DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 267

18 jun 1874 Nîmes GALABERT Victorin aa

L’orphelinat – Acquérir l’initiative que les autres n’ont pas – « Je fais mieux que les autres » – Les circulaires – Le bulgare et le russe – Notre future propagande en Russie.

Informations générales
  • DR10_267
  • 5052
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 267
  • Orig.ms. ACR, AJ 274; D'A., T.D.32, n.274, pp.256-257.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 BULGARES
    1 CIRCULAIRES DU PERE D'ALZON
    1 CLERGE
    1 ITALIENS
    1 LANGUE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 ORPHELINATS
    1 PUBLICATIONS
    1 REVENUS DE PROPRIETES
    1 RUSSES
    1 SEMINAIRES
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 GRECE
    3 MACEDOINE
    3 RUSSIE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, 18 juin [18]74.
  • 18 jun 1874
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Je réponds à votre lettre du 5 juin. Entendu comme vous l’entendez, l’orphelinat est chose très faisable(1), et je vous promets les premiers 6.000 francs, dont je pourrai disposer. Vous les auriez déjà, sans une des habiletés du bon P. Hippolyte. Enfin, différons jusqu’au mois d’octobre, et cherchez d’ici là pour pouvoir être prêt, quand les 6.000 francs le seront. Croyez que je vous les donnerai avec un très grand bonheur.

Parlons de la seconde partie de votre lettre, de votre jugement sur le clergé italien. Je fais copier cette partie par le P. Alexis, mais il faut la tenir très secrète. La conclusion manifeste pour moi est qu’il faut faire sans dire, profiter de ce que ne font pas les autres, surtout sans s’en vanter, rechercher par quel moyen surnaturel on peut acquérir l’initiative que les autres n’ont pas, et peu à peu prendre pied où les autres ne l’ont pas pris. Pour cela, avant tout, une très grande sainteté nous est [une] nécessité, car rien n’est subtil comme la tentation qui nous pousse à dire: « Je fais mieux que les autres ». Quand vous m’écrirez sur ce très grave sujet, ayez la bonté de le faire toujours sur une feuille séparée. Vous n’êtes pas obligé de la remplir, mais ce sont des notes que je tiens à conserver d’une écriture un peu moins illisible que la vôtre ou la mienne.

Avez-vous reçu mes circulaires aux capitulants? Je les fais adresser à vous et au P. Athanase. Quand vous pourrez savoir quelque chose sur la possibilité d’un séminaire entre la Grèce et la Macédoine, vous me ferez grand plaisir de me le dire.

Autre question très importante. Y a-t-il une différence profonde entre le bulgare et le russe? Un Bulgare peut-il facilement lire le russe? Ou les dialectes sont-ils aussi différents que le français, l’italien et l’espagnol, quoique sortis d’une souche commune? Je vous prie de me répondre un peu longuement, si vous le pouvez, là-dessus. Supposé qu’on eût une imprimerie et qu’on voulût faire des publications, que faudrait-il préférer, le russe ou le bulgare? Si le russe était assez facile à comprendre par les Bulgares, vous comprenez que je préférerais le russe, en vue de notre future propagande en Russie que je ne perds pas de vue(2).

Totus tibi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Il ne serait pas possible de trouver des élèves capables d'entrer dans un alumnat de type français, l'instruction primaire n'étant pas assez développée, a expliqué le P. Galabert, le 5 juin. Il faut donc les prendre plus tôt.
2. L'obsession de la Russie! De nombreuses lettres du P. d'Alzon en témoignent pendant le concile ou immédiatement après (par ex. *Lettres* 3902, 4094, 4102, 4121, 4190...). Depuis lors la préoccupation semble moins lancinante. La *Lettre* 4677 de 1872 montre pourtant qu'elle existe toujours. La *Lettre* 5049 et la nôtre le confirment.
Nous n'avons pas trouvé, dans les lettres de 1874, une réponse aux questions du P. d'Alzon sur la langue russe. Lettre perdue ?