DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 449

23 nov 1872 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Le mécontentement de l’archevêché – Quelles sont les dispositions de la nonciature ?

Informations générales
  • DR09_449
  • 4713
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 449
  • Orig.ms. ACR, AD 1622; D'A., T.D.24, n.1136, pp.172-173.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 BONTE
    1 COLERE
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 INTEMPERIES
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 NONCE
    1 NOTRE-DAME DE SALUT
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 PAROISSE
    1 PELERINAGES
    1 PREDICATION
    1 RECONNAISSANCE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CHIGI, FLAVIO
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUVAGE, HENRI
    2 VAILHE, SIMEON
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 23 nov[embre 18]72.
  • 23 nov 1872
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je vous remercie bien de la copie de la lettre que vous m’envoyez(1). La lettre est parfaite. Vous avez de plus la bonté de me mettre au courant de tout. Le pauvre P. Picard croyait m’avoir tout dit, et je ne savais rien. Vous me campez d’une façon très précieuse. Merci(2).

Je crois, en effet, à une trombe passagère, mais c’est un avertissement. Ne pourrait-on pas savoir par l’abbé Sauvage les dispositions de la nonciature(3)? Je ne les crois pas favorables pour bien des raisons. Pourtant le Pape a chargé un prêtre, il y a deux mois, pour l’évêque de Nîmes, et pour moi(4); ce prêtre me l’a assuré. Ce sont de très précieux témoignages. Vous êtes la première à qui j’en parle.

Le temps archi-scirocco que nous avons me fatigue très fort et me force à m’arrêter.

Bien tendrement à ma vieille fille.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Copie de la lettre que le P. Picard a jugé nécessaire d'envoyer à l'archevêque. Elle a été rédigée "de concert avec Mme la Supérieure et le P. Vincent de Paul" (Picard 22 novembre) car ils sont d'avis qu'il ne faut pas laisser subsister d'équivoque sur les différents points soulevés par l'archevêque. "De plus il ne faut pas d'équivoque sur la continuation des oeuvres, il faut que Mgr les défende s'il veut les empêcher, ce qu'il ne peut guère faire..." (Mère M.-Eugénie, 22 novembre). La lettre du P. Picard à Mgr Guibert, datée elle aussi du 22 novembre, répond donc, et très pertinemment, aux différents reproches de l'archevêque (v. *Lettre* 4712, n.2). Nous n'en donnerons ici que la finale : "Si dans le feu des occupations je me suis donné des torts, je désire les réparer, mais certainement jamais je n'ai eu l'intention de manquer de déférence à une autorité que je respecte profondément et que rendent particulièrement chère les vertus et le mérite de celui qui en est revêtu."
2. Voici les principaux passages de cette lettre de Mère Marie-Eugénie du 22 novembre : "L'archevêque est fort monté contre vous [...] cela date d'assez loin. Il s'était fâché que dans la conversation où il vous avait demandé des nouvelles du *Comité* d'enseignement, vous eussiez maintenu le mot de *Congrès*. Un peu après on lui avait rapporté un sermon où vous auriez dit que l'archevêque donnerait probablement des paroisses à des religieux. Quand est venue l'oeuvre de N.-D. de Salut, il a cru que c'était une oeuvre par laquelle vous vouliez vous faire le centre à Paris de toutes les oeuvres ouvrières et les dominer. Puis tout cela s'étant brouillé dans son esprit avec les pèlerinages et avec les observations plus ou moins bienveillantes des uns et des autres, il a cru que N.-D. de Salut voulait faire concurrence à N.-D. des Victoires, que les Pères voulaient être partout au premier rang, faire du bruit... et il est arrivé à une véritable irritation [...]".
3. L'abbé Henri Sauvage, ancien élève de l'Assomption, était en bons rapports avec le nonce, Mgr Chigi.
4. Le P. d'Alzon a oublié d'indiquer ce dont le Pape avait chargé ce prêtre pour Mgr Plantier et pour lui (S.V.).
A propos de la nonciature, Mère M.-Eugénie dira le 2 décembre qu'elle ne pensait pas qu'à ce moment on pouvait beaucoup compter sur Rome et que le nonce se montrait très obséquieux vis-à-vis de l'archevêque. Après le congrès de l'enseignement pourtant, le P. Picard rapportait que la nonciature s'était inquiétée de l'esprit trop libéral du congrès (à Bailly, 22 septembre). Et puisque nous venons d'évoquer le congrès, citons ce cri du P. Galabert, touchant de fierté filiale, à la pensée du rôle qu'y avait joué le P. d'Alzon : "Aussi suis-je convaincu que, lorsque le feu des passions sera passé, qu'il sera possible d'apprécier avec calme et impartialité les événements et les hommes du 19e siècle, notre bien-aimé Père occupera une place élevée parmi les hommes les plus influents de l'époque" (à Bailly, 27 septembre).