DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 85

• DR10_085
• 4841
• DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 85
• Orig.ms. ACR, AM 103; D'A., T.D.37, n.2, pp.72-73.

• 1 AMOUR DIVIN
  1 PELERINAGES
  1 VERTU DE CHASTETE
  1 VOIE UNITIVE
  3 LOURDES
• A MADEMOISELLE VALENTINE CHAUDORDY
• CHAUDORDY_VALENTINE
• Le Vigan, 15 juillet 1873.
• 15 jul 1873
• Le Vigan

Votre petit mot, si court qu’il soit, ma chère Valentine, m’a causé une grande joie. J’ai à vous dire bien des choses, et vous les écrire à votre retour de Lourdes me paraît excellent. Notre-Seigneur vous désire tous les jours plus à lui. Il y a des choses très délicates dans votre âme, où il veut entièrement pénétrer. Il faut lui ouvrir à deux battants, et, quand vous lui aurez ouvert, il faut lui ouvrir encore, parce que ce divin Maître est insatiable de votre amour et des sacrifices intimes, par lesquels vous devez le lui témoigner. Si vous me demandiez la devise de votre vie désormais, je la résumerais en deux mots, pureté et amour. Pureté, parce que Notre-Seigneur aime par dessus tout les lys, c’est-à-dire les âmes éblouissantes d’innocence, et vous pouvez, vous devez devenir par de très grands efforts une de ces âmes virginales, dont tout le souci est de s’épanouir dans la lumière de Dieu. L’amour! Ou je me trompe bien, ou il y a au fond de votre être une puissance d’aimer, dont vous ne vous doutez pas et qui vous empêchera de trouver la joie et le repos dans une créature. Vous avez beau dire, c’est Dieu infini qu’il vous faut. Tout le reste n’atteint pas seulement la pointe de vos pieds.

En revenant de vénérer, à Lourdes, Notre-Dame de l’Immaculée Conception, rapportez-en cette effusion de grâces très cachées, très pures, très intimes, dont la Sainte Vierge a les mains pleines pour vous. Peut-être ne vous en rendez-vous pas encore un compte très exact. Cela viendra. Lorsque Notre-Seigneur dit aux apôtres: « Recevez le Saint-Esprit », ils ne comprirent pas d’abord ce que cela voulait dire; plus tard, ils virent tout ce que ces mots renfermaient. Il peut en être de même de vous; mais ne vous inquiétez pas, je vous aiderai à voir clair.

Adieu, ma fille. Il va me tarder de vous revoir, pour savoir sous quelle impression vous revenez de votre pèlerinage. Pour moi, tout se résume en ces deux mots, pureté et amour. Croyez, ma chère enfant, à ma bien paternelle affection.

E.D’ALZON.

Ce que je vous dis là, j’en ai depuis longtemps l’impression très profonde, mais peut-être êtes-vous au moment le plus favorable pour l’entendre et le comprendre.

Mademoiselle Valentine Chaudordy.