DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 99

6 aug 1873 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Un externat approuvé par l’évêque et qui ne peut nuire à l’Assomption – Jules est toqué – J’espère pouvoir présider le pèlerinage de Rochefort.

Informations générales
  • DR10_099
  • 4859
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 99
  • Orig.ms. ACR, AD 1638; D'A., T.D.24, n.1153, pp.187-189.
Informations détaillées
  • 1 CONGREGATIONS DE FEMMES
    1 CONGREGATIONS DE FEMMES DE L'ASSOMPTION
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 EXTERNATS
    1 NOTRE-DAME DE ROCHEFORT
    1 OBLATES
    1 PELERINAGES
    1 PENSIONNAT DES OBLATES A NIMES
    1 PENSIONNATS
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SANTE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 FERRET, JULES
    2 MORIAU, MADEMOISELLE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 TOCQUEVILLE, MADAME CHRISTIAN DE
    3 ESPEROU, L'
    3 NIMES
    3 NIMES, COLLEGE SAINT-STANISLAS
    3 NIMES, MONT-DUPLAN
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 6 août [18]73.
  • 6 aug 1873
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je suis tout heureux de vous savoir mieux. Pour moi, je ne sais trop ce que je fais à Nîmes. Voilà quelques jours que je ne sors pas. Depuis mon arrivée, je ne suis pas monté une seule fois aux Moulins à vent.

L’affaire des Oblates(1) avait été un peu dénaturée auprès de la Mère M.-Gabrielle: 1° Jamais il n’a été question de cours, ni de Mlle Moriau; 2° Jamais question de pensionnat ni de mi-pensionnat: 10 francs par mois avant la première communion, 15 francs après. Vous voyez que ce n’est pas du tout votre public. Du reste, Mère M.-Gabrielle y gagne des demi-pensionnaires accordées par Monseigneur.

Quand la Mère M.-Gabrielle m’eut spécifié des faits heureusement faux, j’écrivis une lettre très vive, du Vigan où je me trouvais encore, à la supérieure des Oblates. A mon retour, j’eus une explication avec la Mère M.-Gabrielle, où je vis avec peine qu’elle s’était monté la tête, comme pour les cours Martin. J’eus aussi une conversation avec la supérieure des Oblates, où je parlais un peu sec. Que fit-elle? A peine fus-je parti qu’elle prit une voiture et alla chez Monseigneur. Celui-ci lui fit bien expliquer qu’elle ne voulait qu’un externat et lui répondit: « Il y a à Nîmes 5.000 filles de plus que de garçons, comme le constate la statistique de l’année. Il n’y a pas d’externat dans le quartier où vous vous établissez; dans le prix fixé par vous, vous ne ferez pas concurrence aux Dames de l’Assomption. C’est un tout autre public. Il y a quatre ans, j’ai écarté le pensionnat des Visitandines, mais je ne puis écarter un externat qui ferait tort soit aux Dames de Besançon, soit à celles de Saint-Maur, et elles regorgent de sujets »(2).

Voilà toute l’histoire. J’avais dit à la Mère M.-Gabrielle de prendre des demi-pensionnaires, mais elle les a voulues de la main de Monseigneur par M. de Cabrières. Et ce qu’il y a de curieux, c’est que Monseigneur a pris sa décision sans m’en dire un mot.

On nous propose 121 élèves nouveaux. Sur ce nombre nous en aurons au moins 80. Croyez-vous que si Mère M.-Gabrielle nous donne de ses prospectus, nous ne lui procurerons pas bien des soeurs de nos élèves? Nîmes n’a pas encore donné; ce sont presque tous des étrangers. Monseigneur ne s’est pas gêné pour prendre des demi-pensionnaires à Saint-Stanislas sans m’en prévenir, et j’ai trouvé la chose toute naturelle. Je l’ai sue par un prospectus qui ne m’a pas été envoyé.

Si j’étais sûr que Le Vigan fera du bien au P. Picard, je l’y appellerais avec bonheur(3). Pour l’été peut-être sera-ce sans inconvénient. Le P. Hippolyte est guéri de son mal de poitrine, depuis qu’il va à l’Espérou et en revient à pied.

Quant à Jules, il est toqué. Je lui ai refusé de l’argent, parce que, s’il porte son affaire à Rome, je veux établir que je ne l’ai aidé ni directement ni indirectement à sortir. Adieu, ma chère fille. Je renonce à quelques courses, à cause de ma fatigue. Pourtant je voudrais présider le pèlerinage de Rochefort, où il y aura 10.000 hommes, dit-on; mais si je n’en puis plus, force sera d’y renoncer. A partir du 18, je suis au Vigan. Mon neveu est père d’une grosse fille depuis hier soir(4).

Bien tendrement vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mère Marie-Eugénie a reçu de Nîmes de nouvelles plaintes au sujet des projets des Oblates (v. *Lettre* 4852) et elle en a fait part au P. d'Alzon (lettre du 4 août).
2. A comprendre sans doute comme suit : "je ne puis écarter un externat sous prétexte qu'il ferait tort aux...alors qu'elles regorgent de sujets".
3. Mère M.-Eugénie s'est dite très inquiète des nouvelles qu'on lui donne du P. Picard. Elle se demande même s'il est guérissable. Elle supplie : "Ordonnez-lui un repos *long et absolu*. Ce n'est qu'au Vigan qu'il peut le prendre en été. Nîmes le tue, ne l'y laissez pas venir" (4 août).
4. Alix de Puysegur, qui vient de naître, épousera en 1894 le comte Christian de Tocqueville.