DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 126

13 oct 1873 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Soeur Marie-Marthe.

Informations générales
  • DR10_126
  • 4894
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 126
  • Orig.ms. ACR, AD 1647; D'A., T.D.24, n.1162, p.197.
Informations détaillées
  • 1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 PELERINAGES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 ROYALISTES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BAYLE, JOSEPH
    2 CHAMBORD, COMTE DE
    2 GIBERTON, MARIE-MARTHE
    2 HANOTAUX, GABRIEL
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 AMERIQUE
    3 LOURDES
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 13 octobre 1873.
  • 13 oct 1873
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Je crois nécessaire que vous m’envoyiez le consentement de vous et de vos conseillères au départ de Soeur M.-Marthe. Vous pouvez en sus, dans une lettre ostensible et que j’enverrai, dire que vous vous adressez à moi, à cause de la mort du supérieur de Paris(1), de mes relations avec la communauté comme supérieur d’une de vos maisons, et de la confiance que m’a témoignée Soeur M.-Marthe. Vous donnerez les vraies raisons, et vous pourrez ajouter que Soeur M.-Marthe ayant paru donner, depuis quelques années, des signes de démence, vous êtes contente de la voir se retirer dans sa famille qui consent à l’accueillir. Vous n’avez pas à parler du voeu de chasteté, à moins que vous ne disiez: « On a observé que Soeur M.-Marthe, qui avait dû se marier en Amérique avec un de ses cousins, avait eu la raison plus troublée à l’époque où le cousin vint passer quelque temps en France ». Il faudrait écrire à Soeur M.-Marthe de m’envoyer une supplique sur papier in 4°:

« Prosternée aux pieds de Votre Sainteté, Soeur M.-Marthe, dans le monde Gabrielle Giberton, sollicite d’être relevée des trois voeux. Les motifs sont:

1°…

2° …

3° ….

Elle signera au bas et m’enverra la feuille; j’y joindrai votre consentement et mon avis. Je pense que cela suffira.

J’ai grand’peur que vous ne traversiez quelques mauvais jours, et, d’après quelques détails intimes et secrets, je ne voudrais pas que vous quittiez Paris avant le 20, afin d’aviser à une fuite de vos filles(2). Espérons, mais la situation est aussi sombre que possible.

Mille fois vôtre.

E.D’ALZON.

Je suis très fatigué du pèlerinage de Lourdes.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. M. Bayle, "le seul ami peut-être qui nous restait dans le conseil" (Mère M.-Eugénie, 29 septembre) était décédé à la fin de septembre.
2. Les lettres du P. Bailly et du P. Picard font craindre une agitation de rue et notamment une explosion d'anticléricalisme à Paris. Tandis que la droite monarchiste, essayant de faire taire ses divisions, recherchait un accord sur une restauration de la royauté, l'opposition républicaine se renforçait (le 12 octobre, quatre élections complémentaires avaient été autant de triomphes pour les républicains), aidée par une propagande active qui dépeignait l'avènement d'Henri V comme un retour à l'ancien régime et à la féodalité : on allait rétablir la dîme, remplacer les maires par les curés! (HANOTAUX, II, p.171-172). Dans les rues, a écrit le P. Bailly, on nous traite de "pèlerins qui ramènent le roi"(13 octobre).