DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 445

2 nov 1872 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Vous ne m’avez fait aucune peine – La santé du P. Picard – Mgr Mermillod – Varia.

Informations générales
  • DR09_445
  • 4707
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 445
  • Orig.ms. ACR, AD 1621; D'A., T.D.24, n.1134, p.171.
Informations détaillées
  • 1 CALVINISME
    1 CARDINAL
    1 CONTRARIETES
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 GOUVERNEMENT DES RELIGIEUX
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SYMPTOMES
    1 TRISTESSE
    2 BOURKE, MADAME DE
    2 COMBAL, PAUL-MATTHIEU
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 JEANTET, LOUIS
    2 MARILLEY, ETIENNE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    3 BERLIN
    3 GENEVE
    3 HEBRON
    3 LAUSANNE
    3 PARIS
    3 POITIERS
    3 ROME
    3 SAINT-GERVASY
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes] Jour des morts, [2 novembre 1872].
  • 2 nov 1872
  • Nîmes
La lettre

Eh non, bien chère fille, vous ne m’avez fait aucune peine dans votre lettre; au contraire(1). Mais de même que je vous ai écrit trois fois sans que vous me répondissiez, de même je me trouve quelquefois dans l’impossibilité de vous écrire.

Je pars à l’instant pour aller voir le P. Picard à Saint-Gervasy, il a été pris d’envie de vomir. Il ne peut voir Combal, absent pour quelque temps. Il va partir pour Paris, mais s’enfermera et donnera la direction en occupant mon appartement, où le public ne le poursuivra pas.

Je ne sais pourquoi je crains que Mme de Bourke ne vous donne des ennuis; pourtant elle pourrait être bien utile à Poitiers(2).

Je ne crois pas au cardinalat Mermillod: 1° Le Pape ne fait plus de cardinaux; 2° Le Pape a voulu absolument qu’il restât à Genève(3).

Je crois être un peu maître de la tête de Soeur Thérèse-Augustine. Mère M.-Gabrielle avait l’air ennuyé, je ne sais pas de quoi.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La lettre de la bienheureuse Marie-Eugénie de Jésus du 21 octobre, où elle dévoile au P. d'Alzon "le gros de son âme", est en effet d'une grande beauté. Ecoutons plutôt : "Elle a passé, je crois, la saison des orages et j'y trouve toujours un fond de paix, basé sur une plus grande confiance en Dieu, sur un vif sentiment que je ne me donne pas assez le temps de goûter les immenses bontés de Dieu et mon propre néant. Lorsque j'entre bien dans cette vue, je vois le bon Dieu multipliant tous les jours de ma vie ses dons de nature et de grâce, je sens que je n'ai rien mérité, que j'ai mal usé presque de tout, que de mon côté il n'y a eu qu'opposition à ses desseins, sottise, incompréhension, négligence, fautes de toutes espèces et de la part de Dieu, patience et bienfaits nouveaux. Je ne sais si je le prends comme je devrais, mais j'avoue qu'il y a pour moi plus de bonheur que de douleur dans cette vue. Je demande pardon, je prends quelques résolutions; mais la joie de cette bonté infinie l'emporte sur tout et me fait tout espérer encore pour l'avenir."
2. Cette personne qui vivait, sans voeux, chez les Soeurs de la Charité, devait entrer chez les R.A. pour la Toussaint mais son confesseur et la supérieure y faisaient obstacle.
3. Le bruit courait que Mgr Mermillod allait être appelé à Rome et y serait fait cardinal. Il le deviendra mais en 1890 seulement. Dans le présent, le pape venait de lui confier l'administration de Genève, dont Mgr Marilley, évêque de Lausanne et Genève, avait demandé à être déchargé. Pour l'évêque d'Hébron, c'était le début de pénibles difficultés avec l'autorité cantonale. Le 20 septembre 1872, le Conseil d'Etat du canton de Genève publia un double décret arrêtant que M. Gaspard Mermillod cessait d'être reconnu comme curé de la paroisse catholique de Genève et lui interdisant d'y faire aucun acte du ressort de l'ordinaire (JEANTET, *Le cardinal Mermillod* p.289). C'est sans doute à cette occasion que le P. d'Alzon adressa à Mgr Mermillod le message de sympathie dont ce dernier le remercia le 28 septembre : "C'est *Berlin* qui inspire la cité calviniste. On ne me pardonne pas de défendre le Saint-Siège. De plus notre foyer de la révolution et la Rome protestante ne veulent pas supporter un évêque. Clergé et fidèles sont unanimes autour de moi, je suis calme, heureux de lutter pour la Ste Eglise. Les catholiques ont affiché des protestations sur les murailles de la ville, l'on crie dans les rues la lettre des évêques suisses et ma réponse au Conseil d'Etat. [...]."