- DR10_173
- 4945
- DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 173
- Orig.ms. ACR, AD 1655; D'A., T.D.24, n.1170, p.203.
- 1 APOSTOLAT DE L'ENSEIGNEMENT
1 COLLEGE DE NIMES
1 ENCYCLIQUE
1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
1 MORT
1 RETRAITE SPIRITUELLE
1 SAINTETE
2 BARAGNON, NUMA
2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
2 BISMARCK, OTTO VON
2 BROGLIE, ALBERT DE
2 BRUYERE, MARCEL
2 CABRIERES, ANATOLE DE
2 CLASTRON, JULES
2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
2 LARCY, ROGER DE
2 MAC-MAHON, PATRICE DE
2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
2 PIE IX
2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
2 REGNIER, RENE-FRANCOIS
2 VIGOUREL, CHARLES
3 ALLEMAGNE
3 MONTPELLIER
3 NIMES
3 PARIS
3 PRUSSE
3 SUISSE - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, 2 janvier [18]74.
- 2 jan 1874
- Nîmes
Bonne année, ma chère fille. Je vous ai fait écrire par la Mère M.-Gabrielle, parce que j’ai été un peu souffrant. J’étais allé voir surtout M. Berthomieu(1), qui allait bien. Hier un télégramme m’apprend qu’il a été administré.
Je compte être à Paris vers la fin de février. Le sacre de M. de Cabrières, qui pourra avoir lieu plus tôt qu’on ne pensait, me retardera peut-être de quelques jours. Je vous ai fait écrire par Mère M.-Gab[rielle]. Ma combinaison serait, je crois, assez bonne, si nous commençons par les basses classes seulement(2). Quant à vous, si vous ne profitez pas du charme de Mère Françoise-Eug[énie], M. de Cabrières passera à d’autres. A vous de voir.
Bonne année, ma fille, pour vous et toutes vos filles. Vous avez bien raison, nous n’avons plus qu’à devenir des saints. Savez-vous que mon évêque fait sa retraite chez les Lazaristes de Paris(3)? Il ira vous voir.
E.D'ALZON.2. Si nous commençons par ouvrir à Montpellier un externat ne comprenant que les basses classes.
3. Pendant que Mgr Plantier faisait sa retraite à Paris, une campagne de presse se déchaînait contre lui. En décembre 1873 en effet, l'évêque de Nîmes avait publié l'encyclique *Etsi multa luctuosa* du 21 novembre, où Pie IX se plaignait amèrement des très graves sévices infligés à l'Eglise par les gouvernements, non seulement en Italie mais aussi en Suisse et en Allemagne. Il avait accompagné le texte pontifical d'une lettre pastorale au titre audacieux: "Le Pontificat des Césars païens ressuscité, avec circonstances aggravantes, par le césarisme moderne". Bismarck s'émut de ces critiques et la Prusse, pleine de l'arrogante assurance que lui donnait sa récente victoire militaire, exigea satisfaction, c'est-à-dire la condamnation par le Conseil d'Etat de la lettre de l'évêque de Nîmes. La presse anticléricale s'en donna évidemment à coeur joie, accusant l'évêque de compromettre la paix internationale. Cependant le gouvernement français, où le baron de Larcy s'était fait le défenseur de son évêque, ne céda pas. Au contraire Mgr Plantier fut l'invité du gouvernement quand, dans la chapelle de l'Elysée, le président de la République remit la barrette aux archevêques de Paris et de Reims (Mgr Guibert et Mgr Regnier), créés cardinaux par le pape le 22 décembre précédent. Sur cette affaire : CLASTRON, *Plantier*, II, p.551-555 et *Semaine religieuse de Nîmes*, 9e année, p.482-485, 529-533, 536.
La lettre de l'évêque de Nîmes faillit jouer un mauvais tour à M. de Cabrières. Ce dernier avait été nommé évêque de Montpellier le 18 décembre. Mais le décret n'avait pas encore paru à l'*Officiel*, quand éclata l'affaire Plantier. Cabrières, secrétaire de Plantier, était-ce le moment de publier sa nomination ? Mais citons ici le biographe de Mgr de Cabrières : "Si la nomination de Mgr de Cabrières fut insérée dans l'*Officiel* [du 23 décembre], ce fut grâce à un stratagème [...] de son ami, M. Louis-Numa Baragnon. Le soir même du jour où s'était tenu le Conseil, le maréchal de Mac-Mahon avait intimé par dépêche l'ordre à M. Baragnon, resté seul au ministère, par suite d'une absence momentanée du ministre, le duc de Broglie, de ne pas faire paraître la nomination à l'*Officiel*. M. Baragnon lui répondit, contre toute vérité : "Il est trop tard, monsieur le Maréchal, le bon à tirer est donné!" - "Ah! f...tant pis! Bonne nuit", fut la réaction du maréchal dans une seconde dépêche. Il était en effet, minuit "(M. BRUYERE, *Le Cardinal de Cabrières*, p.79, Paris, s.d., 1956).