DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 192

17 feb 1874 Nîmes GALABERT Victorin aa

Les 20 000 francs – La supérieure des Oblates – La mort de Mgr Pluym – Voudriez-vous le P. Alphonse ? – A Montpellier – Une petite révolte.

Informations générales
  • DR10_192
  • 4966
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 192
  • Orig.ms. ACR, AJ 266; D'A., T.D.32, n.266, pp.246-247.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 BULGARES
    1 CARACTERE
    1 GRECS
    1 GUERRE
    1 MORT
    1 NOMINATIONS
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SCHISME SLAVE
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BISMARCK, OTTO VON
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CHICHKOV, FRANCESCO
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DELPUECH, DOMINIQUE
    2 ECOT-DELONGLE, RAPHAEL
    2 IZVOROV, NIL
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PLUYM, ANTOINE-JOSEPH
    2 PUECH, HELENE
    2 PUECH, NATHALIE
    2 ROUDIL, ALPHONSE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VIDAL, ALPHONSE
    3 ITALIE
    3 MACEDOINE
    3 MONTMAU
    3 MONTPELLIER
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 17 février 1874.
  • 17 feb 1874
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Bien cher ami,

Je voudrais du fond du coeur suffire à tout, mais je deviens vieux et j’ai grand besoin de plus de repos que jadis. Il est possible que je puisse encore vous donner les 20.000 francs, mais je n’en ai pas touché le premier sou, et, par conséquent, je n’ai pas pu les prêter à l’évêque plutôt qu’à d’autres. Probablement j’éviterai ce prêt, et ils seront pour vous; mais Alphonse Roudil ne donne rien et le P. Hippolyte m’a fait une scène épouvantable, quand j’ai trouvé que l’on tardait un peu. Ainsi vont les choses. La supérieure générale des Oblates est réellement fatiguée; de plus, je vois avec tristesse son caractère s’aigrir et les pauvres Soeurs en souffrir. Enfin, à la garde de Dieu!

La mort de Mgr Pluym m’afflige profondément. C’était un véritable protecteur pour nous. Qui nous donnera-t-on? Le rapprochement des Bulgares de Macédoine est très important, et je fais des voeux pour qu’il se réalise(1). Comme vous le dites, les préjugés se dissiperont. En attendant que je vous envoie le Fr. Francesco, voudriez-vous le P. Alphonse? Il a eu une petite histoire avec des enfants du patronage, Monseigneur l’a su et me presse de le renvoyer. C’est un garçon de médiocre intelligence, demandant beaucoup de travail, assez bon caractère, facile à vivre, pas querelleur, pas tripoteur. A l’hôpital il ferait bien, et, pourvu qu’on ne le laissât pas seul avec les enfants, je crois que cela irait bien. Soeur Dominique est morte, en effet; la soeur de Soeur Hélène est entrée, mais pourrons- nous la garder? J’en doute; elle est trop épaisse.

Je crois que M. de Bismarck a voulu nous faire peur, mais qu’il ne voulait pas la guerre. En tout cas, pour le moment l’Italie ne veut pas commencer. Mgr de Cabrières sera sacré le 19 mars. Je lui laisse faire un collège de Jésuites à Montpellier, mais il m’accorde en échange une résidence à Montpellier et un alumnat à Montmau. Cette affaire des alumnats prend d’énormes proportions(2). J’espère qu’avant dix ans elle nous procurera 200 religieux au moins.

Adieu, cher ami. Tout à tous.

E.D’ALZON.

Pour vous seul et le P. Athanase. J’ai eu hier une petite révolte aux Oblates, en ce sens que Soeur M.-Raphaël, maîtresse des novices, avait bouleversé quelques têtes en les encourageant. Je lui ai offert de partir. Je présume que cet arrosoir d’eau froide l’a calmée.

Adieu encore une fois!

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Les Bulgares de Macédoine soumis à l'autorité d'évêques grecs désiraient des pasteurs de leur nation. L'exarque bulgare ne pouvait leur en envoyer car le firman qui lui avait été accordé, excluait de sa juridiction les régions mixtes peuplées à la fois de Grecs et de Bulgares. Il le fit tout de même comptant sur la tolérance du gouvernement, mais il dut les rappeler aussitôt. L'un d'eux cependant, Nil Izvorov, crut résoudre la question en demandant à passer à l'Eglise catholique. Dans sa lettre du 31 janvier, le P. Galabert a expliqué toute cette affaire au P. d'Alzon et il a conclu comme suit : "Cette démarche est-elle sincère ? [...] L'avenir le prouvera. Quoi qu'il en soit, il est incontestable que le sentiment religieux est étranger à ce mouvement. Mais il a l'avantage énorme de dissiper les préventions et préjugés contre l'Eglise catholique et de préparer les esprits à accepter plus favorablement son enseignement."
2. On a beaucoup parlé des alumnats dans la réunion de la fin-janvier (v. *Lettre* 4958 n.) et l'on se préparait à essaimer, d'une part pour séparer les élèves des premières années (grammaire) de ceux de deux dernières années (humanités), de l'autre pour créer de nouveaux centres de recrutement.