DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 456

12 dec 1872 Nîmes GALABERT Victorin aa

Mort de la soeur du P. Athanase – La question du rite oriental – Recrues – Le P. Augustin – Soeur Valérie – Varia – L’exercice de l’autorité – Chez l’abbé Argaud – Les jalousies provoquées par le succès du P. Picard.

Informations générales
  • DR09_456
  • 4719
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 456
  • Orig.ms. ACR, AJ 254; D'A., T.D.32, n.254, pp.234-236.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 AUTORITE RELIGIEUSE
    1 BULGARES
    1 CACHET DE L'ASSOMPTION
    1 CLERGE
    1 COMPORTEMENT
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CRITIQUES
    1 CUISINIER
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 DESOBEISSANCE DE RELIGIEUX
    1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 DOT
    1 DOUCEUR
    1 ENERGIE
    1 ENVIE
    1 EXPULSION
    1 FAMILLE
    1 FRERES CONVERS ASSOMPTIONNISTES
    1 GOUVERNEMENT DES RELIGIEUX
    1 JUSTICE
    1 LITURGIES ORIENTALES
    1 MORT
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 OEUVRES DE JEUNES
    1 ORGUEIL
    1 PATIENCE
    1 PATRONAGES
    1 PELERINAGES
    1 PENITENCES
    1 PENSIONNATS
    1 PIETE
    1 POLONAIS
    1 POSTULANT
    1 POSTULANTS ASSOMPTIONNISTES
    1 PRIERES POUR LES DEFUNTS
    1 PRIERES PUBLIQUES
    1 PUNITIONS
    1 RESIDENCES
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 SUPERIEURE
    1 TRISTESSE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VETURE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ARGAUD, CASIMIR
    2 BADETTI, MARIE-CHRISTINE
    2 BOULET, JULES
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 GALLOIS, AUGUSTIN
    2 HALLUIN, HENRI
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 MALASSIGNE, MADEMOISELLE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SARRAN, VALERIE
    2 VERNAZZA, MARIE-HENRIETTE
    3 BREBIS, LES
    3 FRANCE
    3 MONTMAU
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 SEES
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 12 décembre 1872.
  • 12 dec 1872
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Veuillez dire au P. Athanase que je prie pour lui du fond du coeur et que je le recommanderai aux personnes de la Congrégation et autres qui s’intéressent à nous, afin que l’on prie pour lui. L’archiprêtre de Séez m’a écrit, il y a quelques jours, pour m’annoncer la mort de sa soeur; veuillez la lui apprendre. Elle est morte très chrétiennement, peut-être faut-il y mettre quelques ménagements.

La question du rite oriental me semble devoir être laissée à votre appréciation. Si le P. Alexandre peut s’y mettre, je ne m’y opposerai pas. Il faut partir de l’idée qu’il nous faudra un jour plusieurs prêtres orientaux; mais quand? C’est à vous à en juger (1). Nous aurons un jour des sujets; mais quand seront-ils prêtres? Il faut du temps et du temps. Du 11 novembre 1871 au 1er novembre 1872, nous avons donné l’habit à 17 novices de choeur; depuis, nous avons reçu trois postulants de choeur et un convers. Le P. Augustin a fait un coup de tête et a quitté. J’en bénis Dieu, car il nous faisait des affaires avec le parquet à cause de ses brutalités envers les enfants, et sans le P. Halluin, il eût été condamné plus d’une fois par la police correctionnelle(2).

Que vous dirai-je de Soeur Valérie? Si nous avions de l’argent, je vous enverrais deux Oblates; mais seraient-elles en état de commander? C’est là la question. Lisez-lui, si vous voulez, ce qui suit. Je crois qu’après avoir épuisé les moyens de douceur, vous devez parler un peu vigoureusement à Soeur Valérie. Dites-lui toute la peine que me font les lettres que je reçois de vous et d’autres personnes à propos de son orgueil et de son manque de soumission. Il faut qu’elle voie combien elle est peu aimée. Ce me serait une très grande peine d’être obligé de la remplacer avant ses trois ans de supériorité, mais s’il le faut, je n’y manquerai pas.

Vous comprenez que si vous croyez devoir choisir votre moment, vous pouvez attendre sans difficulté. Dites à la petite nouvelle postulante que, si elle est aussi bien que sa cousine, je serai très heureux, car Soeur M.-Christine est réellement très édifiante(3). Quant à son bien, retenez-en la valeur. Peut-être plus tard, pourrez-vous faire un échange? Ne vous pressez pas. L’ordre est donné de vendre le patronage, Montmau et environ pour 100.000 francs; au Vigan peut-être le double. Je vous promets quelque chose, si faire se peut; mais vous voyez que nous prenons les grands moyens.

Je vous exhorte à vous séparer des Soeurs, en ne vous mettant pas trop éloigné, afin de faire faire votre cuisine chez les Soeurs; mais je vous engage à ne pas acheter, jusqu’à ce que nous ayons de l’argent. Quant au pensionnat, faites absolument comme vous le voudrez. Il faut être sur les lieux pour juger cela.

Je reviens à la question de la supérieure. J’en ai une, mais trop jeune. Je crois qu’il faut, d’une part, patienter, de l’autre, vous mettre à gouverner impassiblement. J’entends par là que vous ne devez pas prendre des résolutions subites, mais que, quand après avoir réfléchi, vous avez décidé une chose, rien ne doit plus vous arrêter, et vous devez laisser bouder, répliquer; seulement, quand on vous a manqué, attendre vingt-quatre heures et donner une pénitence vigoureuse. Ainsi, Soeur Valérie vous aura désobéi ou mal répondu, vous ne lui dites rien, et, le lendemain, vous l’abordez en lui disant: « Vous avez été impertinente hier, allez prendre la discipline; je vous attends, dépêchez-vous ». Si elle résiste, vous la privez de communier pendant une semaine et vous lui signifiez que vous la reverrez, quand elle vous aura écrit des excuses. Dans ce cas, il faudrait ne plus la confesser et la confier au P. Athanase ou à un Polonais.

Je vous écris de chez l’abbé Argaud dont j’ai pris l’appartement à l’oeuvre de jeunesse. J’ai une vue splendide, des jeunes gens chez qui j’espère trouver des vocations. Les prêtres viennent beaucoup m’y voir, et j’ai repris les réunions d’autrefois. Je vais tâcher de vous avoir un peu d’argent. Il y a eu certainement des lettres égarées.

Adieu, cher ami, et bien tendrement vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Voici un spécimen du cachet de l'Assomption. Le fameux succès du P. Picard a failli amener notre suppression à Paris, tant le succès même a excité de jalousies. Je crois pourtant que les pèlerinages et les prières ont eu un effet réel sur la France. Il me semble que nous reprenons le dessus.1. Le P. Galabert avait écrit le 26 novembre : "Vous savez que, sans avoir repoussé l'idée d'embrasser le rite oriental bulgare, je n'ai jamais non plus montré beaucoup d'enthousiasme pour ce changement de rite [...]. Mais d'un autre côté, plus je pense aux moyens d'agir efficacement auprès des Bulgares, plus je m'aperçois que cette différence de rite est un grand obstacle, et j'arrive insensiblement à cette conviction qu'il nous est nécessaire d'avoir au moins deux ou trois prêtres ayant passé au rite oriental." Il exposait ensuite les raisons pour lesquelles il estimait que le P. Alexandre Chilier ferait très bien l'affaire.
2. Le soulagement du P. d'Alzon est partagé par tout le monde, y compris par Mère M.-Eugénie. Ici un petit trait qui complètera le portrait du Fr. Boulet (v. *Lettre* 4670 n.) : témoin des rapports tendus entre le P. Halluin et le P. Augustin Gallois, il écrit au P. Picard : "Je crains que le P. Augustin ne fasse un coup de tête si le P. Halluin ne sait compatir. Quelques jours aux Brebis ou auprès de vous pourraient lui faire du bien..." (14 septembre).
3. Henriette Vernazza veut suivre les traces de sa cousine Madeleine Badetti. Elle sera Sr Marie-Henriette.