DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 74

10 jul 1873 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

A bout de forces – Une imprudence du point de vue humain – La vertu apostolique de l’abandon à Dieu – Basse-cour.

Informations générales
  • DR10_074
  • 4829
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 74
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 421; D'A., T.D.30, n.418, p.233.
Informations détaillées
  • 1 ABANDON A LA MISERICORDE DE DIEU
    1 FERMES AGRICOLES
    1 MALADIES
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 SARRAN, VALERIE
    3 LOURDES
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 10 juillet [18]73.
  • 10 jul 1873
  • Le Vigan
La lettre

Votre lettre, chère enfant, m’est arrivée ce matin. Je vous croyais complètement à bout de forces, et cela ne me surprend pas, car pour mon compte j’y suis à peu près complètement. J’ai profité de mon séjour ici pour ne voir personne. A peine ai-je reçu une ou deux visites. Je vais pourtant tenter de voir le sous-préfet et le curé, que je n’ai pu recevoir; je ne suis allé qu’une fois à Rochebelle, où l’on a le plus vif désir de voir Soeur Valérie(1). J’avais voulu lui écrire de venir au Vigan; avec mes maux d’estomac j’ai laissé passer le temps, et je le regrette. J’ai peur que son apparition si près d’ici, sans une visite à sa soeur de Rochebelle, ne soit mal interprétée.

Il faut bien compter sur un miracle pour vous laisser aller à Lourdes par les chaleurs dont vous me parlez, car autrement il y aurait une suprême imprudence humainement parlant; mais ce sont des imprudences qui font voir que Dieu se joue de nous.

Je lis en ce moment la vie d’une clarisse, qui a été presque toute sa vie malade et qui a puissamment contribué, du fond de son couvent, à la conversion des hérétiques allemands pendant la guerre de Trente ans. Vous voyez que, vous aussi, si vous êtes une sainte, vous pouvez faire un grand bien malgré votre faible santé, mais à la condition que vous vous mettrez entièrement entre les mains de Dieu.

Vous avez très bien fait de faire demander ma couveuse. Celle-là et toutes les autres sont à votre disposition; car, dès que nous aurons des poules un peu bien, le coq lui-même vous appartient et j’aurai encore plus de plaisir à les voir bien soignées chez vous que négligées chez moi. Quand vous aurez une basse-cour immense, vous me donnerez quelques oeufs et en échange je vous procurerai quelques sacs d’avoine.

Adieu, ma chère enfant. Je prie bien pour vous, rendez-le moi de votre lit d’épuisement. Bien affectueusement vôtre.

E.D’ALZON.

Comment va Titina?

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum