DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 235

21 apr 1874 Nîmes, PICARD François aa

Alumnistes et novices – Dom Guéranger – Visite à l’archevêque – L’archiconfrérie – L’adresse du congrès au pape – Quand vous serez revenu…

Informations générales
  • DR10_235
  • 5018
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 235
  • Orig.ms. ACR, AF 70 et 78; D'A., T.D.26, n.459 et 467, pp.49-50 et 56-57.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CONGRES CATHOLIQUES
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 NOTRE-DAME DES VOCATIONS
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 SEMINARISTES
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 BAILLOUD
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BRUN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CHEVREUSE, MADAME de
    2 DES CARS, MADAME
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 GERMER-DURAND, JOSEPH
    2 GUERANGER, PROSPER
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 MARQUIGNY, EUGENE
    2 MERCURELLI, FRANCESCO
    2 PARIS, PHILIPPE COMTE DE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 TURINAZ, CHARLES-FRANCOIS
    3 EAUX-BONNES
    3 LYON
    3 MONTPELLIER
    3 NICE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, EGLISE NOTRE-DAME DES VICTOIRES
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 21 avril [18]74.
  • 21 apr 1874
  • Nîmes,
La lettre

Bien cher ami,

J’écris au P. Brun d’aller vous rejoindre(1). Quant au Père Hippolyte, il me fait faire ses commissions par le Père Emmanuel, à qui il écrit(2). Le P. Alexis est aujourd’hui au Vigan, d’où il ramènera nos enfants à l’alumnat des humanités(3). Nous avons deux novices venus de Paris, deux séminaristes, j’en attends quatre autres. J’ai écarté un diacre. Faites prier pour avoir quelques jeunes prêtres; ils nous font bien défaut.

Je crois que si Montpellier veut donner une lettre, ce sera beaucoup. Quant à Nîmes, il n’y faut pas songer(4). Paris tourne sa fureur contre Dom Guéranger. Il y a, à propos du Bref à Mme des Cars et Mme de Chevreuse(5), toute une énorme campagne engagée. Dom Guéranger, pour justifier Mme de Chevreuse tancée d’importance par l’archevêque, a proclamé, au nom du troisième chapitre de la Constitution de l’Eglise, le droit immédiat du Pape sur tous les fidèles et le droit des fidèles de communiquer directement avec le Pape. De là fureur archiépiscopale contre Dom Guéranger et l’Univers. J’avais vu l’archevêque très gracieux pour moi; nous fûmes interrompus par le comte de Paris. Je restai sur ce goût. Je maintins contre Bailloud(6), qui voulait aller seul, l’obligation pour le bureau d’aller chez l’archevêque. Je l’avais dit à celui-ci. Nous y allâmes. Il n’y eut de grâces que pour moi. L’archevêque déclara que, du premier coup, il avait vu l’immense utilité des Congrès. Quant à la demande en archiconfrérie, Nîmes n’y est pas très favorable, par la faute du P. Hipp[olyte] et du P. Raphaël. Ce serait trop long à expliquer. Les gens qui ne veulent pas se maintenir sur un certain terrain sont terribles pour tout gâter. Enfin, patience.

Tâchez, si vous le croyez utile, de faire savoir que c’est moi qui ai rédigé l’adresse du Congrès au Pape et qui y ai parlé du développement des conséquences pratiques du concile du Vatican(7). Si la réponse n’est pas faite, Mercurelli aura une belle thèse à développer(8).

Je mourrai d’envie de vous voir, à votre retour. Pourtant, peut-être ferez-vous bien de faire un tour à Paris, aller aux Eaux-Bonnes, venir à Nîmes. La Mère Marie-Gonzague vous offre un lit pour le Congrès qui se tiendra à Lyon, fin-août(9). De là, nous règlerons votre saison d’automne et d’hiver. Vous pourrez dire, si vous parlez de l’Archiconfrérie, que l’évêque de Nîmes est en tournée(10). N’oubliez pas l’opposition de Turinaz. Mais j’ai fait offrir au Pape de mettre à Nice quelques jeunes Italiens ayant la vocation ecclésiastique. Ce sera peut-être un moyen d’avoir l’Archiconfrérie. Notez que ce sont les Jésuites qui m’ont fait faire l’adresse. Etait-ce pour ne pas se compromettre ? Etait-ce pour me faire une amabilité ? Quand je demandai pourquoi cet honneur, le P. Marquigny me répondit : « Parce que vous êtes le P. d’Alzon ». Ne vous servez de ceci qu’autant que ce sera utile, en dehors de ma personnalité.

Tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Picard quittera Nîmes pour Rome le 28 avril. Le P. Brun le rejoindra à Rome, où les pèlerins ont rendez-vous pour le 4 mai. Sur ce pèlerinage : *Pages d'Archives*, 3, p.200-201.
2. Depuis quelque temps des heurts se sont produits entre le P. d'Alzon et le P. Hippolyte sur des questions d'économat, de noviciat, d'oeuvres. Il semble que lors du "capitule" de janvier (v. *Lettre* 4958 n.), le P. d'Alzon ait témoigné au P. Hippolyte une froideur inhabituelle et montré qu'il était disposé au besoin à se passer de lui. Voici en effet ce que le P. Picard a écrit le 4 février : "....les adieux du P. Hippolyte ne me quittent pas. Je vous en supplie, mon bien cher Père, ne brisez pas le roseau, il a besoin que vous le souteniez. Une résolution prise sans un mot de vous ne serait utile ni pour l'Assomption ni pour ce bon Père." Le 8, le P. d'Alzon lui répondra qu'il le croit apaisé (*Lettre* 4960). Notre lettre montre que l'apaisement n'est pas parfait. Il en sera ainsi jusqu'à ce que le P. d'Alzon nous apprenne que le P. Hippolyte "après avoir été très gêné avec moi, s'est dégonflé" (*Lettre* 5114 du 15 octobre).
3. Ici, appel de note renvoyant à ces mots : * Le P. Alexis renouvellera de ma part mon invitation pour Rome.* : au P. Hippolyte, qui l'a déclinée une première fois (v. *Lettre* 5011).
4. Pour l'érection de l'Association de N.D. des Vocations en archiconfrérie.
5. Le P. Germer raconte cette histoire au P. Picard le 16 avril. Mmes de Chevreuse et des Cars avaient demandé au pape par l'intermédiaire du nonce une indulgence pour une oeuvre. Le bref arriva mais quand ces dames s'adressèrent au cardinal Guibert pour l'*imprimatur*, elles furent fraichement reçues : en passant par dessus la tête de l'archevêque, elles en avaient bafoué l'autorité, on reconnaissait là d'ailleurs la main des prétendus Augustins de l'Assomption qui voulaient faire tomber N.-D. des Victoires etc., etc.
6. Président du Comité catholique de Paris.
7. Texte de cette adresse dans *Assemblée générale...*, p.392-393 et dans *R.E.C.*, t.7, p.8-9.
8. Ce qui suit a été considéré par les T.D. comme une lettre différente, qu'ils dataient de *Nîmes, juillet 1874*. Mais le retour dont parle le P. d'Alzon est le retour de Rome et cette lettre sans entête n'est que la suite de la lettre du 21 avril qui, elle, est sans signature. Les quatre pages de la première partie sont remplies et les deux pages de la seconde sont écrites sur un papier du même format et de la même qualité que celui de la première. De plus, dans la seconde partie, le P. d'Alzon revient sur des sujets déjà abordés dans la première.
9. Congrès de l'Union des Oeuvres catholiques ouvrières (24-29 août).
10. Ce qui expliquera son silence à ce sujet ...