DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 174

2 jan 1874 Nîmes BERARD Léon

Serez-vous mon bâton de vieillesse ? – Travail et prière – L’an prochain, en habit de novice.

Informations générales
  • DR10_174
  • 4946
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 174
  • Orig.ms. ACR, AP 193; D'A., T.D.40, n.2, pp.408-409.
Informations détaillées
  • 1 DEVOTION AU CRUCIFIX
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIEILLESSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
  • A MONSIEUR LEON BERARD
  • BERARD Léon
  • Nîmes, 2 janvier [18]74.
  • 2 jan 1874
  • Nîmes
  • *Monsieur Léon Bérard*
    *faubourg de Nîmes, Montpellier.*
La lettre

Mon bien cher Léon,

Je crois bien que nous sommes faits pour nous entendre. Souvenez-vous de ceci: je compte sur vous. Il y a deux ou trois autres élèves sur lesquels je compterai un jour, mais le premier arrivé sera mon bâton de vieillesse. Souvenez-vous que ce bâton doit être fort, pour que je puisse m’y appuyer; droit, -pour cela je le mettrai quelquefois dans le feu, mais enfin, Dieu aidant, j’en ferai un bon bâton, en attendant qu’on en fasse autre chose.

Vous êtes dérangé! A votre âge, quand on veut, on s’enferme ou l’on va dans une bibliothèque publique et on travaille. Vous êtes paresseux. Ah! voilà le fin mot! Vous n’avez pas commencé à étudier le droit! Mais si vous devez être religieux, vous devrez faire voeu de pauvreté; et si vous faites voeu de pauvreté, à moins d’être malade, vous devrez gagner votre vie à la sueur de votre front. Voilà le devoir religieux.

Nous sommes au 2 janvier, avez-vous commencé à tenir vos promesses? Ne vous faites pas illusion. Si vous me venez, je serai votre maître des novices, un peu sévère, plus sévère que vous ne le pensez peut-être. Il faut vous y attendre. La souffrance viendra plus tard, mon cher enfant, n’en doutez pas.

J’accepte vos voeux de bonne fête et de bonne année, à condition que l’an prochain vous me les apporterez en habit de novice. A propos, faites-vous votre méditation? Ou vos dérangements sont-ils tels que vous ne puissiez passer un moment devant un crucifix, sinon chez vous, au moins à l’église? Je vous souhaite de devenir un homme d’oraison.

Croyez-moi, venez me voir de temps en temps; le plus tôt sera le meilleur. Adieu, bien cher ami. Offrez mes voeux à vos parents et croyez-moi bien tendrement vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum