DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 54

27 may 1873 Nîmes BARAGNON_NUMA

La part que vous avez prise à la chute de Thiers – Recommandations – Protestants et catholiques.

Informations générales
  • DR10_054
  • 4803
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 54
  • Orig.ms. ACR, AL 41; D'A., T.D.34, n.40, p.174.
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 DEMOCRATIE SOCIALISTE
    1 EGLISE ET ETAT
    1 GOUVERNEMENT
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 PARLEMENT
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    2 BATBIE, ANSELME
    2 BROGLIE, ALBERT DE
    2 CASABIANCA
    2 COLONNA D'ISTRIA, FRANCOIS
    2 HANOTAUX, GABRIEL
    2 LACRAMPE
    2 MAC-MAHON, PATRICE DE
    2 MILLERET, LOUIS
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PELON, JUGE
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 CHAUMONT
    3 MENDE
    3 SAINT-HIPPOLYTE-DU-FORT
    3 SAUVE
  • A MONSIEUR NUMA BARAGNON
  • BARAGNON_NUMA
  • Nîmes, 27 mai [18]73.
  • 27 may 1873
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Je viens vous faire mon compliment le plus vrai de la part que vous avez prise à la chute de Thiers, en demandant la séance du soir(1). La note élogieuse de la Gazette de Nîmes vient de la préfecture. L’effet, ici, est prodigieux. Les gens de la placette(2) sont tous partis pour le mazet. Dans les pays protestants, consternation sur toute la ligne. A Sauve, un huguenot en est mort d’une attaque. La garnison est dans le ravissement; on peut agir sans crainte, d’autant plus que nous avons la certitude que les indécis vont saluer le soleil levant.

La supérieure g[énéra]le de l’Assomption me dit que la trésorerie générale de Chaumont est vacante. Pouvez-vous y colloquer M. Milleret de Brou? Les Lacrampe n’osent pas vous demander Mende. Je vous écrirai dans deux jours pour voir si l’on peut demander, comme à leur insu, cette place et vous fournir un moyen d’apaiser des fureurs. Simple question: s’occupe-t-on de donner la liberté à l’enseignement supérieur? Je vous conjure de me camper sur Batbie(3).

Une croix a été plantée à Saint-Hippolyte. Le consistoire a, nous le savons, donné 2.500 francs pour la renverser; on l’a, en effet, mutilée(4). Pelon, juge d’instruction, poursuit l’affaire d’une manière infâme; au contraire, Casabianca et Colonna se conduisent très bien. Ne pourrait-on pas, du ministère de la Justice, écrire une lettre un peu vive à Pelon, pour lui reprocher sa conduite trop partiale envers les protestants contre les catholiques?

Adieu. Que Dieu vous soutienne et vous donne la grâce de profiter de votre victoire!

E.D’ALZON.

Les Pointus étaient devenus très souples; du reste, on se met à les détester.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le gouvernement d'A. Thiers ayant été mis en minorité par 360 voix contre 344, lors de la séance de l'après-midi du 24 mai, Baragnon pria le gouvernement de faire connaître ses intentions et proposa une nouvelle séance le soir-même. Cette séance eut lieu à 9h. du soir et l'Assemblée reçut communication de la démission de Thiers. On passa immédiatement à l'élection d'un nouveau président, qui fut Mac-Mahon. Une délégation joignit le maréchal qui accepta. L'Assemblée en fut informée. On leva la séance. Il était près de minuit (HANOTAUX, o.c., I, p.614-618).
2. Le P. d'Alzon lui-même la définit comme le "centre du radicalisme protestant" à Nîmes (lettre du 24 juillet 1880 au P. Bailly).
2. Anselme Batbie (1828-1887), élu par le Gers à l'Assemblée nationale le 8 février 1871, y siégeait au centre droit. Il joua un grand rôle dans l'opposition à Thiers. En novembre 1872, il avait parlé de "l'invasion de la barbarie révolutionnaire dans l'enseignement". Il venait de recevoir le portefeuille de l'Instruction publique et des Cultes dans le ministère du duc de Broglie.
3. Erigée le 29 avril, cette croix fut bientôt "renversée et brisée avec une rage infernale". Aussitôt une souscription fut ouverte pour son rétablissement (*Semaine religieuse de Nîmes* du 18 mai et du 29 juin).