DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 439

8 oct 1872 Nîmes LE_PLAY Frédéric

Accord parfait – Le clergé – Congrès.

Informations générales
  • DR09_439
  • 4700
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 439
  • Orig.ms. ACR, AO 69; D'A., T.D.39, n.2, pp.305-306.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ASSOCIATION
    1 CALOMNIE
    1 CHEFS D'ETABLISSEMENT
    1 CLERGE
    1 CLERGE NIMOIS
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 DON D'INTELLIGENCE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 ENVIE
    1 ESPRIT ETROIT
    1 IGNORANCE
    1 ILLUSIONS
    1 LIVRES
    1 MENEURS
    1 PEUPLE
    1 POLEMIQUE
    1 PREMIERS PRINCIPES
    1 RESPONSABILITE
    1 REUNIONS POPULAIRES
    1 UNION DES COEURS
    1 USINES
    1 VIE DE FAMILLE
    2 BENOIT D'AZY, PAUL
    3 FRANCE
    3 NANTES
    3 NIMES
    3 NIMES, GRAND SEMINAIRE
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 POITIERS
  • A MONSIEUR FREDERIC LE PLAY
  • LE_PLAY Frédéric
  • Nîmes, le 8 octobre 1872.
  • 8 oct 1872
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Monsieur,

Je reçois votre lettre du 6 et j’y réponds à l’instant(1). Je suis tout heureux de me trouver en si parfait accord avec vous. Du moment que nos principes sont communs, peu importe la manière de les exposer. Je ne disputerai certainement pas avec vous, puisque très souvent j’ai eu recours à votre procédé. Il ne faut pas se faire illusion. Pendant trop longtemps, le clergé s’est recruté dans la classe infime de la société et y a puisé des idées étroites et des sentiments jaloux qui l’ont empêché de recevoir la doctrine dans toute son ampleur et de donner à son action la chaleur et l’intelligence nécessaires. D’autre part, une certaine classe a trouvé profit, en lui prêtant des intentions qu’il n’avait pas, à le calomnier de façon à rendre l’action cléricale stérile. Cela se voit tous les jours. Tandis qu’à Nîmes, par exemple, le peuple, et un peuple très intelligent, marche avec nous, des chefs plus ou moins mesquins tournent ses pensées vers des aspirations incroyables.

Je compte parler à notre grand séminaire des points communs entre nous et je suis sûr d’être compris, au moins de ceux qui ont été élevés un peu plus largement. Me permettrez-vous de vous engager à prendre part, l’an prochain, au Congrès des oeuvres ouvrières? Vous auriez l’occasion de développer vos pensées devant 400 ou 500 hommes, qui s’occupent du peuple sur tous les points de la France. Cette année, nous étions 400 à Poitiers; l’an prochain, nous serons plus encore. M. Paul Benoîst d’Azy s’est fait inscrire pour parler sur une forme de caisse de retraites, qui, au lieu de désorganiser la famille dans les grandes usines, comme il arrive trop souvent, tend au contraire à la reconstituer(2).

Je me permettrai aussi de vous inviter à notre prochain Congrès d’enseignement chrétien(3). Le premier qui s’est inauguré, il y a un mois à peine, comptait 327 membres présents et a reçu l’adhésion de plus de 250 chefs d’institution. C’étaient surtout des prêtres; mais rien de frappant comme l’ignorance de la vie publique, d’une part, de l’autre le sérieux plein de conscience avec lequel ils étudiaient des questions auxquelles ils n’étaient pas habitués.

Nous sommes évidemment à une époque d’éclosion; il faut seulement déposer des germes féconds dans les esprits.

L’association, dont j’ai eu l’honneur de vous parler, se trouve à Nîmes. Je cherche à la transformer en instrument de propagande, et je compte bien leur lire plusieurs pages de vos ouvrages et les leur commenter. Je ne compte aller à Paris que vers les premiers jours de carême. Je loge rue François-Ier, n° 8.

Veuillez agréer, Monsieur, l’hommage de mes sentiments les plus respectueux.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A sa lettre du 4 octobre le P. d'Alzon avait reçu une réponse très chaleureuse. Il y répond à son tour. Laissons de côté l'échange d'idées avec le P. d'Alzon, pour citer ce bref passage de la lettre de Le Play : "Votre lettre, écrivait-il, augmente les espérances que je fonde de plus en plus sur le dévouement d'hommes éminents appartenant à l'armée et à la propriété foncière. Car elle me fait entrevoir le concours du clergé catholique".
2. Ce congrès se tint à Nantes en août 1873.
3. Prévu pour 1873, il sera remis *sine die*.