DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 446

Cher ami,

Prenez le jeune homme d’Arras. Hier soir a eu lieu la clôture des prières. La neuvaine s’est terminée à la cathédrale. Evidemment, une masse énorme n’a pas pu entrer, et pourtant les hommes étaient si serrés, quoique debout, que dans le sanctuaire plusieurs se sont trouvés mal. Le maître-autel était envahi. Les curés disent que dans leurs paroisses ç’a été une vraie mission. On peut estimer qu’à la communion finale des paroisses près de 1.000 hommes, si ce n’est plus, se sont approchés de la sainte table – je ne parle pas des femmes. Dans un grand nombre de paroisses, ç’a été le même entrain. Dieu veuille bénir ces prières et les rendre favorables!

Adieu. Je suis un peu fatigué de mon sermon d’hier(1).

E.D'ALZON.

Quand paraîtra la *Revue de l'enseignement*? Quant à l'archevêché, taisons-nous(2).|Monseigneur de Nîmes, qui accomplit aujourd'hui sa dix-septième année d'épiscopat(3), était rayonnant de joie au milieu des flots de fidèles, qu'il eut beaucoup de peine à traverser pour arriver à sa place.1. A Nîmes et dans le diocèse la neuvaine (v. *Lettre* 4696,n.) avait connu un succès extraordinaire. Les prières publiques du 17 novembre en furent "le digne couronnement". "...le dimanche soir, à la cathédrale,...la foule refluait jusqu'aux extrémités de la place, et l'on se sentait pris d'un religieux saisissement en entendant ce peuple qui, du dehors, alternait avec les choeurs de la nef le chant devenu national : *Dieu de clémence, sauve la France*...Une chaleureuse allocution du R.P. d'Alzon précisa le sens des prières de la nation catholique demandant, à genoux et des larmes dans la voix, le salut de notre malheureux pays..."(*Semaine religieuse de Nîmes*, 24 novembre).
2. Le 16 novembre le P. Picard a écrit : "La neuvaine marche partout avec un entrain extraordinaire [... ] Ce succès nous attire les foudres de la rue de Grenelle. Le mécontentement est énorme, il est pourtant désarmé par les approbations épiscopales. L'archevêque a dit hier au P. Bailly que nous devrions être plus humbles, plus modestes. Heureusement l'humilité et la modestie n'ont jamais interdit l'initiative, voire la hardiesse."
3. Mgr Plantier fut sacré à Lyon, le 18 novembre 1855.