DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 63

17 jun 1873 Nîmes CHAUDORDY_ANGELINA

Un portrait peu flatté et sa contre-partie – Ce qu’il faut faire.

Informations générales
  • DR10_063
  • 4815
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 63
  • Orig.ms. ACR, AM 62; D'A., T.D.37, n.27, pp.36-37.
Informations détaillées
  • 1 DIRECTION SPIRITUELLE
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Nîmes, 17 juin [18]73.
  • 17 jun 1873
  • Nîmes
La lettre

Je vous ai proposé, ma bien chère enfant, de vous donner par écrit ce que je crois être pour vous la voie où vous devez marcher. Quoique, selon votre habitude, vous ne m’ayez dit ni oui ni non, je veux vous fixer sur mon opinion à votre égard.

1° Vous êtes portée au découragement par le sentiment de votre prétendue incapacité.

2° Vous succombez assez souvent à la paresse.

3° Vous avez une assez grande faiblesse de volonté.

4° Vous avez une difficulté extrême à vous ouvrir.

5° Vous n’êtes pas toujours, tant s’en faut, aussi charitable que vous pourriez l’être.

Vous reconnaissez-vous à ce portrait peu flatté? J’ajoute que:

1° Vous vous jugez vous-même assez sévèrement.

2° Vous avez, à côté de votre paresse, un certain besoin d’activité.

3° Vous ne vous faites pas soutenir, soit parce que vous croyez n’en pas valoir la peine, soit par un certain sentiment de fierté.

4° Je ne connais personne plus loyale que vous et bien peu de personnes qui le soient autant.

5° Je vous crois capable d’une très grande générosité.

Voilà la contre-partie. Les deux faces de la médaille me semblent parfaitement exactes, seulement vous rencontrez en vous de grandes contradictions. Que faire?

1° Profiter de la pauvre opinion que vous avez de vous-même pour avancer dans l’humilité.

2° Agir, autant que vous en êtes capable, mais en recevant la direction de l’obéissance.

3° Mettre toute votre application à vous faire connaître et à accepter qu’on vous porte, quand vous en avez besoin.

4° Etre surtout loyale envers Notre-Seigneur.

5° Mettre à profit la générosité dont je vous crois capable en devenant tous les jours un peu plus une fille d’oraison et de pénitence.

L’obéissance, l’esprit de foi, la prière humble et confiante, une vie austère, de grands efforts pour être bienveillante, voilà, selon moi, l’idéal que vous devez poursuivre. Vous avez ma pensée, ma chère fille. Je voudrais que vous revinssiez souvent sur ce que je vous dis là et que vous en fissiez le sujet de vos examens, de vos méditations, et, en quelque sorte, votre but. Quand vous l’aurez atteint, nous passerons à autre chose.

Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum