DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 128

18 oct 1873 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Pourquoi Mgr Freppel nous déteste-t-il ? – Le tricolore fleurdelisé – Je ne croirai jamais les pèlerinages inutiles – L’abbé Gay.

Informations générales
  • DR10_128
  • 4896
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 128
  • Orig.ms. ACR, AG 346; D'A., T.D.27, n.341, pp.281-282.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 DIPLOMATIE
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 PELERINAGES
    1 ROYALISTES
    1 SYSTEMES POLITIQUES
    2 ALZON, MADAME EDMOND D'
    2 BARAGNON, NUMA
    2 CHAMBORD, COMTE DE
    2 CHAMBOURDON, FRANCOIS
    2 CHAUDORDY, MADAME
    2 CHESNELONG, PIERRE-CHARLES
    2 FALLOUX, ALFRED DE
    2 FREPPEL, CHARLES-EMILE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 HANOTAUX, GABRIEL
    2 LARCY, ROGER DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 VALAT, PAULINE
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 SALZBOURG
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 18 oct[obre 18]73.
  • 18 oct 1873
  • Nîmes
La lettre

Vous êtes bon, vous, de vous plaindre de notre silence. Où donc se font les nouvelles? Est-ce à Nîmes ou est-ce à Paris? Voyons, qu’avez-vous à répondre? Si c’est à Nîmes, venez-y voir; si c’est à Paris, eh bien, envoyez-en, monstre! N’est-ce pas assez que vous soyez à la source, faut-il que vous ricaniez de ce que nous sommes sans eau? Allons, un peu de patience. Ah! traître! Croyez-vous que nous ne boirons que du vin?

Des nouvelles: ma cousine, Madame d’Alzon, est morte; Mlle Valat est morte; Mme Chaudordy se débat entre une hypertrophie de coeur et une attaque d’apoplexie sérieuse au cerveau. Voulez-vous des nominations de succursalistes et de vicaires? Mais les pèlerinages font peur. Pourquoi Freppel nous déteste-t-il? Je voudrais bien le savoir(1). Moi, je serais tenté de mépriser, mais il m’est absolument impossible de prendre la peine de détester qui que ce soit. Je déteste le péché, qui est quelque chose, mais j’aime le pécheur qui est quelqu’un.

Maintenant, nous avons le tricolore fleurdelisé. Falloux triomphe. O Falloux, eh! bien, je fais un effort, mais je ne te méprise pas, c’est ton péché qui est méprisable(2).

Si cette lettre vous embête!… Si cette lettre vous embête! Eh bien, mettez-la au panier. Non, mon fils, je ne croirai jamais les pèlerinages inutiles. Je vous préviens que je ne mettrai pas le drapeau tricolore fleurdelisé. Cela me fera l’économie d’un drapeau. Tâchez de me savoir ce qu’a de vrai la nomination de l’abbé Gay à Montpellier. Mon fils, je vous embrasse sur les deux joues.

E.D’ALZON.

Si vous êtes ennuyé du Père François, le P. Hippolyte s’en chargera.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. L'évêque d'Angers ne pouvait en effet souffrir ni les Pères de l'Assomption, ni Mgr de Ségur (lettre du P. Bailly du 17 octobre).
2. Le 4 octobre, une réunion des droites avait créé une commission chargée de trouver un terrain d'entente entre les diverses tendances monarchistes, la Commission des Neuf (Le baron de Larcy et Numa Baragnon y représentaient le droite modérée). Aussitôt après cette réunion eut lieu un dîner (Baragnon en était) où l'on chercha une formule conciliatrice acceptable pour les quatre tendances de la commission et pour le comte de Chambord. On crut l'avoir trouvée en prévoyant que le drapeau tricolore serait maintenu et ne pourrait être modifié que par l'accord du roi et de l'Assemblée. Un émissaire, M. Chesnelong, partit pour Salzbourg où, le 14 octobre, il rencontra le comte de Chambord. Il crut l'avoir ébranlé et, à son retour, la Commission des Neuf fit, le 17 octobre, connaître son projet. La clause relative au drapeau était celle qui avait été imaginée au dîner du 4 octobre où M. de Falloux avait joué un rôle déterminant (HANOTAUX, II, p.156-195).