- DR10_075
- 4831
- DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 75
- Orig.ms. ACR, AD 1636; D'A., T.D.24, n.1151, pp.185-187.
- 1 CONGREGATIONS DE FEMMES DE L'ASSOMPTION
1 ERECTION DE MAISON
1 MALADIES
1 OBLATES
1 PELERINAGES
1 REPOS
1 SYMPTOMES
2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
2 BARNOUIN, HENRI
2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
2 HALLUIN, HENRI
2 LEQUETTE, JEAN-BAPTISTE
2 MOREL, PIERRE-BAPTISTE
3 ARRAS
3 EMS
3 ESPEROU, L'
3 LENS
3 LOURDES
3 NICE
3 NIMES
3 PARIS
3 VIGAN, LE - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Le Vigan, 11 juillet [18]73.
- 11 jul 1873
- Le Vigan
Je ne savais où vous atteindre, ma chère fille, et j’avais pourtant bien envie de vous écrire. Depuis que vous avez quitté Nîmes, je suis constamment écrasé de fatigue. Depuis huit jours que je suis au Vigan, je ne fais rien, je reste enfermé dans des appartements frais. J’ai horreur de la viande, mais je sais cependant que cet absolu repos me fait un certain bien, et aujourd’hui (est-ce le plaisir d’avoir reçu de vos nouvelles?) je me sens très positivement mieux. Je compte rester ici quinze jours, ne pas aller à Lourdes, ce qui amènerait une rechute, et si je suis fatigué à la distribution des prix, je reviendrai ici une quinzaine de jours. J’ai pris la résolution de renoncer aux grandes stations, et, à un pèlerinage à l’Espérou accompli le lendemain de mon arrivée, je n’ai pas dit un mot. Pourtant il y avait, disent les enthousiastes, 3.000 pèlerins.
En vous écrivant, je ne vous ai pas parlé de Nice. Je tiens à ce projet, pourvu qu’on prenne du temps. J’apprends que sans ma permission on a mis le P. P[ierre]-Baptiste, depuis un mois, hors d’Arras(1); je m’y oppose catégoriquement et je le rappelle pour l’Espérou, où il attendra son poste pour Nice, à moins que nous n’ayons mieux.
La Mère M.-Gabrielle, qui s’était monté la tête pour les cours Martin, se la monte encore pour une salle d’asile de petites filles que veulent faire les Oblates. Souvenez-vous que je ne permettrai jamais rien qui nuise à l’Assomption, mais il faut s’en rapporter un peu à moi. Vous allez comprendre pourquoi. La supérieure des Oblates en est au point qu’elle dépérira lentement, à moins qu’elle ne soit guérie par un miracle. Or elle est arrivée à un degré d’impressionnabilité tel qu’elle a des crises affreuses, et qui durent des mois, pour des riens. La vraie cause de son affaiblissement si pénible de l’hiver dernier vient de ce que la Soeur cuisinière a dit que l’infirmière demandait trop souvent des perdrix pour elle. Je l’ai vue entrer dans une crise, (je m’en suis allé), qui a duré quatre heures, parce qu’à propos d’un mauvais procédé de Mme Correnson envers M. Barnouin, j’ai dit: « Il y a là des misères, dont je vous demande la permission de ne pas me mêler ». Elle guérira ou ne guérira pas. Si le bon Dieu en dispose, vous pensez que je déciderai tout; si elle revient à la santé, je lui parlerai clair. Mais en ce moment, pour ne pas la tuer, je suis obligé, sans approuver, de garder le silence. Avec cela elle part pour Lourdes. C’est si imprudent que je penche à espérer une guérison miraculeuse. Je vous donne ces détails, pour que vous compreniez ma situation, et combien la bonne Mère M.-Gabrielle. au moment où je lui prépare des cours un peu supérieurs pour ses anciennes élèves, a tort de se préoccuper(2).
Soignez vos dents. J’ai trouvé que la seule chose qui me soulageât était l’usage des pilules de Cronier, mais chez moi il y avait quelques symptômes périodiques.
Adieu, ma chère fille. Prions l’un pour l’autre, afin que nous sachions ce que Dieu veut de nous pendant nos dernières années.
E.D'ALZON.2. Voici des extraits de ce que Mère M-Eugénie répondit d'Ems, le 19 juillet : "Je vous remercie de ce que vous me dites des Oblates. Vous avez eu la bonté de me parler de cette affaire avec une confiance à laquelle j'espère répondre toujours par des vues bienveillantes, désintéressées, surnaturelles. [...] Attendons un peu, mais croyez-moi, mettez-vous en garde contre des arrangements futurs dont le plan ne vous serait pas confié, qui sortiraient des commencements qu'on vous impose et amèneraient petit à petit une création rivale dont vous ne voulez pas. [...] Je souhaite bien qu'une guérison miraculeuse vous tire de là. Pauvre Père! vous voilà entre deux Supérieures dont l'une a des attaques nerveuses, et dont l'autre, votre humble servante, doit maintenant demander à ses amis de lui éviter les émotions et inquiétudes."