paroles d'édification et de bonne humeur dont Mgr de Ségur assaisonnait chaque séance et chaque repas.[...] Après Mgr de Ségur, le P. V. de P. Bailly était l'âme du Congrès. C'est lui qui présidait la commission de l'Union et de la propagande, assisté de M. Baudon..." (Ch. MAIGNEN, *Vie de Jean-Léon Le Prévost...d'après le manuscrit inédit de Maurice Maignen*, t.2, p. 455-456, Paris, 1923).
3. Les T.D. ont *Chambey*.
4. Sur le congrès de Poitiers : Ph. LEVILLAIN, *Albert de Mun*, pp. 328-344 et l'article de V. de P. Bailly dans la *R.E.C.*, t.3, pp. 485-494 (octobre 1872). Mais attardons-nous un instant sur une question qui concerne de plus près l'Assomption. A ce congrès Albert de Mun proposa notamment la fondation d'une grande Ligue catholique française. Ignorait-il que cette idée avait été développée par le P. Picard, au printemps de l'année précédente, dans le premier numéro de la *R.E.C.*? La chose est invraisemblable. Il n'est pas pensable non plus, écrit M. Levillain, qu'il soit intervenu en présentant ce projet "comme le porte-parole des Assomptionistes, auxquels ne l'unissait d'ailleurs aucun lien d'amitié particulier" ("ce sont des hommes que j'aime beaucoup", a dit dans notre lettre le P. d'Alzon). "Il s'agit, poursuit Levillain, de renverser les termes du dessein développé par le P. Picard, et dont les Comités catholiques étaient devenus l'instrument. Au lieu du conservatisme offensif que prônait le P. Picard dans le domaine politique et social au nom du Syllabus et du Concile du Vatican, qui conduisait à envisager l'action des catholiques dans des associations conçues comme autant de clubs antimaçonniques, de Mun souhaitait une union intime et organique des efforts accomplis dans le domaine social, selon la même référence au Syllabus et au magistère romain, pour que la rechristianisation de la France s'opère par la création d'une harmonie civile qui commanderait, plus tard, les institutions convenables. Aux méthodes éparpillées présentées par le P. Picard (association de prière; développement de l'enseignement catholique; fondation d'une revue...), de Mun opposait le projet de société dont l'organisation de l'Oeuvre des cercles représentait le modèle" (o.c., pp. 340-343).