DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 92

24 jul 1873 Le Vigan CHAUDORDY_ANGELINA

L’action du diable – Servir l’Eglise par la prière, la pénitence, le travail, les bonnes oeuvres – L’obéissance vous est nécessaire.

Informations générales
  • DR10_092
  • 4850
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 92
  • Orig.ms. ACR, AM 63; D'A;, T.D.37, n.28, pp.38-39.
Informations détaillées
  • 1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 LUTTE CONTRE SATAN
    1 REFORME DU CARACTERE
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Le Vigan, 24 juillet 1873.
  • 24 jul 1873
  • Le Vigan
La lettre

Je ne suis pas du tout surpris, ma chère enfant, que vous ne vous sentiez pas convertie, et que, au contraire, vous vous sentiez plus mauvaise tous les jours. Le diable, que vous avez au corps, joue de son reste; il sent qu’un grand moment approche pour vous; il voudrait maintenir ses droits prétendus, et il comprend qu’il faut non seulement que son empire soit détruit, mais que vous deveniez une toute autre personne. Que dans sa rage il vous suggère des idées de révolte, de découragement, une sorte d’incrédulité pratique, quoi d’étrange à cela?

Vous voulez donner un but à votre vie. J’en ai plusieurs à vous offrir, s’il s’agit des détails; mais s’il s’agit du vrai fond de votre âme, votre but est de servir l’Eglise par la prière qui vous répugne, la pénitence qui vous fait horreur, le travail qui révolte votre paresse, et les bonnes oeuvres où vous portez un esprit un peu trop humain et pas assez le sentiment surnaturel d’une vie de sacrifice. Tout cela vous apparaît confusément. Vous en voulez bien d’une manière vague, spéculative, mais vous en avez peur, s’il s’agit d’arriver à la pratique positive. C’est pour cela que vous avez besoin d’être tenue par l’obéissance et que vous n’en tenez presque aucun compte. L’obéissance vraie vous lierait, et vous voulez être libre, non par indépendance, mais par impuissance de porter le joug. Or, si d’ici à quelque temps vous ne vous convertissez, je crains bien que par faiblesse, peut-être un peu par légèreté, vous ne laissiez passer le moment favorable.

Voilà, ma bonne fille, la lettre la plus sérieuse que je vous aie jamais écrite. Quel effet vous produira-t-elle? Si elle vous touche peu, mettons que je ne vous connais pas; si elle vous révolte, mais que pourtant vous vous trouviez peinte au naturel, malgré ce que je vous dis de très dur, commencez au plus tôt cette vie austère, laborieuse, militante, obéissante, dont vous avez l’instinct, mais dont vous êtes loin d’avoir la pratique. Dans quelques jours nous causerons: mais bien qu’en général vous me répondiez que vous n’avez pas pensé aux choses, sur lesquelles je vous ai prié de réfléchir, cette fois, j’espère que vous me direz que vous avez réfléchi et quelles sont vos réflexions.

Bien affectueusement vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum